Refiler aux entreprises privées, le travail de l’État.

Dernier exemple en date : l’« indemnité inflation » de 100 euros qu’avec leur chèque du mois de décembre doivent encaisser tous les salariés qui, avant impôt sur le revenu, gagnent moins de 2 000 euros net par mois.

Cette prime, défiscalisée, figurera sur la dernière fiche de paie de l’année 2021, et il ne sera pas tenu compte de l’éventuel treizième mois.

Ces 100 euros devraient bénéficier à 38 millions de Français frappés par la hausse des prix du carburant, mais l’Etat ne remboursera les entreprises, devenues prêteuses au Trésor public, qu’à la fin du mois de janvier. Pour parvenir à avancer cette somme, lesdites entreprises vont devoir s’équiper de logiciels de paie modifiés.

Une transformation qui aura évidemment un coût : vu le tarif horaire des informaticiens, au moins plusieurs centaines d’euros.

Le fisc a recours, depuis 2019, à la même technique pour la collecte de l’impôt sur le revenu : il fait prélever par l’entreprise, sur la paie de chaque salarié, les sommes dues au Trésor public, selon un taux qui lui est transmis.

Une opération qui coûte de l’argent à l’entreprise, tant en personnel comptable qu’en matériel informatique. Mais qui rapporte gros au Trésor : grâce à ce système de prélèvement à la source, le taux de recouvrement de l’impôt sur le revenu est passé de 95 % à 99,4 % sur l’exercice 2021.

C’est le gouvernement Rocard qui, en 1991, a inauguré ce type de pratique en demandant aux entreprises de prélever elles-mêmes la CSG sur les revenus de ses salariés.

Pour la première fois, l’Etat abandonnait à des sociétés privées l’une de ses missions régaliennes : prélever l’impôt des citoyens.

La pandémie a même accéléré cette tendance. Le gouvernement a confié, par exemple, aux restaurateurs et aux patrons de bar une tâche qui devrait incomber aux représentants de l’Etat : le contrôle du pass sanitaire.

Une obligation légale, pourtant, mais personne, ou presque, ne s’étonne de son non-respect.


Cette solution avancée pour éviter d’engager du personnel affecté spécialement cette tâche, dans les services publics, risque toutefois d’amener certaines entreprises habituées « grenouiller » à ne pas appliquer les décisions gouvernementales, ou de manière parcellaire à leurs employés d’une part et d’autre part qu’en est-il des entreprises qui vont tirer le rideau ? MC


4 réflexions sur “Refiler aux entreprises privées, le travail de l’État.

  1. bernarddominik 01/11/2021 / 7h50

    Une aberration.
    Je connais des retraités avec une petite retraite, qui auront donc droit aux 100 €, mais dont l’essentiel des revenus vient de locations.
    À côté de cela celui qui gagne 2 001 € n’y aura pas droit.
    On est gouvernés par des pieds nickelés.
    Sur les 8 milliards supplémentaires perçus par l’état sur les carburants, il en rend 4.
    Bonne opération de communication, mais qui cache une autre réalité un état mal gouverné

  2. jjbey 01/11/2021 / 9h14

    Mieux, ce sont aussi les particuliers qui font le travail ; tu changes de voiture, par exemple, tu veux modifier l’adresse de ta carte d’identité, déclarer des revenus, modifier…
    Si tu ne sais pas utiliser un ordinateur, t’es mort.
    Non, j’exagère, il y a bien des petits malins qui, moyennant finance, feront le travail que des fonctionnaires faisaient pour toi il n’y a pas encore si longtemps.
    Je ne compte pas les ramettes de papier que tu utilises pour imprimer ces documents que tu recevais par la poste… et l’encre… et le temps passé… et…

    • Carolyonne89 02/11/2021 / 5h47

      Je suis absolument d’accord avec vous, et quand ils osent nous affirmer que recevoir « tout » par mail plutôt que par papier est gratuit et sans surcoût, j’hallucine !!

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