Comment le foot abrutit

On sait que la pratique du foot rend con.

II suffit d’entendre les joueurs parler quelques minutes pour s’en convaincre. C’est aussi prouvé scientifiquement. De nombreuses études l’ont déjà établi, et nous ne nous sommes pas privés de nous en faire l’écho dans Charlie. C’est ainsi, il y a des choses qu’il faut répéter inlassablement.

Une récente étude va encore dans le même sens. On la doit à une équipe de chercheurs suédois menée par Peter Ueda (Institut Karolinska), elle est publiée dans la revue The Lancet Public Health (1).

Les scientifiques ont analysé les dossiers médicaux de plus de 6 000 joueurs du championnat de Suède de 1924 à 2019. Ils ont comparé le taux de troubles dégénératifs du cerveau chez ces sportifs à celui d’une population de référence, formée de 56 000 Suédois.

Le résultat est incontestable : les footballeurs ont environ 50 % de risques supplémentaires de développer des maladies neurodégénératives (62 % pour Alzheimer).

A vrai dire, ce n’est pas une première. En 2019, une étude de scientifiques écossais (université de Glasgow) avait établi que les anciens footballeurs professionnels avaient 3,5 fois plus de risques que la population générale de mourir de troubles dégénératifs du cerveau – Parkinson notamment.

En 2022, une autre étude, française cette fois, conduite par le Dr Emmanuel Orhant pour la Fédération française de football, avait conclu à un risque accru de démence chez les adeptes du ballon rond.

Et à cause de quoi ? Des coups de tête dans le ballon. L’équipe de Peter Ueda affirme sans détour que « les coups de ballon répétés sur la tête peuvent causer des commotions cérébrales ». D’ailleurs, les gardiens de but sont moins atteints du ciboulot, car ils s’en servent moins pour frapper.

Tout le monde a le droit de faire ce qu’il veut de son crâne, et pourquoi pas de le cogner ou bon lui semble. Le problème, c’est que l’on nous rebat sans cesse les oreilles de la prétendue noblesse d’un sport dont les stars, milliardaires abrutis, sont transformées en dieux vivants.

En juin 2019, Emmanuel Macron a loué le « mental à toute épreuve » des joueurs de l’équipe de France de football. Tu parles d’un mental, qui conduit à la sénilité ! Parents, vous croyez bien faire en envoyant votre gosse dans un club de foot, mais sachez qu’il se détruirait moins le cerveau en fumant des pétards dans sa chambre qu’en passant deux heures au stade.

Malgré les preuves scientifiques qui ne cessent de s’accumuler, les instances sportives françaises ont toujours fait la sourde oreille (contrairement à la Fédération écossaise de football qui, elle, a décidé de limiter les jeux de tête durant les entrainements). Ce que l’on autorise ou interdit ne découle pas d’une évaluation scientifique des risques réels, mais d’a priori idéologiques : la démence des footballeurs nous le prouve chaque jour.


Antonio Fischetti. Charlie Hebdo 12/04/2023


  1. « Neurodegenerative disease among male elite football (soccer) players in Sweden : a cohort study » (The Lancet Public Health, vol. 8 avri12023).