Diabète : « Peut-être » des réponses !

Chaque année, 15 millions de kilogrammes de glycine sont produits pour l’industrie alimentaire [1], à cause de son rôle d’exhausteur de goût. Mais qui aurait cru qu’un jour, cet édulcorant connu sous le matricule de E640 et présent dans les aliments ultra-transformés deviendrait… l’une des pistes les plus prometteuses pour traiter le diabète de type 2 ?

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Quelques infos utiles – 27 oct 2013

Autour de la santé

1) fréquence et l’incidence des ALD(*) à fin 2012

D’après les résultats du recensement de l’assurance maladie, à la fin 2012, il y avait en France 9,5 millions de personnes du régime général souffrant de maladies chroniques, prises en charge à 100 % au titre des ALD, soit 220 000 de plus sur une année (+ 2,4 %).

Un chiffre en progression régulière et qui touche désormais 16 % de la population, non seulement en raison de son vieillissement, mais aussi par un meilleur dépistage.

L’âge moyen des patients en affection longue durée (ALD) est de 62 ans, mais dépasse 65 ans pour le diabète et les cancers et 70 ans pour l’insuffisance cardiaque ou l’hypertension artérielle sévère. La maladie d’Alzheimer et les autres démences touchent près de 290 000 personnes, dont l’âge moyen est de 83 ans.

En matière de coût, ces affections représentent les deux tiers des dépenses de santé remboursées et l’essentiel de leur augmentation ces dernières années.

(*) ALD – Affection de longue durée

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2) La commission des affaires sociales du Sénat rejette le projet de loi sur la réforme des retraites
La commission des affaires sociales du Sénat, où le Parti socialiste n’est pas majoritaire, a rejeté, mercredi 23 octobre, le projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites. Les groupes socialiste, du Front de gauche et écologiste ont voté contre et les radicaux de gauche se sont abstenus.

Les groupes UMP et UDI-UC se sont prononcés en faveur du texte issu de la commission, réduit à 4 articles au lieu de 52. Le Sénat examinera donc, à partir du 28 octobre, le texte tel qu’adopté de justesse par les députés le 15 octobre, les radicaux de gauche, les écologistes et 17 élus socialistes s’étant abstenus.

La gauche disposant d’une faible majorité au Sénat, il est fort possible que la réforme soit également rejetée en séance publique. Mais l’Assemblée ayant constitutionnellement le dernier mot, la réforme devrait être toutefois définitivement votée par le Parlement avant la fin de l’année.

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Autour de la famille

1) Près d’un quart de la population est constitué de grands-parents. Un enfant sur dix vit dans une famille recomposée
L’INSEE publie deux nouvelles études sur la diversité des situations familiales, une étude sur les grands-parents avec 16 éclairages régionaux et une étude sur les enfants en famille recomposée avec un focus sur la situation à Paris.

Après le baby-boom de l’après-guerre, place au papy-boom. En l’espace d’une décennie, le nombre de grands-parents en France métropolitaine est passé d’un peu plus de 12,5 millions en 1999 à 15,1 millions de personnes en 2011, soit près du quart de sa population. Et l’Insee ne voit pas de ralentissement dans un futur proche. « Les plus jeunes générations du baby-boom sont aujourd’hui quadragénaires« , souligne l’institut.

Avec 8,9 millions de grands-mères contre 6,2 millions de grands-pères, les femmes sont de loin les plus nombreuses. Elles continuent d’accéder à ce statut plus tôt que les hommes – 54 ans contre 56 ans en moyenne –, mais plus tard qu’auparavant. Parmi les personnes âgées de 75 ans ou plus, une sur cinq n’est pas devenue grands-parents, soit parce qu’elle n’a pas eu d’enfant (14 %), soit parce que ses enfants n’en ont pas eu (6 %).

En 2011 en France métropolitaine, près d’un enfant sur trois (29 %) grandit hors du moule familial traditionnel, celui de ses seuls géniteurs.1,5 million d’enfants de moins de 18 ans, soit 11 % du total, vivent dans 720 000 familles recomposées. 940 000 d’entre eux vivent avec un parent et un beau- parent, le plus souvent avec leur mère et un beau-père.

