La programmation militaire…

… des généraux laissent entendre que le travail a été bâclé, et le Haut Conseil des finances publiques renchérit.

Les députés des commissions de la Défense et des Finances ont constaté, le 5 avril, qu’un texte quasiment sacré, le projet de loi de programmation militaire (LPM), n’échappait pas aux critiques en ces temps de contestation. Responsable de ces mauvaises manières à l’Assemblée : Pierre Moscovici, à la fois patron de la Cour des comptes et président du Haut Conseil des finances publiques, qui réunit magistrats, économistes, directeur de l’Insee, etc. « Indépendant, collégial et pluraliste », cet organisme considère que la LPM est peu « fiable », d’autant qu’elle devrait, durant sept ans, distribuer généreusement 413 milliards d’euros aux diverses armées.

« Manque à dépenser »

Plus gênant pour Emmanuel Macron, ainsi que pour ses ministres des Armées et des Finances, qui ont participé à la préparation de cette loi, plusieurs généraux contribuent en privé à son discrédit. Et l’un d’eux l’affirme : ses collègues « étoilés » estiment que ce texte a été rédigé au « pifomètre », voire bâclé.

Principale critique émise par le Haut Conseil des finances, le chapitre « Etude d’impact » de la LPM ne tient pas la route. Trop sommaire, il ne permet pas de mesurer les effets directs et indirects des crédits militaires sur l’ensemble des dépenses publiques, sur l’économie générale et, plus particulièrement, sur l’activité industrielle : « Les autres dépenses du budget de l’Etat devraient baisser pour respecter la trajectoire (sic) du projet de LPM. » En termes moins technos, plus on donne de crédits aux armées, plus il faudra en retirer à d’autres « secteurs de l’Etat » (santé, éducation, justice, sécurité, transition énergétique, climat), le tout « face à un mur de dettes » . Mais a-t-on vraiment besoin du Haut Conseil des finances publiques pour découvrir de telles vérités premières ? Le risque existe donc de « réduire les marges de manoeuvre budgétaires de l’Etat » et de « menacer la cohérence de l’ensemble des dépenses publiques ».

En attendant les éventuelles suites de ces critiques, voici une autre mauvaise nouvelle pour le chef de l’Etat : la décision a été prise à l’Assemblée, en Conférence des présidents (des groupes parlementaires et des commissions), de suspendre l’examen du projet de loi de programmation militaire et de porter l’affaire devant le Conseil constitutionnel. Encore lui.


Claude Angeli. Le Canard enchaîné. 19/04/2023


2 réflexions sur “La programmation militaire…

  1. bernarddominik 23/04/2023 / 18h46

    Une évidence : Macron ne maîtrise pas les finances mais veut tout de même décider seul. Ce président est une catastrophe pour la France.

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