Les bavardages et la misère

L’indécence du spectacle médiatico-politique, de petites phrases en postures, de vaines polémiques en mises en scènes de l’intimité des prétendants au siège présidentiel, contraste cruellement avec le quotidien des millions de salariés, (…)

Alors que le projet de traité transatlantique commence à chanceler sous la pression populaire, l’Union européenne s’est engagée à ratifier ce qui en serait les prémices : le traité avec le Canada (CETA), dans les meilleurs délais, dont le volet agricole fait craindre une nouvelle hécatombe dans les exploitations paysannes puisqu’il permettra d’importer des dizaines de milliers de tonnes de viande bovine et porcine.

Nos gouvernements sont-ils arrivés à ce degré de cynisme pour engager dans de nouveaux drames humains une profession déjà au bord de l’abîme, en sacrifiant à l’autel du libre-échange des pans entiers de notre agriculture et la qualité alimentaire?

C’est ici l’une des dramatiques facettes du malaise civilisationnel que le mot crise ne suffit plus à définir. L’une de ses conséquences est l’absence de dynamique pour porter un réel projet alternatif d’espoir. Le décalage entre les aspirations populaires et l’offre politique atteint son paroxysme. Les contradictions apparentes sont sur-jouées pour attirer dans les filets électoraux le plus grand nombre de citoyens.

Les primaires de la droite offrent à cet égard un exemple édifiant de fuite en avant démagogique et électoraliste. Car au fond, chacun des candidats s’accorde sur une tonalité de campagne en focalisant les débats sur la question identitaire, tout en souhaitant de concert purger les hôpitaux, écoles et collectivités de centaines de milliers d’agents publics, ou encore alléger la fiscalité des plus riches, supprimer l’impôt sur la fortune tout en annonçant une augmentation de la TVA et en invitant aux sacrifices celles et ceux qui ont déjà les plus grandes difficultés à joindre les deux bouts.

Le projet du progrès humain et environnemental doit être placé au cœur du débat public dans un cadre large et unitaire, à vocation majoritaire.


Patrick Le Hyaric  – Député GUE – Source