Deux jours avant son assassinat, Charb rendait à son éditeur ce manuscrit par lequel il fustigeait, dans un style combattif (et même combattant) ceux qui, par antiracisme, amalgamaient dans ce mot (islamophobie) les racistes et les libertaires antireligieux.
Charb
Charlie Hebdo demain …
Quel regard portez-vous sur le slogan « Je suis Charlie »?
Riss – Les gens mettent dans le mot « Charlie » des choses qui n’ont sans doute rien à voir avec le journal, qu’ils n’ont d’ailleurs pour certains jamais lu. Il faudrait leur demander ce qu’ils ont projeté. Les lecteurs habituels, en revanche, savaient. Lors de la marche, sur 4 millions, ils devaient être 30.000 à bien connaître Charlie Hebdo. Pour la plupart, c’était peut-être un symbole, à cause de la mort de personnalités aussi populaires que Cabu et Wolinski. Lire la suite
Les avis de Luz et Willem – Charlie Hebdo
Le dessinateur Luz, « rescapé » de l’attentat, estime que le soutient populaire est « à contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie »
Luz, (…) s’exprime dans une interview au magazine « Les Inrocks« . Il donne son regard sur le mouvement « Je suis Charlie » unanimement repris à travers la France, jusqu’à faire de « Charlie Hebdo » un vrai symbole universel. (…)
« Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles, tout comme nos dessins ». « On doit porter une responsabilité symbolique qui n’est pas inscrite dans le dessin de Charlie », explique Luz. « C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie », ajoute le dessinateur, qui travaille à l’élaboration du numéro qui paraîtra mercredi à un million d’exemplaires , (…).
« Charlie se bat contre le symbolisme »
« Cet unanimisme est utile à Hollande pour ressouder la nation. Il est utile à Marine Le Pen pour demander la peine de mort », note Luz. « A la différence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le symbolisme. Les colombes de la paix et autres métaphores du monde en guerre, ce n’est pas notre truc », explique-t-il. (…)
« Je n’étais pas à la manifestation spontanée du 7 janvier. Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabu, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d’attitude« .
Selon lui, « Charlie est la somme de personnes très différentes les unes des autres qui font des petits dessins. La nature du dessin changeait en fonction de la patte de son dessinateur, de son style, de son passé politique pour les uns, ou artistique pour les autres ».
« Mais cette humilité et cette diversité de regards n’existent plus. Chaque dessin est vu comme s’il était fait par chacun d’entre nous. Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes », estime-t-il.
Article de Sud Ouest – Permalien
Le dessinateur néerlandais de Charlie Hebdo Willem (…) a soutenu samedi dans la presse néerlandaise « vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis » suite à l’attaque perpétrée contre l’hebdomadaire satirique, (…)
De son vrai nom Bernard Holtrop, le dessinateur satirique de 73 ans réside en France depuis de nombreuses années. Il publie pour Charlie Hebdo et dans le quotidien Libération. (…)
« Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire », a-t-il ironisé dans un entretien au quotidien néerlandais de centre-gauche Volkskrant : « Marine Le Pen est ravie lorsque les islamistes se mettent à tirer un peu partout ». (…) Willem était dans le train mercredi entre Lorient et Paris lorsqu’il a appris l’attaque menée contre Charlie Hebdo par deux islamistes radicaux. « Je ne viens jamais aux réunions de rédaction car je n’aime pas ça », avait-il assuré au quotidien Libération : « ça m’a sauvé la vie, peut-être ». Il a aussi insisté sur l’importance de continuer à publier Charlie Hebdo et à dessiner : « sinon, ils ont gagné ».
Sud Ouest – Permalien