Vers l’internet selon sa contribution financière ?

Selon que vous soyez riches ou pauvres, demain, aurez-vous un même accès à Internet?

La neutralité du net, qui implique que l’accès à n’importe quel site web puisse être le même pour tous est remise en cause aujourd’hui aux États-Unis par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), autrement dit les opérateurs télécoms. Une telle décision, si elle était actée pourrait traverser l’Atlantique.

Les enjeux en France

En France, au nom de la multiplication des données, notamment par les objets et véhicules connectés, certains acteurs comme Orange, revendiquent la fin de la neutralité du net.

À l’inverse, l’Autorité de régulation des Télécoms (Ar-cep) est farouchement favorable à son maintien, craignant, comme l’indique son président, Sébastien Soriano, « une privatisation » d’un réseau jusqu’à présent ouvert, universel et neutre.

Payer plus cher pour plus de débit

Sans neutralité du net, les opérateurs télécoms pourraient imposer une hausse des coûts pour les gros utilisateurs de données (services de vidéo en continu, jeu vidéo en ligne, serveurs d’entreprises…). Ils augmenteraient leurs abonnements et donc le débit.

Cela limiterait ainsi l’accès complet à Internet aux personnes les moins fortunées et aux entreprises les plus fragiles qui subiraient lenteurs et restrictions.

Censure politique et économique

Outre les risques de censure (via le ralentissement d’accès à certains sites d’informations par exemple), la fin de la neutralité du net fait craindre, le blocage par des opérateurs de certains services par qui entrent en concurrence avec leurs fournisseurs ou filiales.

Ainsi, un opérateur qui possède un moteur de recherche ou un site de vidéo pourrait ralentir voire empêcher l’accès à des services concurrents. Des contenus en concurrence avec, par exemple, les services de streaming comme Amazon Vidéo ou Netflix.

Un sujet d’autant plus sensible que les opérateurs télécoms et les géants d’Internet (Google, Apple, Amazon…) sont en concurrence croissante :’les premières perdent du terrain sur leur activité traditionnelle et cherchent de plus en plus à mettre la main sur du contenu (émissions, films, séries…) comme le montre aux États-Unis la tentative de rachat de Time Warner par AT & T ou en France le rachat de médias par Altice-SFR.

Une législation récente

En Europe (et donc en France), la directive européenne garantit depuis 2015 une forme de neutralité du net, même si des zones grises existent : certains opérateurs, au Portugal ou en Grande-Bretagne, en profitent pour facturer un service supplémentaire aux utilisateurs.

Aux États-Unis, l’inscription de la neutralité du net dans la loi date également de 2015, avec une notion de service public. C’est ce qui est remis en cause par le président du gendarme américain des télécoms pour qui « les régulations actuelles découragent les investissements dans le haut débit ».

Les États-Unis seront-ils suivis ? En matière d’Internet, la législation américaine sert de base. Que l’on soit pour ou contre…, La bataille commence.


Thibault Liessi – Source –  Le Dauphiné libéré 14 déc. 2017


 

3 réflexions sur “Vers l’internet selon sa contribution financière ?

  1. bernarddominik 16/12/2017 / 13h16

    La méthode est classique: créer un nouveau besoin avec un prix raisonnable. Puis quand les clients sont accrocs modifier les règles du contrat. Orange le pratique déjà: j’ai un contrat « illimité » sur internet mais à partir de 40 GO orange baisse le débit. Pour garder un débit constant c’est plus cher.

    • Libre jugement 16/12/2017 / 14h27

      En l’occurrence avec la préconisation des US ce n’est même plus a ce niveau souscrit mais à l’intérieur de CE NIVEAU – Ainsi si vous souhaitez suivre Netflix par exemple; si le contrat avec votre FAI actuel ne comprends pas le passage en mode « supérieur bande passante » NETFLIX, vous pourrez certes vision la série … mais prenez patience, votre journal et café près de vous … car le débit sera ralenti.

      Quant aux diffusions non prévues matches, événements très exceptionnelles, films très récents, etc. les FAI pourront tout simplement ne pas réaliser de diffusion sans suppléments financiers et ce, mêmes si votre contrat souscrit auprès d’un organisme s’était engagé a diffuser régulièrement une programmation sans supplément et au même débit débit.

      Qui parle de racket, ce sont des financiers pas des poètes !

  2. Jean-Jacques Badeigts 17/12/2017 / 12h01

    Tout est dit dans ce témoignage dont l’auteure évoque bien les souffrances endurées de façon digne.
    Que son courage soit un jour récompensé est le vœu que je forme mais vu la situation de ce qu’ils appellent le « marché du travail » il lui reste pas mal de démarches à effectuer avant de rencontrer un employeur. C’est pour lui et bien d’autres que je me suis engagé et que je continue à militer pour une autre société qui soit respectueuse de l’humain. Cette victime du à « moi d’abord » qui fait que 1% de la population mondiale détient autant que le reste de l’humanité (source ODDE) a toutes les raisons de s’engager elle aussi pour que les choses changent. Alors courage et travaillons au rassemblement de toutes les victimes de cette société injuste pour conquérir un monde nouveau. Il y a du boulot mais soyons optimistes.

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