Libres jugements

… refoulé à l’aéroport Charles de Gaulle

Il s’était vu refuser l’entrée au territoire allemand le mois dernier. Les autorités françaises ont elles aussi empêché la venue du recteur de l’université de Glasgow.

Le britanno-palestinien Ghassan Abu Sitta a été refoulé, samedi 04 mai 2024, à son arrivée à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle alors qu’il devait témoigner au Sénat dans le cadre du colloque « La France et sa responsabilité dans l’application du droit international en Palestine », organisé par une élue d’Europe Ecologie-Les Verts.

Chirurgien de profession, il avait officié pendant un mois et demi à Gaza, notamment à l’hôpital al-Shifa avec Médecins sans frontière, au début de l’offensive israélienne (octobre 2023). Ghassan Abu Sitta devait raconter son expérience de médecin dans l’enclave palestinienne.

Selon l’AFP, une source policière aurait confirmé qu’une « fiche d’interdiction de l’espace Schengen » a été émise par l’Allemagne, empêchant son entrée sur le territoire français. « La forteresse Europe réduit au silence les témoins du génocide » a ajouté Abu Sitta dans l’après-midi, dénonçant la « complicité (des Européens) pour faire taire les témoins et armer les criminels de guerre ».

Organisatrice de l’évènement auquel le docteur devait participer, la sénatrice Raymonde Poncet Monge a déclaré aux médias avoir été « choquée » lorsqu’elle a appris que son refoulement par la police des frontières, à son arrivée à l’aéroport nord parisien.

« Nous avons été sidérés lorsque nous avons appris la nouvelle ; son téléphone lui a été retiré et il a été placé dans une cellule ; nous avons dépêché des avocats afin de savoir de quoi il en retournait » explique-t-elle en précisant que de plusieurs élus se sont mobilisés pour saisir le bureau du préfet ainsi que le cabinet du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

« Non contente d’avoir interdit son entrée sur son territoire sans prétexte valable, il semblerait que l’Allemagne ait inscrit M. Abu Sitta sur la liste Schengen, ce qui empêche son entrée sur tout le territoire européen », a critiqué la sénatrice en pointant du doigt ce qui représenterait une nouvelle étape dans la répression.

Si elle reconnaît que la France « n’est pas directement responsable » de l’impossibilité pour le britanno-palestinien d’entrer dans l’Hexagone, elle rappelle toutefois le contexte actuel dans lequel le gouvernement participe à réprimer les manifestations de solidarité avec la Palestine.

Un témoignage précieux des atrocités commises à Gaza

À la « veille d’une offensive (de l’armée israélienne) sur Rafah », Raymonde Poncet Monge insiste sur la valeur du témoignage du docteur Abu Sitta, en rappelant qu’il est aussi témoin à la Cour pénale internationale de La Haye. « Il a passé 45 jours sur place, dans la bande de Gaza, explique-t-elle, il a vu les entraves mises pour faire entrer des médicaments, la politique de famine utilisée comme arme de guerre, les énormes difficultés dans lesquelles les médecins doivent travailler : sans électricité, sans eau potable… Il a été témoin de situations qui, en droit international, rentrent dans les critères de ce qui pourrait être qualifié de génocide dans le cadre d’actions visant à rendre des conditions d’existence qui mènent à la destruction partielle totale d’un peuple ».

Dans le courant de l’après-midi, la présence d’avocats auprès du Dr Abu Sitta lui a permis de participer pendant quelques minutes en visioconférence à la conférence tenue au Sénat. Il devait toutefois être refoulé vers le Royaume-Uni dans la soirée. À l’appel du collectif de soignants Les blouses blanches pour Gaza, un rassemblement a eu lieu ce samedi en fin d’après-midi, devant le terminal 2E de l’aéroport parisien.

« Notre réprobation politique est totale vis-à-vis de ce qui s’est passé, et nous allons étudier la possibilité de déposer une plainte : nous avons le droit d’être informés de ce qui se passe à Gaza », conclut la sénatrice Raymonde Poncet Monge.

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Luis Reygada. Source (Extraits)

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