« Le Monde » et les propriétaires de médias

Milliardaires et médiavores


Le dernier avatar de la crise au « Monde » incite à rappeler une vérité prosaïque : une grande partie des médias français est contrôlée par une dizaine de milliardaires.

Qu’ils soient ultra-riches, comme Bernard Arnault (dont la fortune dépasse les 100 milliards de dollars), ou plus petits joueurs, ces amis de la transparence gagnent surtout de l’argent dans des activités plus lucratives que la presse… et souvent au sein de marchés régulés par l’Etat.

Ce n’est pas un hasard, évidemment, si trois des quatre rois des télécoms (Martin Bouygues, Xavier Niel et Patrick Drahi) ont croqué les médias les plus en vue de la République.

Comme l’a brillamment démontré Xavier Niel, rien de tel qu’une participation dans un journal aussi réputé que « Le Monde » pour être traité par le pouvoir en place avec déférence.

Jean-Luc Lagardère et Serge Dassault avaient naguère compris qu’un marchand d’armes dépendant des commandes publiques avait tout intérêt à contrôler au moins un journal ou une radio.

D’autant que l’influence politique ainsi acquise permet d’éviter des réformes désobligeantes pour les affaires. Dans l’époque récente, certains de ces patrons ont pesé sur l’abandon de l’imposition à 75 % par Hollande, sur l’amaigrissement de l’impôt sur la fortune ou sur le maintien du CICE par Macron. Et leur puissance les a parfois préservés d’inquisitions fiscales trop sévères.

Hormis l’allemand Bertelsmann (RTL, M6, « Geo », « Capital »,  « Gala », « Voici »…), l’américain Condé Nast (« Vanity Fair », « GQ ») ou encore le français Reworld Media (« Marie France », « Grazia », « Closer », « Biba », « Science et Vie »…), rares sont les groupes de médias sans autre activité que… les médias.

Désormais, parmi les quotidiens et hebdos « nationaux » d’information politique et générale, quatre seulement n’appartiennent pas à des groupes industriels ou financiers : « L’Humanité », « La Croix », « Charlie Hebdo » et, bien sûr, « Le Canard ». Voir le tableau ci-dessous.


Article signé des initiales O. B.-K. Le Canard enchaîné. 18/09/2019


Tableau réalisé par le Canard Enchainé

Les médias « presse » sous mauvaises perfusions !

Le bilan des aides publiques à la presse pour 2016 vient d’être rendu public par le ministère de la culture […] confirmant que comme les années antérieures, ce sont les plus riches qui ont fait main basse sur les plus grands titres de la presse quotidienne nationale, qui se partagent la plus grosse part des aides directes de l’État.

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Enquête sur le système Free

Je ne sais pas si vous aurez le courage de lire l’intégralité de cette enquête, il serait dommage que vous ne fassiez pas tant le « management » de cette entreprise est significatif de l’état d’esprit qui a présidé à l’élaboration de la loi travail–El Khomri. À la lecture de cette enquête peut-être allez-vous comprendre les raisons des différentes manifestations appelant à l’abandon de ce texte.

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Faire sauter le verrou médiatique

Les tentatives de rupture avec les politiques néolibérales se multiplient. Après l’espérance grecque, l’élection imprévue de M. Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, demain peut-être le réveil de l’Espagne… Ces essais ne sont pas toujours transformés, on l’a mesuré à Athènes en juillet dernier. Mais quelques-uns des obstacles sont dorénavant bien identifiés : les marchés financiers, les entreprises multinationales, les agences de notation, l’Eurogroupe, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), la politique monétariste allemande et ses caudataires sociaux-libéraux. Lire la suite