Défendre l’Info…

Face aux censures et à l’opacité, défendre la liberté et l’indépendance de la presse 

« Le rouleau compresseur de l’extrême droite politico-médiatique décide désormais des contours de la liberté d’expression. » Ces mots d’Ellen Salvi disent bien le désolant spectacle de l’audiovisuel public ces dernières 24h. France Inter a suspendu de son antenne l’humoriste Guillaume Meurice pour avoir répété une blague que la justice n’a pas jugée condamnable, tout en se désolidarisant de la journaliste Nassira El Moaddem, victime de harcèlement raciste de la part de l’extrême droite, entretenu par les médias de la bollosphère, selon une mécanique déjà documentée par Mediapart. Drôle de façon de célébrer la journée mondiale de la liberté de la presse, vendredi 3 mai.

Dans le même temps, France Inter a décidé de supprimer l’émission La terre au carré, en pointe sur l’écologie. La direction de France Inter souhaite « faire évoluer le format de l’émission et lui donner une autre narration ». Ironie du calendrier, ce même vendredi 3 mai, l’Unesco a révélé une étude où 70% des journalistes traitant de l’écologie interrogés disent avoir déjà été la cible « d’attaques, de menaces ou de pressions ». Comme la journaliste bretonne Morgan Large en France, physiquement menacée pour avoir dérangé les lobbies agroalimentaires

Le rapport de l’Unesco alerte sur un autre phénomène qui, qu’il s’agisse d’écologie ou de tous les autres sujets d’intérêt général, pourrait tuer le droit à l’information : l’autocensure. Le journalisme est une affaire de courage et de résistance aux intimidations, mêlant approche critique et doute permanent face aux opinions majoritaires, aux airs du temps dominants. Depuis sa création, Mediapart s’est toujours rangé du côté de la définition de George Orwell : « le journalisme consiste à publier quelque chose que quelqu’un d’autre préfèrerait garder secret : le reste n’est que relations publiques. »

La seule arme de la presse pour se défendre face aux menaces qui pèsent sur elle reste son indépendance et sa quête de transparence, honnête et rigoureuse. Notre attachement à ces valeurs est consubstantiel de l’engagement de Mediapart. C’est en leur nom que notre journal a choisi de ne pas accepter l’argent que nous doit Google au titre des droits voisins, mais avec l’interdiction d’en communiquer le montant, ainsi que l’a expliqué en début de semaine notre présidente Carine Fouteau à nos lecteurs. En toute transparence et indépendance, bien loin des relations publiques et de leurs conventions.


Lénaïg Bredoux et Valentine Oberti. Médiapart. Source


3 réflexions sur “Défendre l’Info…

  1. bernarddominik 04/05/2024 / 14h24

    La chasse aux sorcières sur radio France et France télévision est très inquiétante sur la liberté et l’indépendance du service public. Goebbels n’est pas loin.

  2. tatchou92 04/05/2024 / 21h20

    Serions nous revenus en 1968, époque où il y avait un Ministre de l’Information… Les journalistes de l’ORTF virés, doivent s’en rappeler…

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