Les 530 000 restants vivent avec leurs deux parents mais partagent leur quotidien avec des demi-frères ou demi-sœurs. 2,5 millions sont élevés dans une famille monoparentale. Paris a plus de foyers monoparentaux qu’ailleurs et moins de familles recomposées.

2) Le Conseil d’analyse économique pour une réforme radicale des aides au logement

En plein débat parlementaire, cette instance chargée d’éclairer le Premier ministre sur les sujets du moment a remis, le 23 octobre, une note commandée par Jean-Marc Ayrault regroupant dix propositions pour une politique du logement plus efficace, dont les grandes lignes sont divulguées par le quotidien Les Echos. Il juge inefficace l’encadrement des loyers tel qu’il est conçu dans le projet de loi sur le logement et l’urbanisme (Alur).

Sceptique sur la disposition phare du projet de loi Duflot, il propose pour limiter les dégâts, alors que le Sénat a justement voté mercredi en première lecture le volet encadrement des loyers d’Alur, de lancer une expérimentation sur quelques territoires avant toute généralisation. Le CAE recommande un système très différent d’Alur, avec la création d’une « régie du logement », financée par un prélèvement sur les loyers et qui serait chargée, à l’image des tribunaux de prud’hommes, d’exercer une gestion « paritaire du logement locatif » et de régler les contentieux entre bailleurs et locataires.

Face au manque d’efficacité du système d’aides au logement, malgré les 16 milliards d’euros qu’y consacre l’Etat, l’étude du CAE prône une réforme radicale visant à remplacer les aides au logement (APL, ALF, ALS) par la possibilité pour les locataires de déduire le montant de leur loyer de leur revenu imposable, dans la limite d’un plafond.

Comme pour l’APL aujourd’hui, le plafond pourrait différer selon la zone géographique et la composition du ménages et, « pour les ménages non imposés, il s’agirait d’un impôt négatif, une aide gérée sous forme d’avances mensuelles par les CAF », précise l’étude. La mesure passant par l’impôt sur le revenu serait plus juste, plus efficace, et réduirait l’inégalité de traitement entre locataires et propriétaires.

Enfin, cette réforme simplifierait considérablement les circuits financiers et diviserait par deux la charge de travail des CAF, qui doivent aujourd’hui gérer et contrôler les aides. Elle aurait toutefois un coût pour l’Etat par rapport aux 16 milliards d’euros d’aides actuelles, de l’ordre de 2 à 4 milliards d’euros selon les plafonds de loyers déductibles.

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Source Annuaire Secu Lettre N°575

AVIS : les informations distillées par cette source, sont maintenant sur abonnements. Je vous recommande de vous y inscrire http://www.annuaire-secu.com/   – MC

Le low cost ajoute de la crise à la crise !

Présenté comme un modèle pour temps de crise, le low cost ajoute en réalité de la crise à la crise : davantage de problèmes de santé, de dégradation des conditions de travail, de pollution…

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CARDIOLOGIE : D’immense progrès …

« L’efficacité des traitements médicaux, les nouvelles techniques chirurgicales et percutanées, les mesures de prise en charge des facteurs de risque (hypertension, hypercholestérolémie, tabagisme, diabète) et de prévention des accidents cardiovasculaires ont fait reculer de manière très importante la mortalité par infarctus du myocarde et par insuffisance cardiaque, les deux pathologies cardiaques responsables du plus grand nombre de décès », se félicite Richard Dorent, cardiologue, membre de l’Agence de biomédecine (direction médicale et scientifique du Pôle stratégie greffe).

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La bataille contre la malbouffe

Excès de graisse, de sel, de sucres, les risques liés aux polluants chimiques… L’industrie agroalimentaire nuit-elle à la santé ? Elle dispose en tout cas de puissants lobbys, actifs auprès des pouvoirs publics. Dans la lutte contre l’obésité et la malbouffe, la bataille fait rage.

