Fondation Abbé Pierre : “Les morts de la rue sont moins bankables qu’une cathédrale”
Pour Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, la somme récoltée pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame ne doit pas occulter la baisse générale des donations aux associations et œuvres caritatives.
Nous avons tous été choqués par cet incendie de la cathédrale Notre-Dame et nous sommes très heureux de voir qu’un énorme élan de solidarité s’est mis en place pour participer à sa reconstruction.
Après, quand on regarde la baisse des dons pour le monde associatif qui vient en aide aux personnes défavorisées, aux personnes mal-logées, aux miséreux depuis plusieurs mois, ça interroge… On se demande si cet élan de générosité ne pourrait pas aussi profiter à toutes ces œuvres et associations.
On espère donc que la solidarité s’additionnera et que cela amènera les gens à s’interroger sur d’autres urgences qui sont toutes aussi importantes. Maintenant qu’on a récolté un milliard d’euros pour cette cathédrale, peut-être que les personnes qui ont eu envie de faire un geste pourront en faire un pour les personnes qui sont mal-logées. L’abbé Pierre disait : « Une belle ville est belle pas seulement quand il y a une belle cathédrale mais aussi quand il n’y a pas de taudis et de gens qui dorment dans la rue ».
Cette baisse des dons représente quoi pour une fondation comme la fondation Abbé Pierre ?
Nous n’avons pas été les plus touchés par la baisse récente des dons qui est essentiellement liée à la réforme de l’ISF. Notre budget est de 40 millions d’euros chaque année soit ; le milliard récolté en deux jours représente donc 25 années de fonctionnement de la fondation.
Parmi les grands donateurs ces derniers jours, y a-t-il des contributeurs à la fondation Abbé Pierre ?
On travaille sur des campagnes d’affichages depuis de nombreuses années avec JC Decaux. Concernant les autres, à ma connaissance, je ne crois pas qu’il y ait des partenariats actuellement… Ce n’est pas surprenant de voir qu’on arrive à dégager des montants très importants pour cette cause-là qui est très médiatique.
Les morts de la rue sont moins bankables qu’une cathédrale.
Julien Rebucci. Les Inrockuptibles. Titre original : « Fondation Abbé Pierre : “Les morts de la rue sont moins bankables qu’une cathédrale” ». Source (extrait)
La richesse attire la richesse, c’est connu et Notre Dame est une église riche. Faire un don pour sa reconstruction c’est plus rentable publicitairement que de donner à la fondation Abbé Pierre ou au secours populaire qui dirigent l’argent vers les plus pauvres.
Parallèlement les collectivités territoriales sont invitées à servir des petits déjeuners, à ces malheureux gosses qui arrivent le ventre vide à l’école… de très nombreuses n’ont pas attendu ces recommandations, pendant que d’autres refusent l’accès à la cantine lorsque la maman est à la maison, « sans travail » , ou pire lorsque la facture des repas pris par les gamins n’a pas été réglée..
Y-a-t-il encore des services sociaux à l’enfance ?
vous dites solidarité ?