Où va Elon Musk avec son implant ?

Entre deux tweets obsessionnels sur l’immigration illégale qui « submerge » (selon lui) les États-Unis, Elon Musk, le patron de X, Tesla et SpaceX, a annoncé que sa start-up Neuralink venait de poser un premier implant cérébral sur un humain.

Qu’est-ce que c’est que cet implant ?

Il a la taille d’une pièce de monnaie et est capable d’enregistrer l’activité neuronale à travers 1024 électrodes réparties sur 64 fils « plus fins qu’un cheveu humain ». Cette interface cerveau-machine permet de « contrôler votre téléphone et votre ordinateur, et à travers eux, à peu près n’importe quel appareil, juste par la pensée », a expliqué Musk sur X. Neuralink a obtenu au printemps l’accord des autorités sanitaires américaines pour tester ses implants cérébraux sur des humains, et a commencé à recruter ses premiers cobayes à l’automne. La condition pour participer à l’étude, qui devrait durer six ans, était d’être tétraplégique ou atteint d’une sclérose latérale amyotrophique (communément appelée maladie de Charcot).

Est-ce une première ?

Les recherches sur les interfaces cerveau-machine datent en fait du début des années 1970 et, au fil des années, plusieurs équipes de recherche ont déjà réussi à capter une activité neuronale pour la transformer en signaux électroniques. En 2019, lors d’un essai au Clinatec, un centre du CEA à Grenoble, un tétraplégique avait ainsi été en mesure de faire mouvoir un exosquelette par la pensée. Mais l’innovation de Neuralink réside dans la miniaturisation de son implant et le nombre d’électrodes embarquées.

Pourquoi ça fait quand même un peu flipper ?

En septembre, le magazine Wired révélait que plusieurs primates étaient morts au cours des essais (une enquête a été ouverte). Récemment, c’était au tour de Reuters de raconter que Neuralink avait enfreint les règles du département américain des Transports concernant le transport de matières dangereuses. Au-delà, c’est aussi la personnalité d’Elon Musk, milliardaire mégalo, complotiste et ultralibéral, qui peut légitimement inquiéter. Permettre de redonner de l’autonomie à des tétraplégiques, c’est évidemment un beau projet. Mais Musk ne compte pas s’arrêter là : « Le but, c’est d’arriver à une symbiose entre notre cerveau biologique et notre « cerveau » numérique […], une extension de nous-même assistée par l’intelligence artificielle. »

Lors d’une démo de Neuralink en 2020, il ajoutait : « Le futur risque d’être un peu bizarre. »


Pas mieux. Thomas Bécard. Télérama. N° 3865. 07/02/2024


2 réflexions sur “Où va Elon Musk avec son implant ?

  1. bernarddominik 09/02/2024 / 16h11

    Ça se comprend pour un tétraplégique, mais Musk veut aller vers l’intelligence augmentée. Mais il y a un revers: qui dit ordinateur dit contrôle, et le revers c’est de voir la puce échapper au porteur et lui faire faire des actes qu’il n’a pas choisi.

  2. tatchou92 09/02/2024 / 22h14

    Des médecins du 3eme Reich pratiquaient ce genre d’expériences de manière criminelle sur des déportées… J’ai eu de longues discussions avec deux de ces malheureuses personnes revenues des camps, que je soignais et qui étaient devenues proches.. elles n’ont jamais été mamans après leur retour…

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