Propriété privée. À Bruxelles, l’hôtel Tassel, bijoux de l’art nouveau classé au patrimoine mondial, n’accepte plus les touristes. À quelques encablures du Parlement européen, les volutes de ferronnerie, mosaïque in vitro applique désormais les bureaux du conseil européen de l’information sur l’alimentation (Eufic), faux nez de l’industrie alimentaire. Il n’est pas le seul dans le quartier. Deux rues plus loin, le puissant lobby officiel du secteur, Foot Drink Europe, occupe tout un immeuble. Et le cabinet d’avocats Fleishman-Hillard, l’un des plus influents du monde, et tout proche. C’est vers lui que Foot Drink Europe s’est tourné, en 2010, lorsqu’il a fallu déminer le projet de label « santé » initié par plusieurs députés européens.

Que les accrocs au plat sous vide se rassurent : le projet a été enterré. Il s’agissait d’indiquer sur l’emballage du produit, dans une pastille verte (sain), Orange (pas sain) ou rouge (pas sain du tout), les quantités de graisse, de sel et de sucre contenues dans chaque produit. Impensable ! A force d’invitations à déjeuner dans les meilleurs restaurants de la ville, de conférences d’experts et de publications scientifiques, les industriels ont réussi à convaincre une majorité des 736 élus européens de renoncer à cette idée – pourtant appuyée par une solide étude réalisée en Australie. Exit les feux tricolores, donc, qualifiés de « stigmatisants », « infantilisants » ou « incompréhensibles ».

Les industriels auraient dépensé pas moins de 1 milliard d’euros dans cette bataille. Pour le bien-être général? Eux seuls l’affirment. Les croisés de la santé publique sont moins sûrs. Fléau de la malbouffe et de la sédentarité, l’obésité menace désormais tous les continents. En France, le nombre d’adultes obèses a quasi doublé en vingt ans. Pire : entre 3 et 17 ans, près de 1 enfant sur 5 est déjà en surpoids. Et si rien ne change, 1 sur 3 le sera en 2020.

Or rien ne change, ou si lentement! Dix ans après le lancement du Programme national nutrition santé (PNNS) et ses incontournables « cinq fruits et légumes par jour », le lobby de l’industrie a certes lâché du lest, mais contraint et forcé. Il aura fallu plusieurs aimées de bras de fer avant que les distributeurs de confiseries disparaissent, enfin, des écoles. Idem pour la taxe sur les sodas, appliquée depuis le 1er janvier après moult tergiversations. Quant aux promesses d’aliments prétendument capables de faire baisser le cholestérol ou de renforcer les défenses immunitaires, elles sont actuellement passées au crible par les autorités sanitaires européennes, mais après deux décennies d’un laxisme effarant. 94 % des 4000 déjà analysées se révèlent infondées!

Les industriels ont six mois pour revoir leur copie. Mais, en attendant, d’autres sujets graves restent en jachère. Comme la présence de polluants chimiques dans les produits alimentaires, sur lesquels commencent à sortir des études fiables et indépendantes. Ainsi, on attend toujours une décision sur le bisphénol A, qui tapisse l’intérieur des canettes et des boîtes de conserve : cette substance perturbe le fonctionnement hormonal. Pas d’avancées non plus concernant l’acrylamide retrouvée dans chips et biscuits, ou encore l’aspartame, soupçonnées toutes deux d’être cancérigènes. Il y a urgence pourtant. Publié en mars par le collectif citoyen Réseau environnement santé, un rapport révèle que ces toxiques favorisent l’obésité et le diabète.

Deux fléaux, atribués jusque-là uniquement à l’alimentation et à la sédentarité…

Fort de ses 200 rendez-vous par an auprès des pouvoirs publics, la puissante Association nationale des industries alimentaires (Ania) défend efficacement les intérêts de ses membres. Le documentaire « Les Alimenteurs », programmé sur France 5 le 19 juin, en apporte un brillant aperçu. Il raconte, notamment, l’un des échecs les plus cuisants de la politique de lutte contre l’obésité menée par les pouvoirs publics : la surexposition des enfants aux publicités alimentaires – voir l’interview plus loin de JR Buisson

