Il est celui qui a donné son nom à tant de stades.
Adepte de la course à pied, ce natif de Graville-Sainte-Honorine, aujourd’hui un quartier du Havre, prend la direction de Saint-Denis en 1926. Il est favorable en 1934 à l’union des organisations sportives ouvrières et contribue activement à la création de la FSGT, le 24 décembre 1934.
Il en devient le premier secrétaire général. La Fédération omnisports va vite compter plus de 100 000 licenciés et près de 1 800 clubs avant la 2ᵉ Guerre Mondiale. « Il a contribué à développer la démocratisation des pratiques sportives pour le plus grand nombre », souligne Emmanuelle Bonnet-Oulaldj.
En 1936, Auguste Delaune s’impose comme l’un des grands artisans de la campagne contre les Jeux de Berlin et pour les Olympiades populaires à Barcelone. « Il a organisé la solidarité avec les Républicains espagnols et mis en place le rapatriement des athlètes français. » « Le sport lui permet de créer un réseau, ajoute Joris Vincent, maître de conférences à l’université de Lille. C’est ainsi qu’il va réussir à évacuer de nombreux dissidents ou opposants à Franco quand la guerre civile éclate en Espagne. »
Auguste Delaune, nommé Conseiller supérieur des Sports par le gouvernement Blum, cet ancien ouvrier soudeur incarne avec Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État (SFIO) aux questions sportives, une certaine idée du sport durant le Front populaire. « À partir de 1936, l’objectif est de mettre en place une politique de démocratisation du sport pour le rendre accessible à chacun avec un financement important d’équipements sportifs, précise Joris Vincent. C’est l’époque où apparaît la demi-journée de sport, un brevet sportif populaire, le sport scolaire… »
Un héritage que l’on mesure encore aujourd’hui même si de nombreux citoyens ignorent l’action d’Auguste Delaune et sa participation active à la Résistance. « Si de nombreux équipements sportifs, rues ou écoles portent son nom à travers le pays, c’est uniquement parce que des municipalités, à l’image du célèbre stade de football Auguste-Delaune à Reims, ont décidé d’honorer sa mémoire, souligne Emmanuelle Bonnet-Ouladj. Tout son parcours du Front populaire jusqu’à sa mort pour la France durant l’occupation, on aimerait que la République et que le mouvement sportif s’en souvienne. »
Il y a quatre-vingts ans, le 12 septembre 1943, torturé à mort par la gestapo, Auguste Delaune succombait à ses blessures. Il était âgé de trente-quatre ans. Arrêté par la police française au Mans deux semaines plus tôt, cet ancien sportif ouvrier, devenu le premier secrétaire général de la FSGT (1934-1939) et organisateur de Sport-Libre, le seul réseau résistant du sport tricolore qui lutte contre l’occupant nazi et le régime de Vichy, meurt sans avoir livré le moindre renseignement, pas même sa véritable identité.
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