Les Belges et l’élection européenne

Belgique, terre de contrastes politique

La Belgique est peu évoquée dans cette période préélectorale européenne. Pourtant, le 9 juin, le pays votera non seulement pour le Parlement européen, qu’il abrite, mais aussi pour les élections régionales et législatives. Premier round, car le 13 octobre se dérouleront les communales et les provinciales. C’est donc une possibilité de chamboule-tout complet, des deux côtés de la frontière linguistique.

Il faut dire que la politique belge est une sacrée salade : il a fallu un an et demi pour former l’actuel gouvernement, coalition de sept partis, allant des socia­listes au centre droit en passant par les chrétiens-démocrates et les écologistes. Soit une sorte de grand bloc central proeuropéen et libéral qui est en danger sur ses flancs gauche et droit.

Pour les législatives, en Flandre, c’est le Vlaams Belang, allié de Marine Le Pen, qui caracole en tête avec 27,4 % des intentions de vote, devant une alliée de Giorgia Meloni, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) créditée de 20,4 %. Soit près de la moitié des voix pour des partis nationalistes flamands dont l’objectif est, pour le premier, la partition de la Belgique et, pour la seconde, une confédération qui laisserait la Flandre se gérer entièrement toute seule.

La N-VA est favorable à l’UE, libérale en économie, partisane d’une politique migratoire dure, mais guère plus que notre loi immigration. Elle est très pro-israélienne, ce qui est un atout à Anvers où vit une importante communauté juive. Son leader, Bart De Wever, a publié un livre sur l’identité, un autre contre le wokisme. Le magazine Doorbraak (« rupture »), qui en est proche, place en couverture la députée N-VA Nadia Sminate, née de père marocain et figure d’une Flandre de droite mais ouverte aux assimilés.

Il faut croire que cela ne suffit pas aux électeurs du Belang, qui représentent la frange la plus intransigeante sur la question de l’immigration, préoccupation première de 43 % des Flamands. Pour faire le buzz, avec quelque succès, la N-VA a décidé de présenter une liste en Wallonie ! Avec en tête l’essayiste libéral Drieu Godefridi, dont la campagne sera axée sur l’orthodoxie budgétaire, l’énergie (il est climatosceptique) et le droit d’asile.

Le système est aussi malmené sur sa gauche par la percée du Parti du travail de Belgique (PTB-PVDA), une sorte de France insoumise qui obtiendrait en Wallonie 14,9 % et en Flandre autour de 10 %. Son slogan : « Le choix de la rupture ».

Un pendant de l’idée défendue par Nadia Sminate : « La polarisation est bonne pour la société. » Certes, les socialistes wallons restent la première force de gauche, leur appareil et leurs barons locaux drainent encore des voix, mais on sent que leur aura est en baisse. L’extrême droite wallonne ? C’est Chez nous, un petit parti crédité d’un peu plus de 1 % des voix, dont le site Internet s’ouvre sur une vidéo de ses chefs aux côtés de Jordan Bardella. Le programme ? « Nos traditions, notre identité et nos valeurs sont bafouées chaque jour par les élites hors-sol ». Cela ne fonctionne guère, contrairement à l’humanisme social chrétien des Engagés, le parti de Maxime Prévot, bourgmestre de Namur, qui est la surprise des sondages.

Un conseil le 9 juin, gardez l’œil sur ce pays étonnant où deux réalités, deux langues, deux cultures coexistent (sans oublier une troisième, la communauté germanophone) et où on trouve encore des citoyens qui se définissent comme… « belges ».


Jean-Yves Camus. Charlie Hebdo. 03/04/2024


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3 réflexions sur “Les Belges et l’élection européenne

  1. bernarddominik 04/04/2024 / 13h58

    Le PT est d’obédience anarchique, il est au pouvoir au Brésil. Mais comme le PCC en Chine a oublié Marx, le PT à oublié Bakounine. La Flandre a toujours été à droite. La Belgique romaine était peuplée de gaulois et les francs parlaient le tudesque plus proche du flamand que de l’allemand. Alors le moins qu’on puisse dire c’est un sacré embrouillamini. L’UE est en déclin, et les gens déboussolés votent pour ceux qui crient fort.

    • Libres jugements 04/04/2024 / 14h21

      Bernard, tu le comprendras aisément, je laisserai la parole aux abonnés belges de ce blog donner leur avis sur ce terrain très scabreux au demeurant.
      Michel

  2. tatchou92 04/04/2024 / 21h44

    Commentaire très personnel :
    -Les villes wallonnes de Namur et de Bouillon , villes très sympathiques, proches de Charleville et Sedan où je travaillais, avant d’émigrer en région parisienne, sont restées dans mon coeur et mon esprit. Nous y allions très fréquemment, avec mes potes, lorsque nos emplois du temps le permettaient, pour danser, faire un bowling, acheter des cigarettes, boire une bière, manger une portion de frites, faire du lèche vitrines.. et faire le plein d’essence.
    C’était propre, fleuri, jolies maisons..rues paisibles..J’espère que rien n’y bougera et qu’elles garderont leur tranquillité légendaire.

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