Des aliments équilibrés : un enjeu pour François Hollande Là encore, les fabricants sont en ligne de mire. En dépit de leurs engagements, leurs investissements publicitaires à la télévision n’ont pas diminué. Au contraire, ils ont augmenté de 20 % entre 2006 et 2020, et plus encore pour les marques plébiscitées par les enfants, comme Ferrero (Nutella, Kinder buena…) ou Coca-Cola, affirme l’association de consommateurs UFC Que choisir. L’analyse est contestée par l’Ania, pour qui les enfants sont moins exposés depuis quelques années. Mais les chiffres fournis par le syndicat ne portent que sur les chaînes jeunesse, comme Gulli. Alors que les gamins dévorent les émissions pour adultes et les journaux télévisés…

Pour le candidat Hollande, les bandeaux sanitaires inscrits sous chaque spot étaient bien loin du compte.« C’est se donner bonne conscience. La législation en la matière devra évoluer », pro­mettait-il à l’Ania, un mois avant la présidentielle. Il abordait alors, dans la foulée, un autre sujet sen­sible : « Le secteur de l’agro-alimentaire ne peut échapper à ses responsabilités au travers des choix de fabrication par l’ajout de graisses, de sel ou encore de sucres. La qualité des produits, l’équilibre nutritionnel des populations sont des enjeux avec lesquels on ne peut pas jouer. » Le président François Hollande fera-t-il mieux que ses prédécesseurs ?

Moins de pubs alimentaires sur les chaînes Disney

Il devra composer, comme eux, avec un autre lobby, aussi puissant que le premier : celui des patrons de télévision, inquiets pour leurs rentrées publicitaires. Le Pr Serge Hercberg, qui pilote le PNNS depuis sa création, se rappelle les attaques virulentes entendues il y a seulement trois ans : « Par votre faute, 19 chaînes dédiées aux enfants vont mourir… Vous allez assassiner la création française ! » Aux États-Unis, pourtant, le groupe Disney vient de montrer l’exemple. Les publicités alimentaires destinées aux enfants seront bannies de ses programmes à partir de 2015 si les produits sont jugés trop déséquilibrés, annonçait le groupe le 5 juin.

A quand la même révolution en France ?

Premier employeur industriel du pays, le secteur agroalimentaire, qui a doté l’Ania d’un budget de 4 millions d’euros, donne le sentiment d’être sur la défensive. Son président, Jean-René Buisson, admet pourtant que les règles du jeu ont changé. Contrairement aux laboratoires pharmaceutiques, les fabricants alimentaires n’ont pas vécu de séisme du type Mediator. Mais ils doivent composer avec les mêmes citoyens, qui écoutent désormais les lanceurs d’alerte – ces scientifiques isolés mais souvent éclairés – et réclament une information loyale, voire contribuent à la produire. Ainsi, 500.000 volontaires (1) consignent actuellement leurs habitudes alimentaires pour l’étude publique NutriNet-Santé, lancée il y a trois ans. Le meilleur moyen, sans doute, de soutenir une recherche indépendante. Et de contrer, au passage, les tentatives de manipulation.

Julie Joly et Estelle Saget

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ON AVANCE

  • Les sodas : plus chers depuis le 1er janvier. Les boissons gazeuses sucrées, les jus de fruits avec sucre ajouté et les laits aromatisés sont taxés de 11 centimes d’euros par bouteille d’1,5 litre.
  • Les fausses promesses marketing : l’Agence européenne de sécurité des aliments oblige les industriels à retirer de leurs emballages, d’ici à décembre, les formules promettant des bénéfices pour la santé mais non étayées scientifiquement.
  • Les distributeurs automatiques : depuis 2005, la loi interdit les machines proposant des confiseries et des boissons dans les établissements scolaires.

ON PIÉTINE

  • Le bisphénol A : ce composé chimique qui perturbe le fonctionnement hormonal devrait être interdit dans les contenants alimentaires (emballages), mais le Sénat ne s’est pas encore prononcé.
  • L’acrylamide : en dépit des engagements des industriels, la quantité de cette substance cancérigène dans certains de leurs produits – chips et biscuits- n’a pas suffisamment baissé, selon l’Anses.

