Saint-Etienne se fait tirer les oreilles. Tout avait pourtant bien commencé.
Ce devait être une première en France. Début 2019, la ville de Saint-Etienne (Loire) annonce le déploiement d’une cinquantaine de « capteurs sonores » dans les rues du quartier prioritaire Tarentaize-Beaubrun (7.600 habitants).
Officiellement, à des fins expérimentales.
L’objectif de ces « micros intelligents », qui s’ajoutent aux 300 caméras de vidéosurveillance déjà implantées ? Alerter automatiquement la police municipale à la moindre « anomalie sonore ».
Explosion, accident, klaxon, bris de vitre, coup de feu, cri… : une douzaine de bruits suspects, dûment définis par les instigateurs de cette « expérimentation », seront détectés en temps réel pendant six mois. Puis on avisera…
Pour mener à bien ce flicage auditif la municipalité LR s’est associée à une start-up locale au doux nom de « Serenicity », spécialisée dans la « tranquillité urbaine ». La preuve : en 2018, le fabricant d’armes stéphanois Verney-Carron, concepteur du célèbre Flash-Ball, en est devenu l’actionnaire majoritaire.
Des pros de la sérénité… « Ce dispositif ce n’est pas Big Brother, affirme, en mars 2019, Fabrice Koszyk, directeur général de Serenicity. D’un point de vue législatif à partir du moment où l’on n’enregistre rien et que l’émetteur du son ne peut être identifié, on peut faire ce que l’on veut » (« Le Parisien », 1/3/19). Rassurant, tout cela. La start-up assure même avoir le « feu vert » de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Passer entre l’écoute. Patatras ! celle-ci ne l’entend pas de cette oreille.
Fin octobre, elle adresse, après enquête, un « avertissement » à la métropole stéphanoise : ses « oreilles intelligentes » sont illégales. Elles comportent « des risques de plusieurs natures pour les libertés ». Non seulement des données « sensibles » (telles que les opinions politiques, les convictions religieuses, la santé, la sexualité) pourraient être captées lors des conversations sur la voie publique, mais cette audio-surveillance est « susceptible de porter atteinte à d’autres droits fondamentaux », notamment celui de la liberté d’expression, de manifestation et de circulation : « Les personnes concernées pourraient être amenées à altérer leur comportement, par exemple en censurant elles-mêmes leurs propos (…) ou encore en modifiant leurs déplacements. » Résultat : plouf !
Pas grave.
Si la ville de Saint-Etienne a officiellement renoncé à installer des oreilles high-tech dans les quartiers chauds, d’autres s’y intéressent. « La surveillance audio va s’amplifier », prédit Martin Drago, juriste à La Quadrature du Net. « Les industriels ont besoin d’un cadre législatif pour développer leurs technologies. Et la future loi Renseignement, prévue à l’été prochain, pourrait la leur fournir »
En ligne de mire, les « vitrines technologiques » que constitueront la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques en 2024.
Depuis des mois, des villes hôtes s’intéressent justement à des dispositifs d’audio-surveillance, comme Paris, Marseille et Lyon. A bon entendeur, comme on dit…
Professeur Canardeau. Le Canard enchaîné. 15/01/2020
Méditation : où Commence et s’arrête la liberté ?
Caméras micros reconnaissance faciale. On est surveillés suivis à la trace. Le motif avancé: la sécurité, montre bien l’échec de l’éducation, du vivre ensemble. La société de consommation laisse trop de personnes sur le côté, et n’est visiblement pas la panacée.
Les voies de dieu sont impénétrables, pas notre intimité……………
et puis quoi encore des robots ..où sera ce qu’il reste d’humanité?