Tel, le Phénix

… cet oiseau mythique qui symbolise la renaissance et l’immortalité dans la tradition grecque. Peut-être… ou pas… un vœu d’adhésion a « retrouvé » une certaine gauche prolétarienne et sociale selon des observateurs – plus ou moins sincères ou franchement critiques. Ce qui s’annonçait au dernier congrès du PS, gagne les rangs du congrès du PCF.

Quoi qu’il en soit, celles ou ceux, élus se prétendant appartenir à une gauche sociale, se doivent de réagir autrement qu’en s’écrasant dans l’impasse de l’alliance Nupes, de la France insoumise (LFI) et sa dominante stature mélenchoniste, largement dépassée.

Alors une gauche fédérée ? Peut-être autour de nouvelles alliances, de nouveaux objectifs communs. C’est à espérer, alors qu’un à un, les partis politiques éclatent : l’ex NPA, PS, PCF, Nupes et leurs différents « courants ».

Les différents atermoiements gouvernementaux, la fausse majorité dans l’hémicycle et ses divergences, les décisions de votes alambiquées de « les républicains », le mépris affiché par le président en exercice, l’incompréhensible positionnement de LFI lors du débat sur « le projet de retraite » ; confortent « le lit », « l’avenue consentit », au rassemblement national (RN), bien en embuscade, pour les prochaines élections, tant présidentielles que législatives.

MC

Ils ont dit…

Le quotidien (gratuit) « 20 Minutes ». Source (extraits)

Le secrétaire national sortant, Fabien Roussel, a été réélu lundi à la tête du Parti Communiste Français, réuni en congrès à Marseille […]

Fabien Roussel, […] après avoir haussé le ton contre LFI, assumant ses déclarations sur une Nupes « dépassée », il a affirmé que son parti doit s’élargir vers le centre gauche. « Mêlez-vous de vos affaires », a-t-il lancé à LFI, qui avait appelé les communistes à « clarifier » leur position après les déclarations de leur chef.

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Le quotidien « L’humanité ». Source (extraits)

Si, à l’instar du texte d’orientation, de nombreux votes ont emporté une large adhésion durant le week-end, des voix dissonantes se sont aussi fait entendre, pointant le « flou » de la stratégie. « Je ne peux que partager la perspective de construire un nouveau Front populaire, mais nous n’avons pas discuté de comment passer à sa construction, ni de quelle construction politique unitaire pour y parvenir », explique ainsi Pierre Laurent, signataire du texte alternatif qui avait recueilli 18 % en janvier. « Qu’on élargisse et qu’on travaille avec d’autres, si c’est avec le mouvement social, les citoyens, les associations, les féministes, les jeunes engagés dans le mouvement climat… ça me va bien. Qu’on aille draguer du côté de l’aile droitière du PS, ça ne me convient pas du tout », estime aussi Marie-France Ghersi, secrétaire départementale de l’Yonne, qui souligne les inquiétants sondages récents sur la progression du RN.

« On en ressort avec un discours extrêmement ambigu sur ce qu’on va faire de la construction existante, la Nupes. Elle a des limites, tout le monde le dit au Parti communiste. Comment on les dépasse ? Nous n’avons pas abordé cette question », ajoute Pierre Laurent, qui quitte le Conseil national du PCF qu’il présidait. Un choix personnel, après cinquante années d’engagement, mais l’ancien secrétaire national du PCF n’en est pas moins inquiet quant à la composition de l’instance élue lundi matin : « J’invite la future direction à ne pas abîmer la liberté de parole et de débat qui fait la vitalité du Parti communiste. » « Le Front populaire auquel nous appelons est d’ores et déjà dans la rue. Cet appel est totalement abstrait, puisqu’il n’exprime pas comment traiter les difficultés réelles que rencontre la Nupes, ni comment permettre de dépasser les seules logiques de cartel politique », juge, pour sa part, Frank Mouly, également signataire du texte alternatif, comme de celui « Pour un printemps du communisme » présenté en 2018, qui alerte sur la « disparition » de sa « sensibilité » au sein des instances de direction.

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Le quotidien « Le Figaro ». Source (extraits)

« L’unité ne se fait pas avec des lance-flammes ou des coups de menton », a prévenu le maire de Marseille Benoît Payan à propos des tensions récurrentes au sein de la coalition de gauche Nupes, samedi 8 avril au congrès du PCF.

La veille, le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard avait réclamé aux communistes de « clarifier » leur ligne, après que le patron du PCF Fabien Roussel avait estimé la Nupes « dépassée ». Le mélenchoniste s’était alors attiré les foudres du chef communiste, qui l’avait exhorté à se « mêler de (ses) affaires ».

« L’unité ne se fait pas avec des lance-flammes ou des coups de menton, c’est ce qu’on a décidé de dépasser » pour gagner la mairie de Marseille sous la bannière d’union de la gauche «Printemps marseillais», a professé Benoît Payan auprès de la presse, après un discours devant les 700 délégués communistes.

« L’unité à gauche n’est pas naturelle » mais « la gauche n’accepte pas l’ordre naturel », a-t-il ajouté. « Je plains ceux qui s’incriminent les uns les autres, c’est plus facile de voir nos différences » que de converger, mais à Marseille l’unité « existe parce que l’envie d’être ensemble était plus forte », a conclu l’ancien socialiste.

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Selon « Médiapart ». Source (extraits) Note personnelle : cet article (à lire dans son entier) semble être le plus explicatif de la division intellectuelle de ce parti et lisible-visible lors de ce congrès. MC

  • Un congrès moins consensuel qu’escompté ?

