Macron et le péché d’orgueil

Selon : « La tribune de Genève ». Suisse

Après le deuxième tour des législatives de juin 2022, force est de constater un désaveu cinglant pour la macronie.

Un président pris à son propre piège.

Emmanuel Macron s’est dispensé de faire campagne après sa victoire face à Marine Le Pen, mettant des semaines à nommer un gouvernement. Il a cru bon de choisir la moins charismatique des premières ministres, pour ne pas qu’elle lui fasse de l’ombre.

Lorsqu’il est enfin entré en campagne, il a voulu la mener seul, sans mettre en avant les poids lourds ou les nouveaux visages du gouvernement. Il a jugé inutile de défendre un programme, misant tout sur sa stature présidentielle et le contexte international. Après le premier tour, il a cru malin de mobiliser sur un seul slogan : la peur du chaos, décrétant que voter Nupes ou RN n’était pas républicain.

Péché d’orgueil.

Ce qui avait marché pour De Gaulle en 1965 a provoqué l’effet inverse pour Emmanuel Macron. La réponse des électeurs est limpide. Non, les législatives ne sont pas un référendum présidentiel.

Sa réélection ne le dispensait pas d’offrir des perspectives à un pays tétanisé par la perte du pouvoir d’achat et la crainte d’un virage libéral. Et le vote républicain consiste aussi à donner aux deux autres grands blocs politiques – la Nupes et le RN – un poids suffisant pour que tous les Français se sentent représentés à l’Assemblée nationale. Pas superflu alors que plus de la moitié des citoyens ne votent plus et qu’un nouveau mouvement des “gilets jaunes” apparaît déjà comme une fatalité.

La macronie est en tête, mais au tapis.

Les plus proches du président sont battus ; certains ministres aussi, ils seront congédiés. Macron voulait gouverner seul. Il devra négocier chacune de ses réformes avec la droite, le centre ou la gauche. Les débats s’annoncent houleux mais passionnants à l’Assemblée.


Malika Nedir. Courrier intl. Source (extraits – Lecture libre)


3 réflexions sur “Macron et le péché d’orgueil

  1. bernarddominik 28/06/2022 / 7h24

    Le journal Suisse dit ce que les journaux français n’osent pas dire. Mais la macronie survivra t elle à Macron? J’en doute. En 50 ans de vie politique je n’ai jamais vu des changements aussi massifs dans le corps électoral, un parti hier majoritaire peut se retrouver demain réduit à peu de députés. Les français sont maintenant capables de passer du pcf ou de la FI au RN. Leur déception risque d’ouvrir un boulevard au RN

  2. Pat 28/06/2022 / 19h22

    Et si, en fait, les français étaient devenus intelligents et s’en foutaient de l’estampille (RN, LR, LFI, LREM…) après avoir constaté que gauche et droite c’était pareil puisque c’est le profit qui dirige le monde depuis un Olympe invisible mais tout puissant, et qu’ils se disaient finalement « N’est-ce pas le programme qui compte plus que le parti ? ». C’est sur cette base que Macron s’était fait élire en 2017, il avait bien compris mais son passé l’a rattrapé et les Dieux harponné. Pourtant, la vision de départ n’était pas si mauvaise. Tant que nous resterons bêtement clivés par des barrières fictives, traditionnelles, à contester pour contester, à suivre la figure charismatique du psychopathe à élire, nous n’avancerons pas. La démocratie reste à construire.

    • jjbadeigtsorangefr 28/06/2022 / 23h12

      Macron c’est l’illusion: « ni gauche ni droite ». On a bien vu le travail, c’est « ni gauche ni gauche ». La remise en cause des conquis sociaux, la démolition des services publics, de l’enseignement des services de santé sans compter le pouvoir d’achat….. Tout ne va pas si mal il y a des choses qui augmentent comme le nombre de pauvres, compensé par l’augmentation du nombre de milliardaires……………..

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