Le nucléaire…

… l’indésirable utile.

Un débat national sur la relance du nucléaire se tient jusqu’au 27 février en ligne et lors de réunions publiques. Pros et antinucléaires sont face à face.

Reportage au Tréport, en Normandie, où le projet d’EPR2 fait quasiment l’unanimité contrairement aux éoliennes en mer.

« Tout peut être dit. Tout le monde peut s’exprimer, qu’on soit pour ou contre. »

Le maire communiste du Tréport (Seine-Maritime), Laurent Jacques, fixe les règles du jeu, ce jeudi soir, en introduction de la sixième réunion publique organisée dans le cadre du débat public sur le projet de relance du nucléaire en France.

Les échanges sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) nourriront le projet de loi de programmation de l’énergie et du climat. C’est ce texte qui décidera ou non de construire les six réacteurs nucléaires EPR2 annoncés par Emmanuel Macron en février 2022.

La réunion du Tréport, consacrée au travail et à l’emploi, se déroule en terrain conquis. Le petit port de pêche normand est situé à une quinzaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Penly, où sont prévus les deux premiers EPR2.

Avec à la clef 10 000 emplois au pic du chantier et de grosses retombées fiscales pour une région déjà très favorable au nucléaire. Le site avait été pressenti pour accueillir l’EPR de première génération finalement implanté à Flamanville (Manche).

« L’antithèse du parc éolien qu’on veut nous imposer »

La plupart des 150 participants au débat sont des pro-nucléaires convaincus, à l’image du maire. « Je suis favorable à ce projet qui produira une énergie décarbonée, fiable et à moindre coût, avec une filière française et locale », lance Laurent Jacques. Au Tréport, les réacteurs EPR2 font quasiment l’unanimité.

À l’inverse, les Tréportais sont vent debout contre le parc de 62 éoliennes au large qui devrait voir le jour d’ici 2026. « Les EPR2 c’est un peu l’antithèse du parc éolien qu’on essaie de nous imposer », avance le maire.

« Le nucléaire, on vit avec depuis 40 ans. À part des écologistes bornés, on ne peut qu’être pour », commente après la réunion Carmen Bilon, qui préside l’association Sans éoliennes off­shore à l’horizon. La Tréportaise de 79 ans aimerait bien proposer un « deal »-à Emmanuel Macron : les EPR2 contre l’abandon du projet éolien. « On ne peut pas tout avoir : le nucléaire, les éoliennes en mer et sur terre. Ça va coincer », dit-elle.

En ce jeudi, la septuagénaire est à la même table qu’un couple de militants dieppois, très engagés dans la lutte contre Penly, qui se sont sentis un peu isolés. « On se croirait à une grand-messe du nucléaire, face à des dévots de l’atome. Il y a un déséquilibre des temps de parole », déplorent Richard et Françoise Kobylarz, qui représentent l’UFC Que-Choisir et France Nature Environnement

« On donne les clefs du territoire à EDF »

« Les élus dans la salle veulent tous avoir leur part du gâteau. On est en train paresseusement de donner les clefs du territoire à EDF », s’inquiètent-ils. Les premières réunions publiques ont rassemblé jusqu’à 300 participants et 1 000 personnes en ligne. « Il y a beaucoup plus de participation que dans les débats publics habituels », constate Michel Badré, président de la commission particulière chargée d’organiser le débat national.

Le sujet passionne-t-il les Français ? « Les gens qui viennent c’est souvent parce qu’ils ont dé­jà une opinion, soit très pour, soit très contre. Les assistances sont très clivées », observe l’ingénieur retraité qui s’est occupé de la médiation de Notre-Dame-des-Landes en 2017.

Les débats ne sont pas toujours sereins. En décembre, une représentante de Greenpeace a été violemment prise à partie après la fin de la réunion près de Penly. Pour toucher un public plus large, les organisateurs recueillent l’avis d’un panel de citoyens tirés au sort et d’étudiants ainsi que de personnes en difficulté suivies par ATD Quart-Monde.

La commission en charge du débat rendra son rapport fin avril. « Notre rôle ne sera pas de dire si le projet d’EDF est bien ou pas, ni s’il faut le faire ou non. Par contre, on devra rapporter tous les avis qui se sont exprimés et les questions apparemment non résolues », explique Michel Badré.


Luc Chaillot – Le Dauphiné Libéré. 17/01/2023


Une réflexion sur “Le nucléaire…

  1. bernarddominik 18/01/2023 / 17h51

    D’abord les epr ça ne marche pas et le prix annoncé doit être multiplié par 2 ou 3. Il faut mieux réfléchir les sites pour les éoliennes, la force de la marée est peu utilisée. Macron a mené EdF et les énergies renouvelables au bord du désastre pour mieux nous imposer le lobby du nucléaire, malheureusement à force de tergiverser la France a perdu les compétences: on ne forme plus d’ingénieurs vu qu’on n’a plus d’industrie. Depuis Miterrand tout à été fait pour tuer l’industrie et me savoir faire. La France était leader dans le soudage (soudure autogène création française) et dans le laser industriel (j’ai travaillé à la SAF il y a 40 ans leader dans ces technologies), et on a tout vendu à l’Allemagne et aux usa.

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