Boomerang !

Et une crise de plus, une ! […]

Macron, […] qui avait, en théâtralisant son départ pour l’Ukraine, [juste avant le deuxième tour des législatives] demandé aux électeurs une majorité « claire et solide » a été mal entendu. C’est une « solide » baffe qu’il a reçue, et, avec 44 sièges manquants, il est « clair » que sa majorité est loin d’être absolue !

« Clair » aussi pour plus d’un, dont certains dans ses propres rangs, que, cette crise, il ne l’a pas volée non plus.

Il n’est en tout cas pas le seul touché.

Du président de l’Assemblée à celui du groupe de la majorité, en passant par trois ministres qui, à peine nommés, ont dû démissionner, le fracas des résultats a aussi fait en Macronie, où l’on ne s’y attendait pas, de sérieux dégâts.

Même l’emploi du temps est cabossé, du Conseil des ministres ajourné au lancement du bien nommé Conseil national de la refondation reporté sine die. Et Macron se retrouve désormais contraint de chercher chez ses adversaires ce qui lui manque de majorité pour gouverner un pays menacé de blocage et sérieusement fracturé. Ce qui est loin, très loin d’être gagné, tant à droite [qu’]à gauche les adversaires en question, qu’aux temps jupitériens il s’est employé à méthodiquement dézinguer, entendent savourer sa déconfiture majoritaire. Et lui faire payer, au prix fort, le moindre soutien dont il n’a pas fini d’avoir besoin.

En attendant des jours meilleurs entre trois déplacements européens, le chef de l’État essaie, tel Mitterrand, de « donner du temps au temps» pour en gagner et observer ses adversaires.

Avant même que les ambianceurs de LFI, qui ne sont plus 17, mais 72, aient commencé les shows annoncés dans l’hémicycle, les rangs de la Nupes n’ont pas tardé à s’agiter.

A peine reçu, en étant élus, le prix de leur soumission aux Insoumis, les éléments du PS, du PC ou des Verts ont été prompts à tenter de reprendre un peu de distance par rapport aux diktats de Mélenchon sur un groupe commun ou une motion de censure.

Macron table aussi sur les errements de l’extrême droite, qu’il prétendait « éradiquer » et qu’il retrouve comme premier groupe d’opposition à l’Assemblée. Ou sur les contradictions des Républicains, qui, après avoir répété qu’il avait « photocopié » leur programme, disent vouloir l’empêcher de l’appliquer. Il a reçu un à un, à l’Elysée les représentants de chacun des partis concernés.

Il a refusé la démission, pourtant très demandée, et pas seulement par ses opposants, de sa Première ministre, Élisabeth Borne. Ce qui, le temps du remaniement, lui fournit un délai supplémentaire pour trouver un moyen de contourner l’obstruction annoncée.

Il mise aussi sur le vote avant l’été des mesures sur le pouvoir d’achat, réputées populaires, qu’il sera difficile à ses adversaires de refuser.

Mais, il va falloir trouver mieux au Président des crises pour se sortir de celle-ci, qui ne fait qu’uniquement commencer. Lui qui ne se dit jamais meilleur que dans l’adversité pour s’en sortir est en position de devoir le prouver sans tarder.

En essayant de reprendre la main, après l’avoir si sèchement, dimanche dernier, prise dans le nez.


Éditorial d’Erik Emptaz. Le canard Enchainé. 22/06/2022


Une réflexion sur “Boomerang !

  1. bernarddominik 23/06/2022 / 17h34

    Que eelv ou le ps préfèrent constituer un groupe parlementaire, ça se comprend. Mais avec 12 élus le pcf est loin du compte en refusant de faire un groupe avec la FI il laisse au RN la présidence de la commission des finances, et perd les avantages liés aux groupes: temps de parole amendements…

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