Pénicaud menace un syndicat

Qui parle d’influence ?

Philippe Louis, le président de la petite Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), vient d’alerter ses troupes.

Lors d’une réunion organisée il y a trois semaines avec Muriel Pénicaud et ses collaborateurs, une vilaine menace a été proférée à son endroit : la représentativité nationale de la CFTC pourrait être remise en question !

Depuis 2008, les syndicats sont considérés comme représentatifs s’ils ont recueilli plus de 8 % des suffrages aux élections professionnelles dans les entreprises.

Avec 9,48 %, la CFTC est bonne dernière. Il suffirait que la ministre relève ce seuil à 10 % pour que le syndicat catho perde sa place dans le club des cinq.

Du mou dans la quête

Pourquoi le ferait-elle ?

Parce qu’elle s’alarme du « gauchissement » (sic) de la CFTC, observé notamment lors de ses discussions sur la retraite avec le médiateur Jean-Paul Delevoye.

Philippe Louis a donc ordonné à ses ouailles une plus grande modération à l’égard du gouvernement. Y compris quand Macron entend instaurer un âge pivot à 64 ans et pénaliser ceux qui voudraient partir avant ?

Possible : la représentativité permet à la CFTC de participer à toutes les négociations avec le Medef et d’être reçue avec les grands à l’Élysée et à Matignon, mais aussi de toucher de rondelettes subventions.

Ainsi, les cotisations des militants ne rapportent que 2 millions à la centrale chrétienne, alors que 17 millions de subventions de l’État tombent chaque année dans son escarcelle.

A comparer avec FO (8 millions de cotises, 20,1 millions d’aides publiques) ou la CGT (13,6 millions de la base, pour 27,5 millions de l’État).

Sans la manne publique, la CFTC risque fort de devoir mettre la clé sous la porte du presbytère…


Alain Guédé. Le Canard enchaîné. 08/05/2019


2 réflexions sur “Pénicaud menace un syndicat

  1. bernarddominik 17/05/2019 / 7h29

    Oui c’est un chantage scandaleux et si la CFTC cède, je quitterai ce syndicat.

  2. jjbey 17/05/2019 / 9h19

    Chantage, vous avez dit chantage? Mais comment et pourquoi a été créé ce syndicat?

    Le clergé, complice du patronat, voulait faire pièce à l’organisation de classe qu’est la CGT, le patronat ne supportait pas les revendications: la journée de huit heures, une sécurité sociale… et il fut décidé de créer cette organisation qui tout au long de son histoire a divisé les travailleurs et dit amen à la bourgeoisie.
    La multiplication des organisations syndicales est pain béni pour le capitalisme.
    Alors, aujourd’hui quand les adhérents de cette organisation montent au créneau pour s’opposer aux mauvais coups et plus particulièrement sur les retraites cette attitude est considéré comme une trahison par le patronat.
    Madame Pénicaud est ainsi pleinement dans son rôle de soutien à celui-ci en menaçant la CFTC qui, Dieu merci, résistera peut-être.

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