Cocorico…

… Pas vraiment en matière de santé !

Non seulement la France ne dispose d’aucun vaccin tricolore contre la Covid, mais elle s’est donné tous les moyens d’arriver à ce fier résultat : elle n’a consacré que… 20 millions d’euros à la recherche d’un vaccin, là où les États-Unis claquaient des milliards (500 millions pour les seuls essais cliniques de Moderna).

Le montant hexagonal, démesurément bas, a laissé pantois les magistrats de la Cour des comptes. « Il est malaisé d’établir les choix, ou l’absence de choix, qui en amont sont responsables de cette situation », s’étonnent-ils dans un rapport « flash » du 29 juillet consacré au financement de la recherche publique contre la pandémie.

Ce rapport, cinglant, révèle un autre chiffre inédit : au total, la France a consacré 503 millions d’euros à la recherche contre le Covid. C’est trois fois moins que l’Allemagne, qui a allongé 1,5 milliard, ou le Royaume-Uni (1,3 milliard).

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir quêté tous azimuts. Chacun y est allé de son obole : les ministères de la Santé, de la Recherche, des Armées, plus l’Inserm, le CNRS, à peu près tous les CHU, l’Institut Pasteur, l’Agence nationale de la recherche…

Qui d’autre ? Ah oui : l’Agence française de développement et même (ça alors !) le Commissariat à l’énergie atomique. Mais chacun a travaillé pour soi et dans son coin : à moi la gloire !

« Tout le monde voulait lancer son essai clinique et être celui qui allait sauver le monde du Covid », se rappelle un professeur de CHU. Résultat : un énorme capharnaüm et un plantage retentissant.

Entube à essai

« Les financements se sont avérés trop dispersés pour répondre aux enjeux de la crise », étrille la Cour, qui dézingue l’« absence d’un chef de file reconnu par tous ». « Fort émiettement », « saupoudrage des moyens », « doublons », manque de « synergies » : les compliments fusent !

En juillet 2020, pas moins de 350 essais cliniques étaient ainsi lancés, des plus redondants aux plus farfelus, comme celui sur un traitement à base de ver marin, abandonné car jugé dangereux…

Avec cette concurrence, chaque équipe a ramé pour recruter des cobayes, et les essais sont allés droit dans le mur. Le gouvernement a fini par s’en alarmer… trop tard.

Comme « Le Canard » (10/2) l’a raconté, Olivier Véran a chargé, le 25 mai 2020, le professeur Patrick Rossignol de trouver une solution à ce bazar.

Eurêka ! Il suffisait de créer un « comité de pilotage national des essais thérapeutiques ». Mais ce machin n’a vu le jour qu’en octobre 2020. Et il a fallu attendre le 23 décembre pour qu’il sélectionne 15 projets, bien sûr prioritaires.

Castex la banane

« L’éparpillement des initiatives, la difficile mise au point de priorités, l’impréparation à la prise de risque et les lourdeurs administratives ont contrarié la création d’un système de réponse cohérent et efficace », conclut la Cour. *

À cette longue liste s’ajoute un autre mal : la France a payé le « déficit de financement antérieur à la crise, en particulier dans le secteur biologie-santé » (LIRE). Mais, il en faudrait plus pour entamer la bonne humeur de Castex.

Dans sa réponse aux magistrats, le Premier ministre fait tinter le grelot de l’optimisme : « L’absence de vaccin français au moment de l’audit tend à occulter l’avancement d’autres projets de vaccins », « toujours en cours », comme celui de « Sanofi » ou de… « Valneva », fanfaronne Matignon.

Excellent exemple !

Vu le manque de « réactivité » des autorités françaises, a expliqué le patron de cette start-up nantaise (Public Sénat, 26/1), Valneva a préféré mettre les voiles et produire son vaccin en Angleterre. Encore un succès à ne « pas occulter », comme dirait Castex !


Isabelle Barré – Le Canard Enchainé – 04/08/2021


Extraordinaire !

L’info d’après coup… n’est jamais en concordance avec les affirmations d’hier et jette un peu plus le trouble sur les agissements d’un certains nombres de personnes, à commencer par le Sinistre de la santé (soi-disant) issue du milieu sanitaire, se vantant sans cesse d’être parfaitement au fait des arcanes de la santé… la preuve, couvert par un « archipluridisciplinaire » scientifiques, grand manitou devant l’éternel et locataire temporaire Élyséen: « Macrounet ». MC

3 réflexions sur “Cocorico…

  1. bernarddominik 09/08/2021 / 9h19

    Avec Sarkozy, Hollande et Macron, sont arrivées une génération de beaux gosses plus préoccupée d’image et de com’ que de gouvernance.
    Alors on a fait des guéguerres (catastrophiques) des voyages et de beaux discours, mais l’état continue de fonctionner comme en 1960, on a simplement mis internet entre le « client » et le « fournisseur” mais sans changer ce qui est derrière ni les lois qui définissent le fiscalement correct.
    Alors, la recherche… ça ne fait pas assez briller le vernis.

    • Libres jugements 09/08/2021 / 11h10

      Certes Bernard, mais le manque de subventions-crédits budgétaires nationaux consacrés à la recherche par et pour la nation française, mène à la dépendance, à la perte d’entreprises, à la fermeture d’usine, en un mots aux chômages, à la désertion des lieux industriels.
      Une situation notamment catastrophique en matière de santé ou maintenant les compétences des chercheuses et chercheurs français ont quitté la France (pour avoir un salaire digne de leur investissement en études et le matériel nécessaire) et font le bonheur d’entreprises internationales.
      STOP, c’est privé !
      Mais, c’est vrai, j’oubliais, ou ai-je la tête, faut bien que les actionnaires engrangent des dividendes…

      Amitiés
      Michel

  2. bernarddominik 10/08/2021 / 8h55

    Tout à fait d’accord avec toi Michel. Aux USA et UK ce sont les universités qui font de la recherche. En France on a créé des instituts avec des budgets insuffisants et les universités se partagent le peu qui reste. Mais ce système crée une dichotomie entre les études supérieures et la recherche, ce qui est dommageable aux deux.

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