La paille et la poutre…

… ou l’inverse !

Cyril Hanouna ne veut pas que l’on touche à son poste, mais lui ne se gêne pas pour dézinguer celui du voisin. […]

Porte-voix de son maître, Bolloré, Hanouna dit toute la détresse du malheureux premier actionnaire d’Europe 1, la radio qui n’arrête pas de voir ses audiences chuter malgré sa prise de contrôle.

Elle est devenue la dernière des généralistes, loin derrière France Inter, avec 2 millions d’auditeurs chaque jour, contre 6,8 millions pour sa concurrente et une publicité en chute libre.

En quinze ans, les recettes de pub des radios privées ont baissé d’un tiers quand celles de Radio France augmentaient d’un quart.

Celles-ci ont atteint 59,8 millions d’euros alors qu’elles étaient censées plafonner à 42 millions jusqu’en 2020.

L’excuse du service public : ce chiffre intègre les parrainages et la réclame numérique, aux contours réglementaires flous.

Serviteur zélé de Bollo Iᵉʳ

Depuis la fin de la redevance, l’été dernier, le privé relance la pression contre cette concurrence.

 Une mission d’information à l’Assemblée nationale sur l’avenir de l’audiovisuel public devrait rendre son rapport en mai, après celui du Sénat. Elle a auditionné, la semaine dernière, Pierre Louette, le patron du groupe Les Échos/­Le Parisien, filiale de LVMH et propriétaire de Radio Classique.

Louette a réclamé « un plafonnement des recettes publicitaires de Radio France », se plaignant justement des « conditions de concurrence déséquilibrées ».

La colère d’Hanouna n’avait donc rien de gratuit.

Il répondait aussi à Rima Abdul-Malak, la ministre de la Culture, qui, après les multiples débordements sur C8 et CNews, avait mis en garde le groupe Canal Plus, propriétaire des deux chaînes : « Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles [auront] respecté ces obligations » (« Le Monde », 16/1).

Le bolloriste Hanouna a aussitôt éructé : « Madame la Ministre, qui parle des fréquences, elle se rend compte du nombre de personnes qu’on fait travailler ? (…) Donc qu’elle y aille mollo l’asticot. »  C’est qui, « on » ?

Pas impressionnée, Abdul­-Malak a confié à quelques parlementaires après la sortie d’Hanouna qu’elle trouvait trop peu sévères (en général) les sanctions de l’Arcom et qu’elle réfléchissait à élargir sa panoplie. Ce à quoi songe aussi (ça tombe bien) la mission d’information de l’Assemblée nationale.

Il ne manquerait plus qu’à l’avenir Hanouna soit vraiment sanctionné quand il dit des conneries… Ironie bien sûre !


Jean-Michel Thénard. Le Canard enchaîné. 25/01/2023


Un rappel : personne n’est obligé de suivre les éructations de ce malandrin. MC


2 réflexions sur “La paille et la poutre…

  1. bernarddominik 29/01/2023 / 14h18

    Je ne regarde jamais C8 et n’écoute pas Europe 1. Mais m’as crainte est que le gouvernement ne limite les ressources de l’audiovisuel public pour permettre au privé de remonter son audience et ses recettes. Hanouna, pour moi, c’est le comble de l’autosuffisance et de l’enflure.

    • Libres jugements 29/01/2023 / 14h49

      Bien évidemment, Bernard, c’est le cas, d’ores et déjà, pour le budget destiné à l’audiovisuel public. Il est englobé dans le budget générale et chaque année, bien déterminé en début d’année budgétaire, mais son montant réel en fin de cycle, est tout autre. Comme d’ailleurs l’est le budget de la culture qui selon Malraux devrait être au minimum de 1 % du budget national. Ajoutons, comme le sera à l’avenir, le budget de la sécu, maintenant englobé dans le budget national.
      Comme chacun le sait, priver les uns et les autres d’une bonne information, ne pas faciliter l’accès à une culture digne de ce nom, permet de garder bon nombre de personnes à un niveau d’abêtissement permettant de lui ingurgiter ce qui sied au pouvoir.
      Michel

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