Et oui…

… Les femmes aux mêmes taux que les hommes, c’est plus aucun déficit dans les caisses de la sécu ! 

Cette année, le 8 mars 2023, la Journée internationale des droits des femmes, tombe en plein milieu d’un mouvement social d’ampleur contre la réforme des retraites. Natacha Devanda interview Sophie Binet qui décortique les incohérences et les injustices de cette réforme.

  • Charlie Hebdo : Le 8 mars est désigné désormais comme jour de « grève féministe ». Quelle est la spécificité d’une « grève féministe » ?

Sophie Binet : Depuis quelques années, syndicats et associations féministes ont décidé d’appeler à la « grève féministe » le 8 mars, à l’image des grèves féministes organisées avec succès en Espagne, en Islande, en Pologne, en Suisse ou encore en Amérique latine. C’est aussi à cette époque qu’on a mis en avant l’inégalité salariale, matérialisée avec le mouvement dit « de 15 h 40 », cette heure théorique à partir de laquelle, chaque jour, les femmes, en France, travaillent gratuitement, du fait des différences de salaire avec leurs collègues masculins. […]

  • Un temps, la communication gouvernementale a soutenu que les femmes étaient les gagnantes de cette réforme, jusqu’à ce que le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, reconnaisse que les femmes seront « un peu pénalisées ». Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Que le gouvernement a voulu utiliser les femmes pour vendre sa réforme des retraites, en reprenant la même communication que lors de sa réforme avortée de 2019–2020. C’est choquant et méprisant pour tous les citoyens, mais particulièrement pour les femmes. Nous aussi, on sait compter. Nous aussi, on sait analyser. Il y a une étude d’impact du gouvernement qui reconnaît que les femmes seront bien pénalisées, notamment à cause de l’augmentation du nombre d’annuités cotisées.

  • Concrètement, en quoi la réforme est-elle inégalitaire et particulièrement injuste pour les femmes ?

Le salaire des femmes est inférieur de 28 % en moyenne à celui des hommes, ce qui, automatiquement, se répercute sur leur pension quand elles arrivent à la retraite. Or, au lieu de travailler pour résoudre ces écarts, la réforme du gouvernement va les creuser. Allonger ces exigences de cotisations, alors que plus de 40 % des femmes partent à la retraite avec une carrière incomplète (contre un peu plus de 30 % des hommes), est scandaleux.

Quant au report de l’âge légal de 62 à 64 ans, ça revient mécaniquement à neutraliser l’apport des trimestres donnés en fonction du nombre d’enfants.

Aujourd’hui, 120 000 femmes peuvent partir à la retraite à 62 ans à taux plein, car elles ont des majorations pour enfants. Demain, si la réforme passait, elles devraient attendre 64 ans, quand bien même elles ont une carrière complète. Le bonus « trimestres par enfant » est totalement annulé.

Enfin, il y a le miroir aux alouettes de la pension à 1 200 euros agité par le gouvernement. Là encore, c’est un piège. D’une part parce que ce « minimum contributif » – c’est son nom – s’obtient sous deux conditions qui, pas de chance, sont excluantes pour les femmes !

Il faut avoir une carrière complète et à temps plein pour en bénéficier, ce qui n’est pas le cas de nombreuses femmes, dont 30 % travaillent à temps partiel.

Après bien des approximations, Olivier Dussopt a lâché le bon chiffre : seulement 10 000 à 20 000 personnes bénéficieraient de ces 1 200 euros. Combien de femmes ? Mystère. Le ministre du Travail se garde bien de donner des statistiques sexuées !

[…]

Ce qui est rageant, c’est que si l’égalité salariale existait dans les faits, ça permettrait de couvrir le déficit invoqué par le gouvernement pour justifier sa réforme des retraites. Autrement dit, si les femmes étaient payées au même niveau que les hommes, il n’y aurait pas de déficit du système des retraites à l’horizon 2030.

En 2011, des syndicats avaient demandé à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) une étude pour quantifier les rentrées supplémentaires dans les caisses de retraite avec une vraie égalité salariale.

L’étude chiffrait 13 milliards d’euros supplémentaires dans les caisses en 2030. Soit justement ce qui est recherché actuellement par le gouvernement. L’égalité salariale permettrait d’augmenter le salaire des femmes, puis leur pension et, en plus, de combler le déficit annoncé.


Natacha Devanda. Charlie hebdo. 08/03/2023. Source (Extraits)


… Les femmes, au même montant salarial que les hommesdiminueraient les émoluments des actionnaires !

Vous rendez pas compte, mon brave… la révolution q’ça f’rait, l’investissement, les entreprises seraient en déclins – humour rouge d’un révolté. MC


3 réflexions sur “Et oui…

  1. bernarddominik 10/03/2023 / 8h34

    Vouloir nous faire croire que les femmes sont desavantagées par la réforme alors qu’en moyenne elle profitent 6 ans de plus que les hommes de la retraite est ridicule. Si on fait le rapport cotisations versées/ pensions reçues il est nettement à l’avantage des femmes. Alors il serait temps d’arrêter de nous raconter des salades. Oui ceux qui cotisent moins reçoivent moins, c’est vrai pour les hommes comme pour les femmes. Ne confondons pas retraite législation et social. L’égalité hommes femmes est garantie par la loi, l’état doit la faire appliquer. Quand aux périodes de non cotisation c’est un problème social pas de retraite. A force de tout mélanger les politiciens montrent surtout de l’incompétence

    • Libres jugements 10/03/2023 / 12h42

      Peut-être es-tu un peu de mauvaise foi, Bernard, toi qui es un fin connaisseur de l’économie (ou tout au moins un bon calculateur), car, oui, si la nouvelle condition d’accès à la retraite est votée, les femmes sont bien désavantagées.
      Michel

  2. bernarddominik 10/03/2023 / 10h53

    Oui, précisons aussi qu’il n’y a à mes yeux aucun doute que l’égalité de salaire hommes femmes est indispensable et fera rentrer plus d’argent dans les caisses, mais aussi dépenser plus et comme les femmes vivent en moyenne 6 ans de plus que les hommes, cela résoudra le problème de financement à court terme mais l’aggravera à moyen terme. Quand aura t on fini d’être défendus par des idiots ?

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