La direction de l’INA soigne son patrimoine défiance

Il y a comme des petites interférences d’image et de son à l’Institut national de l’audiovisuel (INA). D’un côté, la direction, chapeautée depuis sept ans par Laurent Val-let, affiche son contentement. Le 14 avril, le dernier conseil d’administration de l’établissement a salué « un résultat légèrement excédentaire » en 2021 et décerné un satisfecit sur toute la ligne au pédégé pour sa « pleine réussite dans la mise en oeuvre de tous les objectifs prioritaires ».

De l’autre, les salariés se montrent nettement moins euphoriques. Avant le conseil d’administration, près de 200 d’entre eux ont déposé une motion de défiance signée par leurs soins. En cause : le déclin de DG Campus, une branche de l’INA chargée de la formation professionnelle pour l’ensemble de l’audiovisuel public.

Les signataires dénoncent «plusieurs années de violence sociale, de sabotage de l’activité, de mépris et d’opacité » au sein de cette structure. Ils mentionnent des « agressions verbales », des « mails dénigrants », du « contrôle à outrance ». Plus de 30 signalements ont, selon eux, été déposés auprès de la médecine du Travail. Derrière les accusations de « sabotage » — arrêt de deux BTS en alternance, non-remplacement de responsables pédagogiques, remise en question de filières sans concertation —, ils accusent la direction de vouloir « filialiser » DG Campus. Et ce alors que le candidat Macron à la présidentielle a récemment évoqué la suppression de la redevance, qui finance en partie l’audiovisuel public.

Les vieilleries se révoltent

En janvier, un article du magazine « Society » titré « INArrêtable » (20/1) avait déjà mis le feu aux poudres dans la maison. Agnès Chauveau, la directrice générale déléguée, y vantait la politique d’éditorialisation de l’INA, qui vise à diffuser ses trésors patrimoniaux sur les plateformes numériques au gré de l’actualité. Un vrai succès, puisque le nombre de vues en 2021 dépasse le milliard.

Sauf que, emportée par un vibrant élan d’autosatisfaction, cette ancienne patronne de l’Ecole de journalisme de Sciences-Po ne s’est pas montrée très habile avec les documentalistes de l’Institut.   «Avant, leur job était de ranger des vieilleries dans des boîtes, un peu seuls dans leur coin. Aujourd’hui, ils participent à des projets dont parlent leurs familles et leurs amis. »

Cela a suffi pour que les trois syndicats maison (FO, CFDT, CGT), dans un tract commun, s’insurgent. « Il est évident qu’il s’agit d’une commande de la direction, qu’on peut assimiler à une publicité pour notre institut (…). On croit rêver devant une telle morgue », écrit Stéphane Baron (CFDT).

Autre reproche adressé à la direction : le recours à une structure privée (le cabinet Majorelle) pour prendre en charge les relations presse de l’établissement, alors qu’une large équipe de communication interne existe déjà. Pourtant joints par le Volatile, ni Laurent Vallet ni Agnès Chauveau n’ont jugé nécessaire de répondre. INA-tteignables ?


Jean-Michel Thénard. Le Canard Enchaîné. 27/04/2022


Une réflexion sur “La direction de l’INA soigne son patrimoine défiance

  1. bernarddominik 03/05/2022 / 16h30

    Macron supprimé des taxes, certes impopulaires comme toutes les taxes, mais dont ce n’est pas l’existence mais le calcul qui est injuste. Participer financière à l’audiovisuel public, aux finances de sa commune, me paraît normal, ce qui n’est moins c’est le mode de perception pour l’un, de calcul pour l’autre. A côté de ça il en crée d’autres comme gemapi les carburants… Je trouve que Macron a une vision réductrice et déresponsabilisante de la République

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