Il redoute une pénurie alimentaire qui pourrait provoquer des « émeutes » !
La faim, la vraie : c’est elle qui menace une partie des habitants de la Seine-Saint-Denis et angoisse son préfet. Le 18 avril, dans un mail, Georges-François Leclerc s’en est ouvert à Michel Cadot, le préfet de la région Ile-de-France : « Mon principal risque dans les quinze jours qui viennent est, si l’on excepte le risque sanitaire, le risque alimentaire… » Le haut fonctionnaire évoque « des émeutes de la faim ». Comme dans un pays pauvre !
Selon lui, si le « risque » guette aussi le Val-d’Oise voisin, il est « maximal » dans son département : « Nous comptons entre 15.000 et 20.000 personnes qui, entre les bidonvilles, les hébergements d’urgence et les foyers de travailleurs migrants, vont avoir du mal à se nourrir. » Soulignant certains mots, le représentant de l’Etat énumère les raisons de la disette annoncée : « L’économie souterraine, de rapine, « l’uber-économie » et l’effondrement de l’intérim ont provoqué une baisse importante et brutale des revenus des précaires de Seine-Saint-Denis. » Parmi les plus touchés, « les enfants et les collégiens, [qui] ne vont plus à la cantine », seule occasion pour eux, parfois, de prendre un vrai repas.
Et la préfète fait la manche
Illustration du malaise à Clichy-sous-Bois : en mars, le conseil départemental a réquisitionné la cuisine d’un collège pour qu’y soient préparés 1.500 repas par jour. Aujourd’hui, il en faut 3.000. « On va donc ouvrir une seconde cuisine », annonce un membre de l’exécutif.
De son côté, la préfete déléguée pour l’égalité des chances lance un appel aux grandes entreprises « pour avoir des couches et du riz ». A votre bon coeur…
Hélas, écrit encore le préfet Leclerc, « ce qui était jouable sur un mois de confinement ne le sera pas sur deux ».
Quant aux bons alimentaires de 7 euros alloués par l’Etat aux personnes hébergées dans des hôtels, vivant dans des bidonvilles ou aidées lors de maraudes, ils « serviront de plus en plus pour les foyers et les résidences sociales ». Problème : « A chaque vague, nous ne pouvons distribuer les tickets, pour quinze jours, qu’à 9 500 personnes », quand il faudrait en « nourrir de 15.000 à 20.000 ». « Il est crucial », ajoute l’homme à la casquette, que la région et le département enregistrent « un doublement » de la dotation de l’Etat. Devant les soupes populaires, « les files d’attente ne diminuent pas, et ce ne sont pas des habitués, ce sont des salariés », confie un élu au « Canard ».
Ces alertes semblent avoir été entendues. La CAF vient d’annoncer qu’elle verserait une aide de 150 € par foyer aux bénéficiaires de diverses prestations (RSA, ASS), ainsi que 100 euros par enfant à charge. Mais… à partir du 15 mai. Le 20 avril, le ministère de la Ville et du Logement a fait savoir que le nombre de tickets alimentaires serait doublé « à destination des territoires les plus en tension : l’Ile-de-France et l’outre-mer. L’objectif est de pouvoir venir en aide à plus de 90.000 personnes dans les prochains jours ».
Voilà qui donne l’image d’un pays moderne…
Article signé des initiales D. H. et D. S. – Le Canard enchaîné. 25/04/2020
Je dirais plutôt réaliste 😌😌
La faim dans un pays comme le notre, impensable, de l’abbé Pierre à Coluche c’est la même chanson la misère plus grande et les riches plus riches.
Ce ne peut pas être une soudaine découverte pour les Elus, les associations humanitaires, les services sociaux, les bailleurs sociaux, sur le pont en permanence. Le 9 3 comme on dit n’a pas besoin de rustines, mais d’une prise en charge profonde, humaine déstigmatisante et solidaire.
Quel bien triste constat… 🙁