Suivant les résultats des votes, l’avenir de l’Europe peut être très sombre !

[…] Le scrutin du 26 mai s’annonce donc comme un moment chargé d’incertitudes et de périls pour l’UE.

En septembre 2014, Jean-Claude Juncker, fraîchement installé président de la Commission européenne, expliquait doctement les enjeux de son mandat (« l’UE devra convaincre ses citoyens que les choses vont changer ») et il indiquait qu’il disposait pour ce faire d’« une équipe gagnante, prête à donner un nouvel élan » à la construction européenne.

Reste que, derrière la rhétorique, Jean-Claude Juncker pointait un aspect déterminant lorsqu’il affirmait que se jouait la « dernière chance » de l’Union, si elle entendait reconquérir légitimité et popularité. « Soit nous réussissons à rapprocher les citoyens de l’Europe, à réduire de façon draconienne le niveau du chômage et à redonner une perspective européenne aux jeunes, soit nous échouons », expliquait-il.

L’UE, rabot des droits sociaux

Or, cinq ans plus tard, c’est sans surprise que l’on peut dresser un constat d’échec quant à la volonté affichée de « rapprocher l’Europe des citoyens ». La « dernière chance » ne s’est pas encore envolée, mais elle va se jouer lors d’un scrutin qui pourrait être marqué par une forte abstention, renforçant encore les incertitudes quant à l’avenir de l’Union. Car l’Union européenne « n’est devenue que le rabot des droits sociaux et humains, provoquant chômage et pauvreté, sans logis et sans droits, rejetant à la mer des miséreux fuyant les guerres ». […]

À cette faillite sociale s’ajoute une faillite démocratique : la marque de fabrique de l’Union européenne est devenue la surdité vis-à-vis de la volonté des peuples. Le sort fait au référendum français de 2005 est à ce titre éclairant.

Dans le journal « le Monde », Bertrand Badie pointe la contradiction de l’Union européenne : « L’UE est arrivée au bout de ses possibilités. Elle avait été conçue au lendemain de la guerre, dans une logique (difficile mais réussie) d’association d’États fondés sur une culture de la souveraineté enracinée depuis des siècles. Cela a permis d’éviter une nouvelle guerre. Mais, actuellement, l’équation européenne n’a plus rien à voir avec cela et, pour redémarrer, elle a besoin de solidarité, ce qui contredit totalement son histoire. On voit même le retour des compétitions de puissance au sein de l’Union. »

Tant que l’Europe restera un espace où ce qui prévaut est « la concurrence libre et non faussée » d’un côté et le dogme des 3 % de déficit de l’autre, et que l’on fera payer aux peuples cette double contrainte, l’UE sera vécue comme un facteur de régression. […]

Extrême droite : la montée du péril

De l’Italie à l’Autriche, en passant par la Hongrie, la Pologne ou la République tchèque, la liste des États membres de l’Union européenne où des partis nationalistes participent ou accèdent au pouvoir ne cesse de s’allonger. Et il n’existe quasiment plus d’endroit où la percée de partis nationalistes, populistes ne se traduit pas par une dérive du débat européen autour des thèmes du repli, de la protection.

Exemple caricatural : le débat à douze organisé par France 2 le 4 avril. Les journalistes animant le débat choisissent de passer la première heure et demie sur les problématiques d’immigration et de frontières tout en reconnaissant que « ce n’est pas la première préoccupation des Français ».

Si on fait les comptes, sur les 705 sièges attribués aux eurodéputés de 28 pays (suite au vrai-faux départ du Royaume-Uni), beaucoup risquent d’être occupés par des nationalistes et europhobes.

Conséquence : la Commission européenne va, elle aussi, changer, les pays étant censés nommer de nouveaux commissaires… pour le pire. Comme l’explique la tête de liste RN Jordan Bardella, plus question de quitter l’UE alors que le rapport des forces en son sein peut permettre de la transformer un peu plus en forteresse nationaliste.

Pour faire pièce à ce danger d’extrême droite, Emmanuel Macron vend un pseudo-progressisme. Faisant mine de ne pas voir que les raisons de cette poussée nationalo-populiste sont à trouver dans les politiques mises en œuvre en Europe et dans les pays de l’Union, qui se traduisent par l’approfondissement des inégalités et du mal-être social.[…]

L’enjeu du scrutin du 26 mai est de permettre la présence d’eurodéputés qui soient en mesure de proposer une Europe alternative, […]


Stéphane Sahuc. Titre original : « Le scrutin de la dernière chance ? » – Source (article en lecture libre)


3 réflexions sur “Suivant les résultats des votes, l’avenir de l’Europe peut être très sombre !

  1. bernarddominik 22/04/2019 / 15h42

    Junker est il crédible quand il dit qu’il veut changer l’UE?
    Difficile à croire.
    Et puis qu’elle UE? Qui a tiré les marrons du feu?
    Pas la France.
    Tous sont d’accord sur un point: l’investissement créé par les cotisations des membres n’a pas créé de richesses mais effectué un transfert de l’ouest vers l’est, c’est dire qu’on paie 25 milliards par an pour s’appauvrir.

  2. Pat 22/04/2019 / 16h12

    Oui très juste mais au moment le plus crucial, le choix est si restreint. Il y a peu à choisir entre des pommes pourries disait Shakespeare.

  3. jjbey 22/04/2019 / 23h33

    Il ne faut pas désespérer mis le choix est drastique ; soit on continue comme avant et c’est l’abstention qui aura pour conséquence la montée des populistes fascisants européens. On vote pour la seule liste de progrès qui veut moins d’argent pour les actionnaires et plus pour les travailleurs. Qui veut plus pour une agriculture respectueuse de l’environnement et des consommateurs, contre une PAC qui ne favorise que les grosses exploitations agricoles. Qui veut plus pour les travailleurs avec un SMIC européen, des protections sociales plus en rapport avec le 21ème siècle. Qui veut plus pour des transports moins polluants …………
    Ian BROSSAT était en Ardèche pour présenter sa liste avec une jeune agricultrice.de Sceautre. Au fait il y a aussi un ouvrier, un français d’origine africaine héro de l’hyper casher ……………….

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