France : Un budget 2020 antisocial…

Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, n’a cessé, jeudi 26 septembre [2019], lors de la présentation du projet de loi de finances 2020, d’insister sur la « continuité » de l’action économique du gouvernement.

Les slogans – « politique de l’offre », « le travail doit payer », « maîtrise des comptes publics » – étaient d’ailleurs les mêmes que lors des trois années précédentes. […] « Les gouvernements précédents n’ont jamais autant réduit les dépenses publiques en rapport avec le PIB. » Et de fustiger cette droite qui réclame plus de coupes dans les dépenses et ne le soutient pas lorsqu’il le fait : « Nous sommes seuls lorsque nous coupons dans le logement social »

Ce budget 2020 […] est un budget profondément néolibéral, à l’image de la politique du gouvernement et des idées d’Emmanuel Macron. Sa logique est simple. En réduisant les impôts progressifs sur la classe moyenne, il tente d’acheter l’adhésion à ses réformes structurelles et à la forte défiscalisation du capital, et en faisant payer cette baisse d’impôt aux budgets sociaux, il affaiblit durablement la solidarité nationale.

À quoi servent les baisses d’impôts ?

[…].en réalité, le gouvernement ne souhaite pas investir parce qu’il mène une autre politique, une autre stratégie : celle qui consiste à déconstruire l’État social français et à garantir une baisse de la fiscalité des entreprises et des plus riches à long terme. Or, pour cela, la baisse de l’impôt sur le revenu est le meilleur choix possible.

Dans un premier temps, les baisses d’impôts doivent apaiser la colère qui s’est manifestée dans les rues depuis le 17 novembre 2019 et élargir l’adhésion, toujours étroite, à la politique du gouvernement. Mais les baisses d’impôts progressifs, y compris à la « classe moyenne », ont toujours été des moyens de miner les solidarités.

L’argent du bien commun est reporté vers la dépense individuelle. En termes économiques, c’est de la dépense, sauf que l’une est le fait de la collectivité et l’autre de l’individu. Ces baisses d’impôts sont le vecteur de l’individualisation de la société.

Ce budget 2020 le prouve avec éclat.

La recherche d’économies s’est concentrée sur la sphère sociale. Alors que le gouvernement se montrait très prudent sur la fin des niches fiscales pour les entreprises, il gelait quasiment l’ensemble des prestations sociales, réduisait massivement les dépenses d’assurance-chômage, piochait encore dans les APL.

L’objectif du gouvernement, ce sont les « réformes structurelles » qui visent in fine à favoriser le capital sur le travail et à défaire l’État social.

[…]  contrairement à ce que pensent beaucoup d’observateurs, le choix n’est pas de baisser les impôts plutôt que le déficit, le choix est de préserver ces réformes et d’assurer que d’autres soient mises en place plutôt que de réduire le déficit public. […] ce budget est aussi celui du « réarmement du régalien », comme le dit si joliment Bercy, celui d’un gouvernement enfermé dans ses certitudes et retranché derrière sa police.

Car ces baisses d’impôts constituent un pari : faire accepter à la majorité des Français une marchandisation et une individualisation de la société. Il n’est pas sûr qu’ils acceptent ce troc en forme de marché de dupes.


Romaric Godin. Médiapart. Titre original : « Avec le budget 2020, le gouvernement confirme sa ligne antisociale ». Source (extrait)


3 réflexions sur “France : Un budget 2020 antisocial…

  1. bernarddominik 29/09/2019 / 15h23

    Les impôts progressifs ne sont pas réduits puisqu’on passe de de 12% à 30% soit une progression de 18% au lieu de 15% ( ils ne sont réduits de façon sensible que pour les pauvres parmi la classe moyenne). Ce qui est anti social c’est effectivement la baisse des APL. Mais l’augmentation de la CSG sur les revenus immobiliers a fortement baissé les revenus des propriétaires dont la grande majorité sont de petits propriétaires souvent avec de petites retraites. C’est l’augmentation des dépenses militaires sans baisse des dépenses de prestige/luxe sans maîtrise des dépenses de fonctionnement malgré le désengagement de l’état dans les services publics qui plombe le budget et par ricochet les dépenses sociales.

  2. fanfan la rêveuse 30/09/2019 / 7h53

    Bonjour Michel,
    En parlant d’APL, voici des infos…
    L’Aide Personnalisée au Logement est une aide de la CAF qui s’adresse aux locataires et propriétaires à revenus modestes afin de leur faciliter l’accès ou le maintien au logement.
    Le versement de l’APL le premier mois tient compte de la date de dépôt de la demande et non de la date d’emménagement. Aucun paiement rétroactif n’étant possible, il faut donc déposer le dossier de demande d’APL dès l’emménagement dans votre nouveau logement (en savoir plus).
    Versée à terme échu selon un calendrier de paiement mis à jour chaque année, l’APL arrive sur le compte en banque des bénéficiaires entre le 4 et le 10 de chaque mois en fonction des délais de traitement de chaque établissement bancaire.
    Lors du départ de votre logement, votre droit à l’APL cesse durant le mois civil au cours duquel au moins une des conditions cesse d’être remplie. Sauf exception, même si vous avez versé une partie du loyer au cours du mois de votre départ, vous ne percevrez pas les APL pour le mois concerné (voir les détails).

    En plus de ceci, le premier mois n’est pas pris en charge non plus, c’est un mois dit « de carence »…

    Voila comment faire de belles économies…

    Bonne journée à vous !

  3. fanfan la rêveuse 30/09/2019 / 7h57

    Petite info supplémentaire, lors de votre demande d’APL sur internet, ce que l’on vous pousse à faire à la CAF :
    Il faut encore attendre 10 jours pour recevoir par courrier vos codes afin de finaliser votre dossier d’APL, c’est à dire fournir l’attestation de paiement de loyer et attendre car pour exemple à Amiens (80) ils ont 3 mois de retard dans les dossiers…

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