A tout vouloir casser …

Il ne suffit pas de bricoler une gouvernance avec des pieds nickelés, de se fondre dans un décorum de pacotille en s’égosillant dans la petite boite du salon pour se garder des coups durs d’une société que tu pousses à la rébellion, car d’une manière ou d’un autre, les gens que tu méprise vont te le faire payer. MC

Le gouvernement a mandaté l’homme idoine pour mener sa bataille des retraites. Ancien membre d’un gouvernement de droite, Jean-Paul Delevoye, nommé « Haut-commissaire de la réforme des retraites » est considéré en haut-lieu comme un habile vendeur de la contre-réforme en préparation.

Nul doute qu’un travail patient de décryptage va devoir être conduit pour déjouer les multiples pièges qui sont d’ores et déjà fomentés pour couper l’herbe sous le pied de l’immense majorité de celles et ceux qui s’interrogent et pressentent venir le mauvais coup.

C’est qu’il faut un sacré aplomb pour affirmer que le futur système par points améliorera les retraites !  Il n’a que deux objectifs : baisser chaque année la valeur des points et donc diminuer le niveau des pensions et obliger le salarié à reculer son départ en retraite pour prétendre à un taux sans décote.  La retraite calculée sur l’ensemble de la carrière ne prendra plus en compte les meilleures années.

Plus grave encore, la valeur des points collectés et transformés en pension variera en fonction de différents critères : nombre de futurs retraités, espérance de vie, mais surtout selon la situation économique. Le système devant obligatoirement être à l’équilibre, on se doute que les pensions seront en permanence ajustées vers le bas.

Système universel peut-être, mais au rabais sans aucun doute !  

Les futurs retraités sont d’ores et déjà appelés, sans le dire, à capitaliser. Les plus fortunés sont même invités à quitter le système par répartition, l’affaiblissant d’autant. Le régime général ainsi pensé ne dispensera qu’une prestation croupionne pour dégager une marge de manœuvre à la capitalisation au service des fonds de pensions et des assurances privés. Celles-ci comme le grand patronat soutiennent ardemment la proposition gouvernementale qui était, du reste, une très vieille revendication patronale.

Leur journal favori, « Les Echos », reprenant les analyses du Conseil d’orientation des retraites, ne peut taire que : « l’équilibre des régimes ne serait obtenu durablement que grâce à une forte baisse du niveau de vie des retraités »,   ajoutant que « la proportion de retraités sous le seuil de pauvreté, qui a chuté ces trente dernières années, remonterait sensiblement ».

De fait, les premières annonces gouvernementales permettent de se faire une idée des ambitions fondamentales du pouvoir.  Ainsi apprend-on que les primes des agents publics seront soumises à cotisation du système par points, malgré leur très grande disparité selon les métiers. Les primes sont ainsi appelées à prendre une place croissante dans la rémunération des agents publics.

Voilà qui ouvre la voie à une attaque contre les grilles salariales des agents publics et, en définitive, contre leur statut. Cette contre-réforme se révèle être l’un des piliers de la contre-révolution macroniste qui conserve dans sa ligne de mire l’architecture et la philosophie de la Sécurité sociale et le statut de la fonction publique.

L’individualisation des parcours de vie, qui figure à la base de toutes les contre-réformes libérales, suscite l’atomisation des sociétés, vouées à superposer des solidarités précaires, étanches et parfois opposées les unes aux autres. Ceci est à l’exact opposé du projet d’Ambroise Croizat qui répondait au principe selon lequel « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Élargir l’assiette des cotisations, s’attaquer réellement au chômage de masse en développant la sécurité de l’emploi en alternance avec une formation qualifiante, instaurer la parité salariale homme/femme et augmenter les salaires aujourd’hui sacrifiés à l’autel du taux de profit, permettraient de mettre en place un vrai système de solidarité moderne, offrant à toutes et tous une perspective solidaire indispensable au moment où se multiplient les projets mortifères de division.

Vite, dévoilons ce qui est caché !


Texte de Patrick Le Hyaric – Son Blog – Source  


 

Une réflexion sur “A tout vouloir casser …

  1. jjbey 22/10/2018 / 10h34

    Il y a mieux que la sécu c’est la Sécurité Sociale, il y a mieux que les points c’est la répartition et pour faire encore mieux il faut un taux de remplacement de 75%.
    Cette Sécu là on en veut, Delevoye est le bradeur du système qui au total verra les salariés obligés de souscrire une complémentaire gérée par le privé qui s’en mettra plein les poches.

    La rapacité du système n’aura de limites que de l’opposition résolue de ses victimes.

Les commentaires sont fermés.