Les brillants résultats de l’État actionnaire
Le chiffre est passé quasiment inaperçu, il est pourtant révélateur. En 2022, la perte des 56 sociétés dans lesquelles l’État détient une part essentielle du capital a atteint 12,5 milliards d’euros. Le plus mauvais résultat depuis 2007.
EDF a battu tous les records, en affichant un résultat net négatif de 17,9 milliards. Les bénéfices réalisés par Airbus (4,2 milliards) ou par la SNCF (2,4 milliards) n’ont pas suffi pour améliorer significativement le bilan. Lequel est aussi plombé par les résultats de firmes comme Safran, qui a affiché, l’an dernier, une perte de 2,5 milliards d’euros.
En 2021, comme le souligne cruellement « Le Nouvel Économiste » (3/11), les comptes consolidés desdites sociétés avaient fait apparaître un bénéfice total de 9,3 milliards et avaient permis au Trésor public d’encaisser 2,3 milliards de dividendes. C’était autant de déficit budgétaire en moins et ce malgré le ralentissement économique dû au Covid.
Après avoir calculé le montant global des pertes affichées par ces 56 entreprises, « Le Nouvel Économiste » s’est intéressé à leur endettement.
Il atteint 165 milliards d’euros pour 145 milliards de fonds propres. Soit un ratio « dettes sur fonds propres » de 114 %.
Un pourcentage à comparer avec celui des sociétés du CAC 40 : 40 % en moyenne au cours des quinze dernières années.
Et encore bravo à l’État actionnaire !
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Le « cynisme » triomphant des rachats d’actions
C’était un engagement du chef de l’État, et même une promesse en bonne et due forme. Interviewé sur le petit écran le 22 mars 2023, Emmanuel Macron dénonçait le « cynisme » de certaines grandes entreprises qui profitent de leurs profits record pour racheter leurs propres actions, mieux les annuler ensuite et donc faire automatiquement monter leur cours en Bourse.
Il annonçait demander au gouvernement de « travailler sur une contribution exceptionnelle pour que les travailleurs puissent, eux aussi, profiter » de cet argent.
Las ! six mois se sont écoulés, le gouvernement a fait voter grâce au 49.3 son projet de budget pour 2024, et aucune contribution, taxe ou encore impôt n’a été voté. Seul un amendement contraint les entreprises voulant racheter leurs actions à accorder « un versement exceptionnel » à leurs employés.
Lequel pourrait prendre la forme d’ « une prime Macron », d’une attribution d’actions gratuites ou d’un abondement à un plan d’épargne salariale. Ou, plus simplement, d’une hausse de l’intéressement : le choix doit être arrêté lors des discussions avec les partenaires sociaux.
Plus question, donc, de taxe ou de contribution exceptionnelle. Le président du groupe MoDem à l’Assemblée, Jean-Paul Mattei, avait pourtant fait adopter en commission des Finances un amendement prévoyant une taxe de 1 % sur les rachats d’actions opérés par des sociétés cotées réalisant 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
En séance plénière, près de 10 amendements allant dans le même sens avaient été déposés, notamment par des élus macronistes. Sans plus de succès, car, en six mois, Macron a renoncé à sa première idée. Puis le 49.3 a clos le débat.
C’est donc sans risquer le moindre impôt supplémentaire que les grandes entreprises ont pu faire preuve de « cynisme » et vont pouvoir continuer de le faire, comme disait, hier encore, Macron. A la fin septembre, elles avaient déjà dépensé 23,3 milliards d’euros pour racheter leurs propres titres. Un montant aussi élevé à la même date qu’en 2022 ou en 2021.
Le top 5 des sociétés, tel qu’il a été établi par « Les Echos » (6/11), est le suivant à la fin septembre : TotalEnergies (5,7 milliards), BNP Paribas (3,5 milliards), Axa (1,6 milliard), LVMH (1,5 milliard) et Stellantis (1,2 milliard).
En présentant ces chiffres, « Les Echos » ont tenu à préciser : « Ni la chute des marchés ni les velléités politiques d’encadrement n’ont eu d’impact notable jusqu’à présent. »
Qu’en termes délicats ces choses sont dites.
Articles non signé lu dans le Canard enchaîné du 08/11/2023
EdF n’a jamais vendu aussi cher son électricité, dont le prix de revient varie peu. Alors je voudrais bien que Le Maire nous explique d’où vient cette perte. Peut-être EdF a t elle commencé à rembourser ses dettes, ou peut-être s’agit il d’une esbrouffe soit pour justifier une augmentation des tarifs, soit un cadeau fait au privé, soit l’état à fait payer à EdF le rachat de ses actions détenues par des privés. Ça fait beaucoup d’hypothèses, mais ça sens la combine à plein nez