La présidente du Front National a déclaré mardi au Monde qu’elle « espérait la victoire » de la coalition d’extrême-gauche en Grèce. Une déclaration qui sert sa stratégie électorale, explique aux Echos le politologue Dominique Reynié.
Marine Le Pen « espère la victoire de Syriza » aux prochaines élections législatives en Grèce dimanche, a-t-elle déclaré mardi au journal Le Monde.
Le soutien affiché par la présidente du Front National à une coalition d’extrême-gauche peut paraître surprenant. Mais à y regarder de plus près, il s’inscrit dans la droite lignée de la stratégie électorale initiée par la leader frontiste.
Un nouveau discours « socialisant » Une stratégie que Dominique Reynié, professeur à Sciences Po Paris et directeur général de Fondation pour l’innovation politique, décrit comme un « ethno-socialisme ». En reprenant les rênes du parti à son père, Marine Le Pen a opéré une véritable métamorphose.
Souvent décrite comme une « dédiabolisation », cette stratégie s’est traduite par la reprise du « thème nationaliste, xénophobe cher à son père sur un mode rhétorique euphémisé », explique Dominique Reynié.
En clair, plus de déclarations scandaleuses et de propos borderline sur les Juifs ou les camps de concentration, mais un discours apaisé. S’ajoute à cela, une rupture sur le plan économique et social. « Jean-Marie Le Pen tenait un discours libéral, contre la pression fiscale. Sa fille a, elle, adopté un discours socialisant, prônant la retraite à 60 ans, un ministère du plan, la sauvegarde des 35 heures ».
Ratisser des voix à gauche
Un nouveau programme qui lui a permis de ratisser sur les terres de la gauche et de l’extrême-gauche au-delà du simple noyau historique de la droite dure. « Ce sont les déçus du communisme et du socialisme qui font aujourd’hui sa prospérité. (…) Extrait Pourquoi Marine Le Pen affiche son soutien à Syriza
Abadie Aurélie, Les Echos du 21 janvier 2015
Réaction officielle de Syriza
« Nos seuls partenaires et soutiens en France sont de gauche »
Dans un communiqué de son bureau de presse publié hier, Syriza a réagi aux propos du Front national et s’en distingue nettement.
Le voici:
« La montée de SYRIZA et des forces progressistes en Europe est un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche, comme l’a prouvé le meeting du 19 janvier à Paris ».
LA « GAUCHE SYRIZA » S’EBAUCHE EN FRANCE
Un meeting de soutien à la coalition grecque a rassemblé des Verts et le Front de gauche
Cécile Duflot a incontestablement franchi un cap, lundi 19 janvier, lors du meeting de soutien à Syriza organisé par la gauche radicale, à Paris. En annonçant, vendredi 16 janvier, sa participation à cet événement, affichant par là sa volonté de voir la coalition d’Alexis Tsipras l’emporter lors des législatives grecques du 25 janvier, la députée (Europe Ecologie-Les Verts) de Paris avait déjà fait un pas important. Mais devant les deux chefs de file du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, réunis gymnase Japy (11e arrondissement de Paris) en compagnie de socialistes « frondeurs », tels Pouria Amirshahi ou Guillaume Balas, de dirigeants du NPA, de syndicalistes ou de militants altermondialistes, l’ancienne patronne des Verts a frappé fort.
» J’ai un double sentiment, ce soir : celui d’être à ma place, au milieu de vous, ensemble (…) et un sentiment d’urgence « , a lancé à l’estrade Mme Duflot lors d’un bref discours. Sans jamais les nommer, l’ancienne ministre du logement a une fois de plus pris ses distances avec François Hollande et Manuel Valls. « Notre famille politique, c’est celle qui refuse la fatalité, qui refuse de croire qu’il n’y a qu’une seule politique possible », a-t-elle assuré, réfutant la perspective de l’austérité.
Favoris du scrutin du 25 janvier, les Grecs de Syriza, alliés aux Verts, ont fait de la lutte contre la rigueur budgétaire leur mantra. (…) Un peu plus tôt, Jean-Luc Mélenchon avait lancé : « Je crois que ce meeting fera date ». (…) « Elle a dit qu’elle se sentait à sa place, c’est fort », note Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche. (…) Le virage pris par Cécile Duflot risque en tout cas de tendre la situation au sein d’EELV.
L’ancienne patronne des Verts, qui connaît bien son mouvement, est en accord avec sa base, plutôt rétive à l’idée de travailler de nouveau avec le PS. Dans le fort rebond de popularité enregistré par François Hollande ces derniers jours (+ 21 points, selon un sondage IFOP pour Paris-Match), c’est auprès des sympathisants écologistes que le chef de l’Etat enregistre sa plus faible progression (+ 6 points). Le conseil fédéral d’EELV s’est de plus prononcé à une écrasante majorité, samedi 17 janvier, en faveur d’un soutien à Syriza. (…)
Faye Olivier, Le Monde du 21 janvier 2015 –Extrait Permalien.