L’actualité du 12 nov 2023

La montée de l’antisémitisme nous interpelle.

« Nous ne pouvons pas ne pas agir » : Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, respectivement présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, ont renouvelé leur appel, au « 20-h. de TF1 », à « une grande marche » contre l’antisémitisme dimanche à Paris.

Reliant le Palais Bourbon au Palais du Luxembourg, la symbolique de cette marche se veut claire : la République se dresse face à l’antisémitisme, à l’heure où le conflit entre Israël et le Hamas fracture la société française.

Malgré l’appel d’Emmanuel Macron à ne pas céder à la « division », lors d’une allocution télévisée le 12 octobre 2023, les vents de l’antisémitisme — comme ceux de l’islamophobie — ne se sont pas arrêtés aux frontières de l’Hexagone. Depuis le 7 octobre, 1 159 actes antisémites ont été recensés sur le territoire, selon des nouveaux chiffres communiqués.

Une situation inquiétante… Au point de provoquer l’union sacrée au sein de la classe politique ?

Même pas en rêve. Si un large spectre de formations politiques telles que les Écologistes, le Parti socialiste (PS), le camp présidentiel et Les Républicains (LR) ont annoncé se joindre à la marche, La France insoumise (LFI), elle, a décliné l’invitation.

En cause : la participation du Rassemblement national (RN). « Lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme est impraticable aux côtés d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme » a fait savoir la formation de Jean-Luc Mélenchon.

Face au RN, « cordon républicain » de la gauche

Eux aussi embarrassés, les autres membres de « Nupes » que sont le PS, le PCF et les Écologistes ont appelé à prendre part à la marche tout en érigeant « un cordon républicain séparant tous les républicains et progressistes » du « Rassemblement national et des forces d’extrême droite, auxquels nous ne reconnaissons aucune légitimité à manifester contre l’antisémitisme ».

Les membres du RN « vont manifester contre eux-mêmes », a d’ailleurs taclé le député socialiste Jérôme Guedj, qui n’a pas oublié que Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national – ancien nom du RN avait justement été condamné pour des propos antisémites. « Le vrai cordon républicain doit être contre l’antisémitisme », a estimé mercredi soir au JT de TF1 le président du Sénat Gérard Larcher.

La macronie embarrassée

Exprimer sa solidarité envers la communauté juive sans pour autant avaliser un énième épisode de la dédiabolisation entreprise par le RN : un exercice de contorsionnistes auquel se plie la gauche comme… le camp présidentiel, pourtant instigateur de cette marche. « À mon sens, le Rassemblement national n’a pas sa place dans cette manifestation », a déclaré mercredi depuis l’Élysée Olivier Véran, porte-parole du gouvernement.

Il a précisé que la Première ministre, Elisabeth Borne, serait présente. Un peu plus tard, Em­manuel Macron a mis en garde ceux qui « prétendent soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs », dans une allusion directe à l’extrême droite.

Sur TF1 également, Yaël Braun-Pivet a insisté : « Le président Larcher et moi défilerons en tête de ce cortège », mais « pas à côté du Rassemblement national ». Et d’appuyer : « Ce n’est pas un rassemblement politique, ce n’est pas un meeting », « ne laissons pas salir le message que nous portons par des polémiques stériles ».

Des levées de boucliers qui n’ont pas fait sourciller l’extrême droite, ravie de la situation et qu’aucune loi n’interdit de participer à l’évènement. « Bien sûr, j’y participerai, Jordan Bardella y sera, l’ensemble de nos élus y seront », a déclaré sur RTL Marine Le Pen appelant l’en­semble de ses partisans à « venir se joindre à cette marche ».
Éric Zemmour et Marion Maréchal, figures de Reconquête !, ont, eux aussi, fait savoir qu’ils en seraient.

Cette crainte que l’extrême droite instrumentalise la marche
à des fins politiques, certains juifs la partage.

C’est le cas de Sarah, 25 ans, qui redoute que le RN ne soit pas là « par convictions profondes et en soutien réel de la communauté juive ». Elle explique avoir « peur que le RN fasse des musulmans leurs nouveaux boucs émissaires, leurs nouveaux juifs ». Malgré tout, la jeune Française glisse : « Cette marche me donne de l’espoir. C’est l’occasion donnée à la société comme aux politiques de montrer aux juifs qu’ils ne sont pas seuls ».

