SNCF – Libéralisation et conséquences…

… A terme un service ferroviaire de moins en moins sécurisé … pourvu qu’il n’y ait pas d’accident !

Libéraliser une grande entreprise publique n’est pas sans conséquences sur les agents, et la SNCF n’échappe pas à la règle.

Éclaté par les réformes successives, transformé en sociétés anonymes, malmené par une course effrénée à la réduction des coûts, menacé par l’ouverture à la concurrence, l’opérateur ferroviaire n’a plus de public que le nom. Et, sur le terrain, les cheminots sont les premiers à en pâtir.

Suppression du statut, baisses constantes d’effectifs, cloisonnement des activités, pressions managériales, ils sont de plus en plus nombreux à quitter le navire.

Les conséquences de la réforme ferroviaire de 2018

[…] Le document, qui doit être présenté ce mardi en conseil économique et social (CSE) de SNCF Réseau Île-de-France, fait état des démissions dans le secteur sur la période de 2017 à 2019.

L’étude, qui porte sur 168 cheminots démissionnaires, met en lumière les conséquences de la réforme ferroviaire de 2018 sur le corps social, contre laquelle les syndicats ont mené bataille.

[…]

Parmi les raisons que les agents invoquent comme ayant motivé leur choix, « le manque de perspectives » arrive en tête, poussant 37 % des démissionnaires vers la sortie. […]  si « l’intégration et les formations sont majoritairement appréciées, note l’étude, pour près des trois quarts des démissionnaires, les engagements lors de l’embauche n’ont pas été respectés ».

[…]  près d’un agent sur trois a vu sa demande de mobilité interne refusée, ce qui a précipité son départ.

Carrière empêchée et perte de sens, le malaise est profond

En somme, loin des grands discours d’Élisabeth Borne, ministre des Transports au moment de la réforme de 2018, qui vantait un « nouveau pacte ferroviaire » capable de rendre la SNCF « attractive et motivante », l’hémorragie des démissions atteste au contraire d’un mal-être profond, d’une perte de sens au travail et d’une évolution de carrière empêchée. Le « nouveau pacte social correspondant à celui d’une entreprise du XXIe siècle » n’a pas vu le jour.

Toujours en négociation, il devait pourtant être négocié avant l’entrée en vigueur de la réforme au 1er janvier dernier.

Après un record de 1 025 démissions enregistré en 2018 – en augmentation de 34 % sur un an –, le comité central du groupe public ferroviaire déclenchait, à l’automne 2019, un droit d’alerte économique et social.

Un an plus tard, « la situation reste préoccupante », déplore l’instance, particulièrement chez SNCF Réseau. […] « Le recours excessif à la sous-traitance laisse craindre une fuite des compétences »


Marion d’Allard. Titre original : « La SNCF en proie à une vague de démissions ». Source (Extrait)

4 réflexions sur “SNCF – Libéralisation et conséquences…

  1. bernarddominik 02/12/2020 / 13h49

    Le mari de ma mère travaillait à la SNCF, pendant 3 étés j’ai travaillé pour la SNCF (quand j’étais étudiant) pendant plus de 40 ans j’ai pris le train pour aller travailler. Et je dois avouer que cette fréquentation ne m’a pas laissé une bonne opinion de la SNCF et de ses syndicats, qui ont pris la détestable habitude de prendre les voyageurs en otage, et de manier l’hypocrisie en confiant intérêts corporatistes et service public. Certaines mauvaises habitudes ont disparu, comme prendre leur café le matin à l’heure d’affluence, j’ai même connu un cheminot qui demandait un dessous de table pour livrer les expéditions en temps et en heure (licencié pour ça mais le mal était fait). J’ai connu un cadre supérieur (et conseiller municipal de droite à Gemenos) qui faisait faire des contrôles pour ne pas avoir à partager la première classe avec « les gueux », et qui faisait poursuivre en justice « à la tête du client ». Pour moi ce qui arrive à la SNCF est la conséquence de la confusion entre service public et intérêts corporatistes. Et c’est bien dommage car on a besoin d’un vrai service public, mais le vieux idéalistes qui ont défendu cette idée sont vieux voire très vieux, plus personne ne les écoute

    • Libres jugements 02/12/2020 / 14h04

      Bernard pour cette fois il m’est très difficile d’apprécier le commentaire que tu as mis.

      Comme tout le monde ayant pratiqué les transports publics, j’ai pu constater des anomalies résultant d’incompétences ou d’une volonté de nuire a l’employeur, par certaines personnes, agents titulaires ou intérimaires, de la SNCF, RATP, RER,TER, etc. Il en reste pas moins vrai que dans l’ensemble, les transports publics restaient les plus sûr du monde.

      La libéralisation notamment du rail a déjà produit un certain nombre d’accidents ferroviaires résultant non pas de l’incompétence d’agents mais de la sous dotation des matériels roulants et des infrastructures, et bien évidemment du sous-effectif de maintenance.
      Aussi avant de jeter le bébé et l’eau du bain, Bernard, je regarde la réalité d’aujourd’hui. Le service public du rail est et sera dans les mois et années à venir de moins en moins sur, d’autant que circuleront des compagnies privées selon des codes différents de ceux institués en France.

      En toute cordialité bien évidemment
      Michel

      • jjbey 02/12/2020 / 19h05

        La SNCF n’est plus, elle a été démantelée en cinq société et un nombre extrêmement grand (plus de 3000) de filiales contrôlées directement ou indirectement par l’entreprise mère. La volonté a été d’abandonner le service public au profit du privé. Les secteurs rentables confiés au privé, le reste au public Les lignes secondaire pas entretenues , le transport marchandise délaissé……Tout est mis en œuvre pour asphyxier ce qui reste de cette grand entrepris à la pointe du progrès ferroviaire, les rapaces se régalant des ces dépouilles avec le dernier avatar: la privatisation des TER. la privatisation signifie clairement que des créneaux rentables tant voyageurs que marchandises seront vendus au privés et que ceux qui ne le sont pas disparaitront. Les cheminots se sont battus des années pour le service public et les grèves ont toujours été présentées comme corporatistes alors qu’elles défendaient les usagers. Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage……….Mais les usagers dont Bernard fait partie ont été trompés sur leur nature. Dommage car s’ils s’étaient associés au cheminots l’entreprise n’en serait pas là aujourd’hui.

  2. Pat 03/12/2020 / 15h54

    Il y a 30 ans lorsque j’étais étudiant prenant le train tous les jours j’étais moi-même très énervé des retards perpétuels attribués au service public et à sa caste de soi-disant privilégiés…Aujourd’hui je me rends compte que tout cela était orchestré car on ne pouvait pas faire basculer en un jour le service public vers le privé…Je m’en rends compte parce que le capitalisme outrancier a réduit à néant ce qui fonctionnait somme toute correctement avant ces manigances politiques. C’est la même chose pour EDF ou les PTT… La sphère privée envahit tout comme une peste purulente jusqu’à nos téléphones qui sonnent en permanence pour nous infester de leurs puces et virus contagieux. Je parle à dessein…

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