Les agences de notation…

… font paniquer Macron

Ce sont trois dates que les citoyens ignorent mais qui hantent aussi bien Emmanuel Macron que Bruno Le Maire ou Gabriel Attal. Les 21 et 28 avril et le 2 juin, les trois plus importantes agences de notation, Moo-dy’s, Fitch et Standard & Poor’s, doivent rendre publiques les nouvelles notes qu’elles attribuent aux finances de la France.

Et elles ne s’annoncent pas bonnes. Pour ne pas dire pire.

Ces notes sont évidemment essentielles pour un pays. Ce sont elles qui permettent aux prêteurs de calculer le coût de l’argent que la France va emprunter pour financer son déficit budgétaire. Ce sont aussi elles qui déterminent le niveau du spread – en clair, l’écart des taux d’emprunt – entre les deux économies les plus puissantes de la zone euro, la France et l’Allemagne. En 2023, la France va émettre un montant record de dette, atteignant 270 milliards, dont 159 de nouvelles.

Addition mortelle

Le coût de ces emprunts à dix ans est passé de 0,3 % en janvier 2022 à 3 % actuellement. Pour le moment, les émissions successives de dette française depuis le début de cette année ont reçu un très bon accueil. Mais, si demain les agences de notation dégradent les notes du pays, la facture de la dette – qui a déjà augmenté de 17 milliards en 2022 – va mécaniquement gonfler.

À la veille de ces trois dates fatales, Fitch et Standard & Poor’s accordent un AA comme note à la France, mais avec une perspective « négative », et Moody’s une plus mauvaise note, Aa2, avec cette fois une perspective « stable ». Si la réforme des retraites n’avait pas été adoptée avant le 20 avril, tous les experts sont d’accord sur ce point, la note de la note, Aa2, avec cette fois une perspective « stable ». Si la réforme des retraites n’avait pas été adoptée avant le 20 avril, tous les experts sont d’accord sur ce point, la note de la France aurait été dégradée. Et le coût de sa dette aurait flambé d’autant.

Le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite n’est d’ailleurs pas la seule attente des agences de notation. Pour leurs analystes, la France doit aussi accélérer le redressement de ses finances publiques, et donc réduire ses dépenses. Ce mercredi, chaque ministre va recevoir une lettre lui demandant de réduire de 5 % son budget 2023 et, donc, de proposer à la Première ministre un plan d’économies.

Le précédent britannique

Lundi 17 avril au matin, une première réunion s’est tenue à Matignon. Dans sa présentation, Elisabeth Borne passe aux aveux : « On a des priorités, mais on doit les concilier avec une situation des finances publiques préoccupante. »

Quelques minutes plus tard, Bruno Le Maire met les pieds dans le plat : « L’heure est grave, et les marchés nous regardent. On doit être sérieux sur les finances publiques comme nous l’avons été sur l’âge de la retraite ». Et le ministre de l’Économie d’ajouter : « On doit être aussi sérieux sur la dette. Je ne voudrais pas qu’Elisabeth finisse comme Liz Truss. »

Allusion à l’ex-Première ministre éphémère de Grande-Bretagne, demeurée quarante-neuf jours au 10 Downing Street (du 6 septembre au 25 octobre 2022) et obligée de quitter son poste après une crise de panique des marchés financiers.

Une petite phrase qui n’a provoqué aucun commentaire parmi les ministres présents.

Juste un éclat de rire de Borne.


Article non signé lu dans le Canard enchaîné 19/04/2023


On a trinqué, mais on va en ch… bien plus dans les années à venir ! Pas bien réjouissant ça ! MC


2 réflexions sur “Les agences de notation…

  1. bernarddominik 22/04/2023 / 15h51

    Inexorablement la note de la France se dégrade à la vitesse de l’augmentation de la dette. Et c’est logique: votre banquier hesitera d’autant plus à vous prêter que vous êtes endetté.

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