Religion : Pas de consignes pour les fidèles musulmans et catholiques

La grande marche de dimanche contre l’antisémitisme divise non seulement la classe politique, mais semble aussi laisser sceptique le Conseil français du culte musulman (CFCM). Estimant que la manifestation « n’est malheureusement pas de nature à rassembler », il laisse « à ses concitoyens la libre appréciation » à y participer.

« Il doit en être de même pour toutes les autres formes de haine »

« Cette marche qui a comme objectif exclusif de dénoncer l’antisémitisme sans un mot sur l’islamophobie n’est malheureusement pas de nature à rassembler. Elle peut en outre être interprétée par les islamophobes comme un signe d’impunité » justifie le CFCM dans un communiqué publié mercredi.

Cette organisation « a toujours lutté et continuera de lutter contre l’antisémitisme » car « ce dernier est un poison et une déchéance de l’esprit qu’il faut combattre sans relâche », ajoute-t-il. Mais « il doit en être de même pour toutes les autres formes de haine et de racisme qui sévissent actuellement, notamment à l’encontre des citoyens de confession musulmane ».

Le CFCM « partage » la « souffrance » et l’ « angoisse » des « otages innocents détenus à Gaza » mais « il est insoutenable de ne pas appeler en même temps à l’arrêt des bombardements aveugles, qui non seulement font des milliers de victimes dont une majorité d’enfants et de femmes, mais mettent aussi en danger la vie des otages ». Il « rappelle aussi que lors de la marche contre l’islamophobie du 19 novembre 2019, des responsables politiques et de cultes avaient refusé de défiler contre l’islamophobie au prétexte que figureraient dans le cortège des « islamistes » » Il « comprend donc la réticence des Français de confession musulmane à défiler aujourd’hui aux côtés de racistes anti-musulmans déclarés et assumés », ajoute-t-il.

« Chaque citoyen est capable de se déterminer tout seul »

De son côté, l’Église catholique sera représentée dimanche à la marche, mais elle ne donne pas non plus de consignes à ses fidèles quant à leur participation. « La Conférence des évêques sera représentée, au moins par le directeur du service des relations avec le judaïsme », a précisé le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort, mercredi, à l’issue de l’assemblée plénière de la CEF à Lourdes. Mais « chaque citoyen est capable de se déterminer tout seul, je suis toujours assez réticent à donner des consignes politiques comme si les citoyens étaient des mineurs », a-t-il ajouté. Soulignant l’« appel très fort pour que chacun résiste à l’antisémitisme ou aux propos ou attitudes anti-musulmanes » lancé par les évêques à Lourdes, il a affirmé que « les catholiques sont armés pour se déterminer par eux-mêmes sur le mode d’actions qu’ils veulent avoir pour que la société résiste à ces extrêmes ».


Étienne Ouvrier. Le Dauphiné Libéré. 09/11/2023


La position de UFAL (Union des Familles Laïques) — Communiqué de presse du 10/11/2023

L’antisémitisme n’a pas sa place dans notre République, faisons-le savoir !

UFAL appelle ses adhérents et sympathisants à participer aux manifestations de dimanche 12 novembre 2023 contre l’antisémitisme et pour la République.
Marchons dans l’unité, mais à l’écart de l’extrême droite, pour manifester notre refus de voir s’installer la haine et la violence à l’égard de nos compatriotes d’origine ou de confession juive.


Pourquoi la grande mosquée ne participera pas

l’imam de la grande mosquée de Paris Abdennour Tahraouilors de son proche devant les fidèles a affirmé que la grande mosquée ne participera pas à la marche dimanche contre l’antisémitisme.

il répond ainsi négativement à l’initiative des présidents du Sénat de l’Assemblée nationale.

Il questionne « Pouvons-nous – pourrons-nous – faire la même marche pour les actes anti–musulmans ? » en déplorant « Le silence glacial de la société française qui est notre pays d’accueil et notre patrie ».

Même son de cloche pour l’union des démocrates musulmans français. Lima de Bordeaux Tareq Oubrouah, lui, pointait un « conflit d’interprétation de l’initiative ». Même si selon lui « vu les circonstances, marchaient contre l’antisémitisme est une obligation morale et citoyenne ».


