Cuisine française !

Le million de touristes étrangers attendu aux JO de Paris, dans neuf mois, ne va pas nous décerner la médaille d’or de la gastronomie.

Lorsque, entre deux épreuves, ceux-ci pousseront la porte d’un restau pour savourer de bons petits plats français, ceux-ci auront plus de 9 chances sur 10 de se voir servir de la cuisine d’assemblage.

Dans la patrie du bien manger, qui s’enorgueillit depuis 2010 d’avoir sa gastronomie classée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, seuls 7 000 restaurants sur 175 000 emploient un vrai cuistot en cuisine.

Tous les autres se contentent de remettre en température au micro-ondes ou au bain marie des plats industriels sous vide ou surgelés. Dur à avaler.

Pour redorer notre réputation culinaire, la ministre déléguée chargée des PME et du Commerce, Olivia Grégoire, veut obliger les restaurateurs à indiquer sur leur carte, sous peine d’amende, tous les plats qui ne sont pas faits maison. On applaudit l’initiative, mais ça ne va pas être du gâteau.

Déjà, en 2007, sous Nicolas Sarkozy, les pouvoirs publics avaient sorti de leur toque un label « Maître restaurateur », avec un autocollant à poser sur la vitrine du restau indiquant au chaland que, ici, on faisait la cuisine.

Sauf que, seize ans plus tard, seuls 4 % des restaus ont décroché la timbale !

Le cahier des charges est pourtant ultra-light, puisqu’il se contente d’une popote préparée sur place avec seulement 50 % de produits frais. Constatant que la mayonnaise ne prenait pas, le gouvernement avait remis le couvert, sous Hollande, avec un label « Fait maison ».

Cette fois, il s’agissait juste de signaler sur la carte, avec une casserole surmontée d’un toit, les rares plats mitonnés par le chef. Avec, dans la marmite, un tas de dérogations.

Un mets peut par exemple être déclaré « fait maison » même s’il contient de la pâte feuilletée surgelée ou un fond de sauce industriel sous vide. Nouveau flop.

Et pour cause : en servant de la tambouille industrielle, les restaurateurs se contentent d’une cuisine riquiqui qui libère des mètres carrés en salle pour mettre plus de tables, tout en augmentant le nombre de services grâce au temps gagné.

Sans oublier l’oseille que ça rapporte aux boîtes de l’agroalimentaire qui fournissent clés en main les restaus.

Avec 8 500 produits au catalogue et plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, c’est l’américain Sysco qui rafle la mise en France.

De là à ce que la ministre Olivia Grégoire se fasse retoquer…


Article non signé lu dans le Canard enchaîné du 08/11/2023


Une réflexion sur “Cuisine française !

Rappel : Vos commentaires doivent être identifiables. Sinon ils vont dans les indésirables. MC