Comment expliquer le revers des insoumis dans l’Essonne?

Avec du recul et un peu de recherche , il vous sera (peut-être) possible d’analyser la législative partielle de la première circonscription de l’Essonne. Il est quand même étonnant aux jours où les revendications contre les décisions de ce gouvernement, symbolisése par les gilets jaunes, de voir l’élection d’un candidat prenant place dans la majorité gouvernementale. Cela d’autant plus que cette circonscription de l’Essonne n’est pas réputée comme lieu de résidence de personnes aisées. MC

Soutenu par La République en marche (LaREM), Francis Chouat Maire d’Evry a été élu dimanche député de la première circonscription de l’Essonne avec 59,10% des suffrages exprimés, contre 40,90% pour le candidat de La France insoumise (LFI) Farida Amrani, il permet à la majorité présidentielle de conserver le siège détenu depuis 2002 par Manuel Valls. […]

La France insoumise ne rassemblerait pas !

La candidate de LFI a pâti de la forte abstention (+19 points par rapport à 2017), notamment des catégories populaires. Celles-ci constituent le cœur de cible de son électorat mais se déplacent moins lors d’élections partielles.

Par rapport à 2017, La France insoumise ne renforce son assise que dans sept bureaux de vote sur les soixante-dix-huit de la circonscription. […]. Alors même que la candidate a reçu cette année davantage de soutiens de la gauche : le PCF, le mouvement Génération.s de Benoît Hamon et quinze cadres socialistes ont appelé à voter en sa faveur , tandis que la direction du PS a demandé qu’ « aucune voix de gauche » ne se porte sur Francis Chouat.

[…] [L’appel a voter Amrani par un ensembles] des gauches, peine à se traduire dans les urnes : Farida Amrani obtient 45,45 % contre 62,46 % l’année dernière (-17 points). Une « difficulté à mobiliser » pointée du doigt lundi [26/11/2018] par Jean-Luc Mélenchon, qui tient l’union des gauches en partie responsable de l’échec de sa candidate.

[Personne ne saura jamais dans quelle mesure], Farida Amrani a pu souffrir dans les urnes de la stratégie jusqu’au-boutiste de Jean-Luc Mélenchon, après son coup de sang lors des perquisitions menées en octobre à son domicile et au siège de LFI, à Paris.

Mais cette partielle illustre surtout la question qui se pose à La France Insoumise. Doit-elle privilégier une stratégie d’alliance avec les forces politiques de gauche identifiées, comme elle l’a fait […] ? Ou doit-elle au contraire s’adresser directement « au peuple » en ignorant la gauche organisationnelle ? […]


Guillaume Tabard – Le Figaro, Source (Extrait)


Mélenchon et le bilan d’Evry

Dans une note publiée sur son blog lundi 26 novembre, Jean-Luc Mélenchon fait le bilan suivant de l’échec de la candidature de France Insoumise à la législative partielle d’Evry : «La campagne de second tour, contre mon avis formellement exprimé, s’est faite sur le thème d’une soi-disant « gauche rassemblée », avec guirlande de sigles et tout le reste du décorum de ce genre de discours. La profession de foi est entièrement construite sur ce thème. Le résultat est le suivant. Au premier tour sans « gauche rassemblée », nous faisons le même pourcentage qu’en juin 2017. Au second tour avec la « gauche rassemblée », nous faisons moins qu’au second tour de 2017. Cela mérite réflexion. »

  • Ainsi ce serait le soutien affiché des forces de gauche (PCF, Génération(s), Ensemble !…), qui se sont mobilisées au second tour Farida Amrani pour qu’elle soit élue députée, qui serait responsable de son échec.
  • Pour les forces de la gauche alternative qui ne se résignent pas à la dispersion existante, la situation  est sans issue !
  • Si elles ne soutiennent pas la France Insoumise, elles sont accusées de faire le jeu de Macron et du pouvoir en place.
  • Si elles soutiennent la France Insoumise, elles sont accusées de la faire perdre.
  • De toute façon elles sont présumées responsables et coupables…
  • Cela est d’autant plus étonnant que quelques jours avant le second tour, plusieurs dirigeants de FI avaient critiqué l’absence d’engagement clair de la direction du PS et d’EELV à appeler à voter pour FI (ce que paradoxalement Jean Luc Mélenchon critique lui aussi dans sa note de blog… alors qu’il pourrait y voir une saine clarification vis-à-vis des « guirlandes de sigles »).

Pourtant, si on ne se limite pas à une vision binaire en noir et blanc, on pourrait se risquer à quelques autres hypothèses pour expliquer l’échec d’Evry.

Notamment le fait qu’une « législative partielle », sur une seule circonscription, rend plus difficile pour les électeurs la perception de l’enjeu national que cette élection peut avoir, d’où la difficulté d’élargissement au second tour pour les candidats de la FI (à la différence des législatives de juin 2017).

On pourrait même se risquer à penser que la réaction souvent jugée excessive et violente de Jean Luc Mélenchon aux perquisitions judiciaires disproportionnées qu’a subi la France Insoumise en septembre dernier a pu laisser des traces dans l’électorat à gauche.

Mais ce ne sont que des hypothèses. Pour avoir une explication réelle, il faudrait écouter les électeurs d’Evry, comprendre leurs raisons, pourquoi certains ne se sont pas déplacés…

L’échec de Farida Amrani est un échec pour toute la gauche. La défaite de LREM à Evry aurait ajouté une pierre aux difficultés de Macron pour imposer sa politique de plus en plus contestée.

La question de la convergence entre les forces de la gauche alternative se reposera dans de prochaines échéances. Mais l’unité au dernier moment ne suffit pas. Elle doit s’inscrire dans un projet commun et une démarche de rassemblement qui reste plus que jamais d’actualité.


François Calaret Le blog de François Calaret


Vous pouvez aussi suivre le lien menant au blog des amis de Jean-Luc Jean Mélenchon : LIEN


 

2 réflexions sur “Comment expliquer le revers des insoumis dans l’Essonne?

  1. jjbey 03/12/2018 / 3h31

    Le dégout organisé contre la politique continue à porter ses fruits et le citoyen ne croit plus en la puissance du bulletin de vote. Le parti des abstentionnistes est le plus important. Les alliances sont jugées comme des magouilles politiciennes , c’est le conscience de classe qui a reculé et la bourgeoisie a encore de beaux jours devant elle tant que le citoyen ne saura pas répondre à cette question simple: qui suis-je? Un exploiteur ou un exploité?

  2. tatchou92 03/12/2018 / 10h08

    D’accord, mais il serait souhaitable que certains ne crachent pas sur leurs alliés potentiels, dont le vote au 1er tour des présidentielles de 2012, 2017 ont permis de lever un espoir. et d’obtenir un résultat honorable, ouvrant par la suite les portes du Parlement au groupe des Insoumis. Décidemment, « l’Union est un combat » !

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