Derrière le résultat écrasant réalisé par la direction du Parti communiste français (PCF) et son secrétaire national, Fabien Roussel, réélu haut la main avec 80,4 % des suffrages le 10 avril à Marseille, des querelles parfois vives ont divisé les sept cents congressistes réunis dans l’hémicycle du palais du Pharo. Lors de cet exercice de démocratie interne à ciel ouvert (les débats ont été diffusés en direct et sont visibles en ligne), où les délégué·es des différentes fédérations ont proposé des amendements au texte de la direction, une ligne de fracture est apparue sur la vision globale du projet communiste.

Durant l’examen de la quatrième partie du texte, intitulée « L’actualité brûlante du projet communiste », deux camps se sont opposés. D’un côté, les partisans de la notion d’« étape » ou de « transition socialiste » (dont beaucoup de militant·es des Jeunesses communistes, qui y avaient consacré une contribution polémique), et de l’autre, ceux qui s’appuient sur la théorie du « communisme déjà là » développée par le philosophe Bernard Friot, dont l’ancien secrétaire national, Pierre Laurent.

« Le congrès précédent était celui qui visait à sortir de l’effacement communiste. Celui-ci confirme cette volonté, et commence à penser les novations dont nous avons besoin pour remplir notre projet : comment renouer avec le meilleur de notre passé, tout en allant au-delà des symboles ? », résume l’économiste Frédéric Boccara, membre de la direction du PCF.

C’est notamment en raison du tournant stratégique survenu lors du congrès de 2018 (où pour la première fois la direction sortante a été mise en minorité, ouvrant la voie à Fabien Roussel) que le texte adopté lors de ce 39e congrès a rejeté le« communisme déjà-là » défendu dans la base commune alternative (le texte des opposant·es à Fabien Roussel), jugé responsable d’une perte de visibilité.

  • Le retour de « l’étape socialiste »

Pour comprendre cette polarisation, il faut se replonger dans l’histoire du PCF, car les deux notions sont très référencées. Dans la sphère communiste, la nécessité d’une « étape socialiste » avant l’avènement du communisme renvoie à une innovation doctrinale associée par les militant-e-s à Georges Marchais – lui-même s’inspirant de Marx, pour qui il fallait « une première phase de la société communiste ». Après le mouvement de Mai 68 et la crise tchécoslovaque, le PCF éprouve le besoin de se distinguer des pays socialistes : « Parce que l’expérience soviétique s’inscrit dans un contexte historique bien déterminé, il serait absurde de prétendre en faire un modèle impératif », écrivait Marchais dans Le Défi démocratique (Grasset, 1973).

Le secrétaire général de l’époque propose alors un socialisme « à la française », dans lequel « les partis d’opposition auront toute leur place » de même que la « propriété privée ». En 1976, lors du XXIIe congrès, le PCF abandonne la « dictature du prolétariat ».

« À partir du moment où l’idée d’un projet plus spécifiquement français est affirmée, quelque chose s’est stabilisé autour du gradualisme : de la démocratie avancée au socialisme, puis au communisme », explique Guillaume Roubaud-Quashie, historien et membre de l’exécutif national du PCF. C’est donc une vision renvoyant à l’époque où le parti affirmait sa singularité et où son objectif central était la prise de pouvoir étatique qui a resurgi dans le débat. Une résurgence qui n’enchante pas Pierre Laurent : « C’est une conception datée qui renvoie en permanence le communisme à une utopie lointaine, par des étapes. On s’est débarrassé des modèles du socialisme des pays de l’Est, y revenir est une impasse. »

Si, pour l’instant, l’option d’un retour de la notion de « socialisme » (devenue taboue depuis l’effondrement de l’URSS et du « socialisme réel ») n’a pas emporté de majorité – le texte désigne le communisme comme un « processus révolutionnaire [qui] aura le caractère d’une transition vers une nouvelle civilisation », et le Conseil national est chargé de construire un débat sur « les conditions de ce processus » –, la direction du PCF voit le retour de ce lexique d’un œil plutôt bienveillant : « On a dit qu’on ne pouvait pas faire de choix prématuré, on a besoin d’un débat approfondi, mais cette envie témoigne d’une prise au sérieux de la question communiste dans le monde actuel », commente Guillaume Roubaud-Quashie.

Pour les opposant-e-s à Fabien Roussel cependant, c’est un regrettable revirement idéologique.


3 réflexions sur “Tel, le Phénix

  1. bernarddominik 12/04/2023 / 08:58

    Le PCF est il en voie d’italianisation ? Le PCI était le plus important parti communiste en terre capitaliste, il s’est divisé en 2014 en un parti social démocrate et une minuscule gauche communiste, aujourd’hui il n’est qu’un passé glorieux.

    • Libres jugements 12/04/2023 / 11:44

      La question à se poser en vue des prochaines élections présidentielles et législatives est simple : doit-on laisser le rassemblement national (RN) prendre le pouvoir en France ?
      Actuellement, il semble bien que ce gouvernement dirigé par Macron et ses affidés Gérald Darmanin, Bruno le Maire, fait tout ce qu’il faut, ouvrant largement les portes, les esprits, à un vote en faveur de la famille Le Pen.
      LFI ne fait plus la loi au sein de la NUPES. Dans le même temps cette NUPES divisée, réfutant la ligne et consignes de Mélenchon, cherche auprès de ses composants, à se fédérer autour d’un programme social commun. Pourquoi pas, mais le temps presse.

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