ON RECULE

  • Spots : les enfants sont davantage exposés aux publicités pour les aliments trop gras et trop sucrés. Les fabricants d’aliments ont augmenté leurs inves­tissements publicitaires à latélévision ces dernières années.
  • Les menus à la cantine : ils seront plus équi­librés à partir de septembre prochain. La loi oblige les écoles à servir moins souvent des frites et d’autres plats jugés mauvais pour la santé. Elle bannit les salières sur les tables.
  • Le pain : les baguettes, à base de farine très raffinée, restent trop pauvres en glucides complexes, en fibres et présentent une teneur excessive en sel.
  • Le marquage des aliments : en 2020, le parlement européen a rejeté la signalisation des produits par un feu rouge ou un feu vert en fonction de leurs qualités nutritionnelles.
  • Les aliments trop gras, trop sucrés, trop salés : certains industriels s’engagent à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits en respectant des objectifs chiffrés, mais les progrès restent trop lents.
  • Les bonbons aux caisses des supermarchés: en 2009, la ministre de la Santé avait tenté d’interdire à cet emplacement les confiseries destinées aux enfants, mais cette disposition a disparu du texte de loi.

Ne prenons pas les consommateurs pour des idiots ! »

Jean-René Buisson -préside l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Il défend un secteur qu’il juge attaqué de toutes parts.

Selon vous, l’agroalimentaire fait l’« objet d’un acharnement médiatique sans précédent »…

> Tout à fait. Les gros titres se succèdent : «  Manger tue », «  Du poison dans nos assiettes  », etc. Les industriels se sentent injustement accusés. Croyez-moi, je rencontre tous les jours des consommateurs et ils ne sont pas si inquiets. Au contraire, ils se plaignent de ne plus savoir quoi manger, à cause de ces titres anxiogènes.

Devrait-on moins se soucier des polluants chimiques présents dans l’alimentation ?

>Nos juges de paix, ce sont les agences sanitaires française et européenne. Elles seules ont l’autorité pour dire, par exemple, que vous pouvez utiliser le bisphénol A ou pas. Toutefois, si l’opinion publique n’a plus confiance dans cette substance, ou dans une autre, nous anticiperons le changement de réglementation.

L’obésité inquiète aussi. Peut-on encore encourager les enfants à manger du Nutella ?

> Il n’y a pas de bons et de mauvais produits. Ce qui compte, c’est la quantité et la fréquence auxquelles ils sont consommés. Je peux m’alimenter seulement de pommes et, au bout de deux mois, j’irai mal Si! on considère qu’un produit est dangereux pour la santé, alors il faut être logique et le retirer immédiatement du marché. Pourquoi frapper d’ostracisme le Nutella ?

D’ostracisme, vraiment ? Dans le même registre, émotionnel, vous dites souvent qu’on « discrimine » certains produits, qu’on les « stigmatise ». Il ne s’agit pourtant que d’aliments…

> Je ne prétends pas que nos produits ont une âme ! Je constate simplement qu’ils sont souvent montrés du doigt parce qu’ils sortent d’une usine. Certes, certains ne sont pas géniaux, mais ce n’est pas lié à leur mode de production et leur caractère industriel n’est sûrement pas une raison pour les bannir.

Le secteur agroalimentaire a réussi à éviter que les consommateurs repèrent les produits déséquilibrés par des « feux rouges » sur les emballages. Jusqu’à quand ?

> L’Europe a renoncé à ce système, parce qu’il n’a aucun sens. Des feux rouges culpabiliseraient les consommateurs, au lieu de leur apprendre à mieux manger. Ne les prenons pas pour des idiots. Ils sont capables de lire les étiquettes avec la composition des produits et d’en tirer eux-mêmes les conclusions.

Les industriels respectent-ils leur charte de bonne conduite concernant la publicité destinée aux enfants ?

> Seules trois entreprises font encore de la publicité avant, après, ou pendant les émissions pour enfants. Kellogg’s et Nestlé font la promotion de leurs céréales pour le petit déjeuner, et Danone, de ses petits-suisses. On leur dit d’arrêter, mais bon, c’est leur choix. En contrepartie, l’Ania produit des mini­-programmes qui sensibilisent les enfants à une meilleure hygiène de vie.

Propos recueillis par Julie Joly et Estelle Saget

L’express 13 juin 2012