Que vérité et justice, est droit d’expressions sans censure

La justice s’invite au Conseil de défense sanitaire de Macron


Déclassiflées à la demande des juges, les notes « secret-défense » du Conseil se révèlent d’une grande banalité.

Un passage du « Journal officiel », passé inaperçu, vient de mettre un joli coup de projecteur sur les travaux du Conseil de défense sanitaire, présidé par Macron. Un cénacle où tous les documents sont classés « top secret » ! Alors que le gouvernement se flatte de jouer la transparence sur l’ensemble des données concernant l’épidémie et de « dire la vérité aux Français ».

Le « JO » du 24 février annonce qu’une trentaine de ces documents, produits lors de ces Conseils, vont, à la demande de la justice, être bientôt déclassifiés. Cette paperasse est en effet réclamée, depuis l’automne dernier, par la Cour de justice de la République.

Celle-là même qui instruit les plaintes déposées par des particuliers sur la gestion de la crise du Covid par des ministres, anciens ou actuels, tels qu’Edouard Philippe, Agnès Buzyn ou Olivier Véran.

Le 15 octobre, des magistrats instructeurs ont donc déboulé au ministère de la Santé pour une petite perquisition. Parmi les papiers susceptibles de les intéresser figuraient une trentaine de documents portant le tampon « secret-défense ».

Du coup, impossible de les lire avant d’avoir obtenu le feu vert de la Commission du secret de la Défense nationale.

C’est désormais chose faite, et, à découvrir les intitulés des pièces concernées tels qu’ils figurent dans le « Journal officiel », on comprend mal pourquoi ces documents étaient si sévèrement protégés. Il s’agit, pour l’essentiel, de notes hebdomadaires émises par le directeur général de la Santé sur la situation épidémique ou d’inventaires des stocks stratégiques de masques FFP2 et chirurgicaux durant la période 2008-2016.

Le contenu de la plupart de ces docs classifiés n’a vraiment rien de mystérieux. Le détail des anciens stocks de masques, par exemple, a été communiqué aux commissions d’enquête de l’Assemblée et du Sénat qui ont bossé l’automne dernier sur la crise du Covid. Et les rapports parlementaires (consultables sur Internet) fournissent tous les chiffres.

Cour martiale

En créant son Conseil de défense sanitaire, en mars 2020, Macron a tenu à le soumettre à la règle du secret régnant dans les autres Conseils de défense consacrés au risque terroriste, à la guerre au Sahel ou au péril atomique.

Le Président est si féru de ce mode de fonctionnement que les participants n’ont le droit de prendre des notes que sur des blocs-notes marqués du sceau « secret-défense » en lettres rouges. Et le chef de l’Etat veille au grain : à l’automne, ayant constaté des fuites dans la presse, il était entré dans une colère noire et avait rappelé solennellement aux participants les sanctions prévues par le Code pénal.

La cour martiale n’était pas loin…


Isabelle Barré et Hervé Liffran – Le Canard Enchainé – 03/03/2021

3 réflexions sur “Que vérité et justice, est droit d’expressions sans censure

  1. jjbey 07/03/2021 / 9h47

    Guerre, ton martial, dictats surpassant la loi au travers des décrets…
    Tout cela pour accréditer l’idée que la privation de liberté était un moyen utile pour vaincre le COVID-19.
    Les contradictions permanentes depuis le début de la pandémie ne sauraient cacher une politique de santé axée sur la rentabilité et la suppression de milliers de postes et de lits hospitaliers ces dernières années.
    Cette politique est la première cause de décès et que des citoyens se hasardent à former un recours n’a rien de surprenant.
    Vous qui avez pris de décisions contraires à l’intérêt général, expliquez-vous devant la justice qui rend, ne l’oublions pas ses décisions « au nom du peuple français ».
    Ce qui reste à vérifier.

  2. Pat 07/03/2021 / 11h08

    Les actes parlent par eux-mêmes.

  3. Danielle ROLLAT 07/03/2021 / 16h28

    Nous ne sommes ^ni des pantins ni des girouettes.

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