Les services secrets tchèques et polonais ont révélé que des parlementaires européens avaient été payés par la Russie pour diffuser une propagande favorable à Moscou.
Sont pointés du doigt des hommes politiques d’extrême droite allemands et belges, accusés d’avoir touché de l’argent pour donner des interviews en faveur de la Russie au média pro-russe Voice of Europe. Cette information confirme que Poutine est dans une logique de guerre tous azimuts, à la fois militaire et idéologique. Avant-guerre, on appelait ça la « cinquième colonne ».
Souvent objet de fantasmes, la cinquième colonne aurait été composée d’agents secrets déjà introduits dans le pays ennemi et dont les agissements préparaient l’invasion du territoire. En 1940, la cinquième colonne enflammait les esprits, qui pensaient que la défaite de la France avait été causée par des actions menées dans le dos des soldats au front, théorie qui permettait de dédouaner les responsables militaires et politiques français de leurs erreurs.
Pourtant, ce travail de sape a bien existé, comme l’a démontré Max Gallo dans son ouvrage La Cinquième Colonne (1), où il exposait, preuves à l’appui, les agissements d’agents italiens au service de Mussolini, dans les années qui précédèrent la guerre.
Contrairement à ce que montraient les films hollywoodiens de l’époque, l’action de la cinquième colonne ne consistait pas à saboter des centrales électriques et des usines d’armement, mais plutôt à diffuser une propagande subtile destinée à faire douter le camp adverse, en payant des acteurs de la vie politique, médiatique et économique du pays à envahir, pour que ceux-ci répètent dans les milieux dirigeants des arguments favorables aux puissances ennemies, à savoir l’Allemagne et l’Italie.
Max Gallo cite la correspondance d’un agent de l’Italie fasciste adressée à sa hiérarchie, à propos d’un agent diplomatique anglais qu’il a soudoyé pour diffuser la propagande mussolinienne : « Il a écrit deux livres et une centaine d’articles en faveur de l’Italie. […] C’est un homme intelligent et utile qui sert bien qui le rétribue. […] Il a ses entrées dans toutes les revues et chez presque tous les éditeurs […]. Nous pourrions l’utiliser de mille manières, comme journaliste, comme écrivain, comme conférencier […]. Jusqu’à présent nous lui avons donné cent livres sterling par mois… je voudrais continuer à le rétribuer mensuellement de la même façon ».
Poutine fait exactement ta même chose aujourd’hui avec des responsables politiques européens, des journalistes ou des hommes d’affaires, avec pour objectif de dégrader l’image de l’Ukraine et de ses dirigeants ou de remettre en cause l’efficacité des sanctions économiques de l’Europe contre son pays. Les journalistes et les politiciens prêts à le faire ne manquent pas, il suffit de leur donner des enveloppes bien garnies. Tout s’achète, mais parfois plus facilement avec certains qu’avec d’autres.
C’est à l’extrême droite que Poutine trouve ses plus solides alliés, unis par leur dégoût de la social-démocratie décadente. En France, l’extrême droite déguise sa trahison en se drapant dans le gaullisme, honoré en son temps d’avoir tourné le dos à l’Otan. Mais c’est aussi du côté de la gauche, souvent antiaméricaine, que Moscou peut se tourner. Une gauche prisonnière de schémas hérités de la guerre froide et qu’elle applique aujourd’hui à la lettre, sans tenir compte des enjeux spécifiques au moment historique que nous vivons.
On rétorquera que tes États-Unis ne se sont jamais privés de faire la même chose, en créant eux aussi des réseaux d’influence composés d’intellectuels, d’écrivains, de politiques, relayant dans l’opinion publique leur vision du monde. Reste à savoir comment hiérarchiser nos valeurs. Entre Biden et Trump, qui faut-il préférer ? Entre Poutine et Zelensky, qui faut-il soutenir ? Il y en a qui se posent encore la question.
Ou, au contraire, qui ont déjà choisi mais attendent l’issue de l’affrontement pour connaître le vainqueur avant de dire ce qu’ils pensent vraiment. Dans les époques troublées, préserver son indépendance d’esprit est un exercice inconfortable et périlleux.
Et on retrouve, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, tes mêmes écueils que lorsqu’il faut combattre d’autres formes de totalitarisme, comme, par exemple, l’islamisme : complaisance et lâcheté, idiots utiles et traîtres corrompus. Face à l’arbitraire et à la terreur, les calculs pour s’en accommoder sont plus courants que ceux pour résister et combattre.
Editorial de Riss. Charlie Hebdo.03/04/2024
1. La Cinquième Colonne … et ce fut la défaite de 40, de Max Gallo (Éditions Complexe, 1984 – première édition Pion, 1970).
Si on doit parler de corruption alors non seulement le parlement de l’UE est bien corrompu mais aussi les hauts fonctionnaires à qui les grandes entreprises font de « petits » cadeaux, et que dire des dirigeants qui ont choisi Pfizer et qui refusent de parler des contre parties comme Mme Van der Leyen.
De toute façon la réalité c’est que 77% des français sont contre l’intervention française en Ukraine et 55% contre toute aide non humanitaire à l’Ukraine, même les ukrainiens sont très nombreux à déserter plutôt que faire la guerre à leurs frères russes.
Euh… « freres russes » dis-tu… à un moment donner « Bernard », les affirmations formulées pour ne pas être classées dans les Fake News, doivent citer leurs Sources croisées, l’affirmant officiellement.
Ce conflit n’est pas que l’annexion de territoires d’une part, il est bien d’étendre l’hégémonie d’un état pour s’accaparer ses diverses richesses y compris humaines.
Enfin chacun sait parfaitement qu’un sondage à l’instant T n’a que peu de valeur.
Michel
Il semblait évident que l’éclatement de l’URSS, l’autonomie des nouvelles républiques généreraient de la nostalgie, chez ceux qui détenaient le pouvoir, et des incertitudes chez les « frères ». Pas facile de tirer un trait sur 50 ou 60 ans de soviétisation face à l’Europe de l’ouest..libre..et tentatrice..