Marina Carrère d’Encausse, s’exprime…

… sur la fin de vie !

L’annonce d’Emmanuel Macron vous réjouit-elle ?
Enfin, un texte est annoncé, avec un calendrier, tout cela s’ancre dans la réalité. Je suis très satisfaite que ce texte existe, et qu’il n’y en ait qu’un, rassemblant la création de l’aide à mourir et la stratégie de développement et de renforcement des soins palliatifs. Distinguer les deux pourrait revenir à les opposer, ce qui est toujours contre-productif.
« Avec ce texte, on regarde la mort en face », a dit le président, qui évite pourtant les mots « euthanasie » et « suicide assisté », et rebaptise les soins « palliatifs » en « soins d’accompagnement ». Êtes-vous d’accord ?
Si c’est mieux, pour lui, de ne pas prononcer ces mots, ça ne me pose pas de problème puisque, dans les faits, son projet consacre bien un mélange de ces deux modalités : celle du suicide assisté, puisque c’est la personne elle-même qui s’administrera le produit, à moins qu’elle ne soit pas en mesure de le faire, auquel cas un tiers ou un soignant prendra le relais. Les mots précis importent peu, la seule chose qui compte, c’est que ce soit inscrit dans une loi et que les gens qui le veulent puissent y recourir. Oui, je crois qu’en acceptant enfin de légiférer, on fait entrer la mort dans la vie de tous les jours, on cesse de la nier, de la cacher dans les hôpitaux où meurent tant de gens qui voudraient mourir chez eux. Le fait que l’aide à mourir puisse être apportée selon les cas à domicile, à l’hôpital ou dans les Ehpad me semble très important. Les débats parlementaires à venir vont pouvoir explorer les améliorations que l’on peut encore apporter au projet.
Lesquelles, selon vous ?
Je préférerais que le patient puisse choisir, même s’il est en capacité de s’administrer la substance, de demander au médecin de le faire, car c’est un geste difficile. D’autre part, il faudra bien préciser la composition du collège médical chargé de prendre la décision d’accorder ou non l’aide à mourir. Je trouve normal que cette décision revienne au médecin, c’est son rôle et sa place, mais il ne faudrait pas que la collégialité, indispensable, puisse donner lieu à des blocages liés à des positions personnelles de certains.

Il faut que les soignants qui décident connaissent le patient et sa maladie. À ce titre, plutôt qu’une liste de pathologies ouvrant le droit à l’aide à mourir, il serait plus judicieux d’examiner les situations individuelles de chaque patient, en fonction de sa maladie, de son espérance de vie, de ses souffrances. Chaque cas est unique.


Court extrait d’un article signé Juliette Bénabent – Télérama, recueillant les propos du médecin et animatrice du “Magazine de la santé”, très impliquée sur cette question cruciale,


2 réflexions sur “Marina Carrère d’Encausse, s’exprime…

  1. bernarddominik 12/03/2024 / 15h20

    Macron exclue certains cas pourtant dramatiques et irréversibles : la paralysie totale qui empêche le malade de s’exprimer, les maladies d’alzeimer et de charcot. Je ne vois pas au nom de quoi il fait un tri. Il a fortement réduit le projet de la commission citoyenne, il se conduit comme un petit dictateur.

    • tatchou92 12/03/2024 / 21h31

      -J’espère que les débats parlementaires permettront de corriger cette particularité qui me choque aussi : les familles, les représentants légaux devraient être obligatoirement consultés et une commission médicale se prononcer si besoin.
      -Je rejoins Madame Carrere d’Encausse dans son dernier paragraphe : lorsqu’elle dit « … il serait plus judicieux d’examiner les situations indiciduelles de chaque patient, en fonction de sa maladie, de son espérance de vie, de ses souffrances.. »
      – Et les enfants ? Et les personnes qui n ‘ont pas de famille ? Elles ont certainement un tuteur qui gère, qui est rémunéré (jen ai cotoyé de nombreux..) pas touche au grisbi ?

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