Ça gronde sérieux…

… après le dernier 49,3

Impossible de ne pas percevoir dans la ixième décision arbitraire de ce gouvernement, un totalitarisme, lequel, pratiqué à l’identique, dans un pays d’Amérique latine, Asie, Afrique, ou un pays balte, recevrait une volée de réprobations internationales.


La décision du président de la République d’amplifier la contre-révolution sociale en faisant « adopter » la loi des 64 ans par des coups de force, porte la crise politique et démocratique à son paroxysme.

C’est l’ensemble des effets de sa politique qui est désormais rejeté majoritairement. Le pouvoir s’est totalement discrédité ces dernières semaines pour mener « la mère des batailles », selon les mots de M. Macron. En vérité « la mère de la régression sociale ».

Insertion d’une contre-réforme civilisationnelle dans un projet de budget rectificatif de la sécurité sociale, mensonges éhontés dès le premier jour de la présentation de la contre-réforme, utilisations de tous les artifices réglementaires des assemblés en connivence avec la droite du Sénat pour réduire les temps de débats, tractations secrètes avec cette même droite pour rejeter des centaines d’amendements, refus hautain de recevoir l’intersyndicale représentant pourtant plus de 90% des actifs rejetant ce néfaste projet, refus de diffuser les discussions de la commission mixte paritaire…

Puis tentative d’achats de vote en tous genres selon les mœurs d’une république bananière. Refus de laisser les groupes parlementaires de défendre une motion de rejet parce que le pouvoir savait qu’elle avait de fortes chances d’être votée. Tout cela pour terminer avec une lamentable censure du peuple par un honteux 49.3.

Autant d’ingrédients, de façons d’agir, révélant en pleine lumière la faiblesse du pouvoir.

Au point qu’une partie de la bourgeoisie s’interroge, hésite, s’inquiète des risques d’une telle situation. Elle n’aime pas « l’instabilité ». Celle-ci est pourtant contenue dans les résultats les élections législatives avec le refus des électrices et des électeurs de donner une majorité parlementaire au président de la République.

Le puissant rejet populaire de cette loi confirme, en effet, l’étroitesse de sa base sociale, nettement visible depuis les élections présidentielles et législatives. À l’élection présidentielle, M. Macron n’a recueilli les voix d’à peine 20% des électrices et des électeurs inscrits et n’a été finalement élu que pour faire barrage à l’extrême droite. Puis, aux législatives, les électeurs lui ont refusé la majorité parlementaire qu’il réclamait.

Le comble a été atteint lorsque le président du groupe « Les Républicains » au Sénat, M. Retailleau a pu s’exclamer « C’est notre loi » après avoir voté un texte auquel le gouvernement avait ajouté en catimini, dans la navette parlementaire, un alinéa dit « 1 bis » qui ouvrait bien la voie au retour à un système de retraites par points et à la capitalisation.

Par prudence, la commission mixte paritaire a dû le supprimer, car il laissait trop voir les objectifs réels du projet.

Autrement dit, un parti qui n’a obtenu que moins de 5% des voix à l’élection présidentielle fait la loi dans une assemblée qui n’est élue qu’au second degré. Ces coups de force sont révélateurs de l’empressement du capital à voir satisfaire ses exigences par un personnel politique refusant tout débat, toutes contradictions, refusant même de reconnaître qu’il est ultra-minoritaire dans le pays.

Et, la nouveauté de la période apparaît dans le langage des ministres revendiquant de décider contre les intérêts et l’opinion de la majorité. Ils tolèrent des contestations si elles s’expriment poliment et ne remettent pas en cause le système. On serait autorisé, avant d’accepter en silence leurs projets, à protester et à manifester, mais à condition de ne pas dévoiler le sens de la contre-révolution en cours qui n’a pour seul objet de poursuivre et de sauver le capitalisme financier et mondialisé.

Pour faire accepter le passage en force, le président du capital s’est écrié, sous les dorures de son bureau feutré, devant des membres du gouvernement et des responsables de sa « minorité » : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands ». En clair : je choisis de répondre aux exigences des marchés financiers et à leurs intérêts, pour ne pas déplaire aux agences de notation des gourous de la finance.

Au vrai, aucun argument de justice et de nécessité n’a pu justifier cette loi qui a fédéré tous les syndicats contre elle. Au contraire, un déluge de mensonges et de provocations a été déversé dans l’espace public avant qu’il ne soit retourné à l’envoyeur.


Article composé à partir de différents d’articles, dont des extraits de la lettre de P. Le Hyaric du 18 Mars 2023. Source (Très courts extraits – Lecture libre)


Une réflexion sur “Ça gronde sérieux…

  1. bernarddominik 19/03/2023 / 8h30

    Le pays est divisé et aucun parti ne peut se targuer de représenter une majorité de citoyens. Un gouvernement maladroit dirigé par un autocrate obsessionnel élu par 20% des électeurs, des élections où l’abstention atteint parfois les 50%, et où les électeurs votent plus contre que pour, c’est la marque d’une population déboussolée qui dans cette affaire des retraites s’attache plus aux symboles qu’à la réalité, des syndicats qui négocient la conservation des privilèges au lieu de défendre ceux que le travail épuisent, des partis qui affichent leur opposition au gouvernement mais ne votent pas les motions de censure présentées par l’autre bord. Et une dernière remarque: les français n’ont pas compris que dans une démocratie les lois sont votées au parlement, pas dans la rue. Nos enfants auront bien de la peine à redresser la barre et payer la dette colossale que l’incompétence de nos élus et notre irresponsabilité leur laisse.

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