L’attrape tout TF1

Après dix-huit ans sur France 3, le feuilleton Plus Belle la vie, qui décrit, voire devance les changements de mœurs des Français, arrive sur la chaîne privée avec de nouvelles ambitions.

Après des mois d’incertitude, l’emblématique série de France 3 Plus Belle la vie (PBLV) renaît, mais sur TF1. La chaîne, associée à la société de production Newen, promet une série « encore plus belle ». Lundi 8 janvier, à 13 h 40, après le journal télévisé de la mi-journée, sera donc diffusé « le premier épisode de la saison 1 d’une série qui a 18 ans ».

Le créneau de diffusion est plutôt inhabituel et audacieux. Celles et ceux qui suivaient la série originale sur France 3, en particulier les travailleurs, le faisaient en début de soirée, et pourraient être déroutés par ce choix. TF1 le motive par l’effet d’entraînement du journal télévisé : la chaîne pointe une « cible affinitaire avec le 13 Heures », assure Anne Didier, la directrice de la fiction du groupe.

Mais sans doute est-ce miser excessivement sur une seule partie de l’audience, la plus âgée. Les plus jeunes et les actifs pourront toujours se rabattre sur la nouvelle plateforme de la chaîne, TF1 +, lancée ce 8 janvier. La mise en ligne des épisodes de Plus Belle la vie participe de cette « accélération de la stratégie digitale » du groupe. Ce faisant, la première chaîne mise sur un renouvellement du public.

Mais, que les fans de la première heure se rassurent, les ingrédients qui ont fait la réussite du feuilleton restent pour la plupart inchangés. Bien sûr, les anciens personnages, Thomas (Laurent Kérusoré), Luna (Anne Décis), Barbara (Léa François), Jean-Paul (Stéphane Hénon) en verront arriver de nouveaux, comme la commissaire Meïline Liao (Moon Dailly) ou l’avocat Ulysse Kepler (Jérémy Charvet). Il y aura aussi de nouveaux décors, le cabinet médical, la résidence Massalia, le nouveau Mistral, et 50 % de séquences tournées en extérieur, sur une nouvelle place (vous découvrirez pourquoi dès les premières images).

Mais tout ce qui faisait le succès de « l’ancienne mouture » sera conservé, assure Anne Didier, à commencer par « le regard particulier que PBLV a toujours eu sur les sujets de société ». Précarité étudiante ou consentement pourraient faire partie des premiers sujets travaillés…

Il aurait été dommage de tirer un trait sur cette richesse qui a alimenté le débat français. « Plus Belle la vie est la seule série dans laquelle on aborde l’homoparentalité et en même temps la difficulté de changer de frigo en panne, souligne Laurent Kerusoré. On a été les meilleures informations sur l’état du pays pendant dix-huit ans ».


Grégory Marin. Source (Extraits)


Reste à savoir ce que les scénaristes feront de cette série qui du temps de son passage à FR3 collait à la réalité sociale du moment. TF1 va-t-il en faire une apologie à l’individualisme, à la marchandisation, à la dénonciation du communautarisme, à la mise en évidence de la culture de l’entreprise, tout est envisageable avec une chaîne privatisée devant fournir des rémunérations à ses actionnaires. MC