Un essai de résolution sur ce problème… qui n’engage que celui qui le formule

Après Lectures, écoutes, analyses sur cette démarche du dimanche 12 novembre 2023 répondant à l’appel des présidents des deux chambres, peu ou prou à l’instigation du gouvernement, il faut noter une fois encore que cet événement créé, divise – ou pas le diviser dans les mois à venir – l’opinion des Français dans les domaines politiques et religieux.

Doit-on pour autant « déceler » dans la position ambiguë d’Emmanuel Macron, une nouvelle fois une gestion de la société, constituant à diviser les différentes strates composant la population française, pour mieux la dominer ?

MC


6 réflexions sur “L’actualité du 12 nov 2023

  1. marie des vignes 12/11/2023 / 8h51

    Bonjour Michel, je pense que cette marche qui partait d’un bon sentiment est clivante, on ne veut pas des RN, ni de la NUPES, ni de ceux-ci ni de ceux-là, je pense qu’une marche pour la paix dans le monde aurait davantage été motivé et avec simplement tous les citoyens, c’est mon avis, et chacun est libre d’en penser ce qu’il veut
    Bon dimanche encore sous la pluie
    Amicalement
    MTH

    • Libres jugements 12/11/2023 / 12h13

      Malheureusement Marie, regrettons que l’entente nationale sur la paix ne soit à l’ordre du jour.
      À l’origine est, l’antagonisme entre l’établissement d’un État d’Israël dans la Palestine de 1945.
      En officialisant un territoire, partant de lectures religieuses diversement interprétées et interprétables ; ne pouvait que lever des conflits dans ce secteur.

      D’autre part, concernant la genèse de cette « manifestation » du 12 nov 2023, manifestation-défilé-rassemblement qui ne dit pas son nom a été à l’instigation de deux « hauts » personnages de l’Etat.
      L’une, présidente de l’Assemblée Nationale ouvertement en faveur de la religion israélite et pour autant ne dénonçant pas Le gouvernement et actions-décisions de Benyamin Netanyahou pas plus que l’action des ultra-extrémistes religieux ne cessant de coloniser les territoires palestiniens à l’origine des heurts constants. Dans le même temps, faut-il y voir que cette mise en avant de Braun Pivet, permet la non-participation de Macron et à ce dernier de ne pas prendre parti pour l’un où l’autre des belligérants, dans le conflit Hamas–Gaza–Palestine–Israël.
      L’autre, Président du Sénat – Gérard Larcher – bien connu pour brosser les politiques et la population dans le sens du poil, à en arrière-pensées les prochaines élections, entendant faire perdurer la droite au pouvoir.
      Que conclure
      Bien évidemment l’antisémitisme comme le racisme et autres plaies de la société est (sont) condamnable-s et relève-nt plus d’une forme d’éducation populaire et d’une condamnation plus sévère des auteurs, qu’elle ne l’est actuellement.
      Il en reste pas moins vrai que tant que la société instruira l’individualisme et la méritocratie et l’iniquité, un enseignement scolaire respectueux des enseignants, qu’une forme de service militaire national obligatoire refasse surface ; l’unité de la nation sera défaillante.

      Bien assurément, ce n’est que mon avis et bien sûr, laisse la possibilité à chacune–chacun de le partager ou non.
      Amitiés
      Michel

  2. bernarddominik 12/11/2023 / 9h16

    Mme Braun Pivet a allumé le feu en allant apporter son soutien au criminel Netanyahu, et maintenant elle s’inquiète des conséquences. Les juifs français doivent choisir entre la France et Israël, et c’est très difficile, j’en conviens, mais qu’ils se posent les bonnes questions : Israël n’est il pas devenu un état prédateur ? Et peut on être français et exiger des droits humains tout en niant aux palestiniens ce droit?

  3. laurent domergue 12/11/2023 / 11h14

    Et que ferait Pinocchio si comme à Londres 300 000 pro Palestiniens défilaient sur les champs ?!

    • Libres jugements 12/11/2023 / 11h32

      Bonne question. Pourquoi ce qui est possible à Londres ne l’est pas à Paris messieurs Macron, Darmanin ?

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