Mettre un Pare-Feu

Mc Kinsey et règlements de comptes.

L’affaire McKinsey est-elle en train de devenir le « sparadrap » qui va empoisonner le second quinquennat de Macron ? C’est la crainte qui règne en haut lieu, où l’on tente d’installer des pare-feu.

Première ligne de défense : jouer les indifférents, ou ceux qui n’ont rien à se reprocher. C’est ce qu’a fait Macron lui-même, au lendemain de l’ouverture par le Parquet national financier de deux enquêtes sur l’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes présidentielles de 2017 et 2022. En marge d’un déplacement à Dijon le 25 novembre, le chef de l’Etat assure ne rien craindre, jugeant « normal que la justice fasse son travail ›,. « Normal», sûrement, mais ces enquêtes vont lui pourrir la vie.

La preuve, Bruno Le Maire, deux jours plus tard, met les pieds dans le plat. Sur France 3, il reconnaît qu’il y a eu « des abus » dans le recours par les ministères aux cabinets de conseil comme McKinsey ou Capgemini, précisant aussitôt que cette tendance est aujourd’hui « corrigée». A en croire un ministre de premier plan, Le Maire visait aussi bien Macron qu’Edouard Philippe, lequel, « à Matignon, avait fait appel à McKinsey pendant la crise du Covid ». Ce que l’ancien Premier ministre assume d’ailleurs, comme il l’avait déclaré le 31 mars dans un entretien au « Parisien ».

Mais la sortie du ministre de l’Economie passe mal dans les premiers cercles de la Macronie. Dès le lendemain, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, tacle, sur RTL (28/11) : « Je ne sais pas ce que c’est qu’une dérive ou un abus. »

Et, le soir même, lors de la réunion hebdomadaire avec les responsables de la majorité parlementaire, Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, serre les boulons. « Il est hors de question de laisser penser qu’il y a eu de quelconques abus ! tonne-t-il. Personne ne doit parler d’abus, parce que c’est faux. » Et le même de donner les éléments de langage :

« Les comptes de campagne ont été validés. On s’est largement expliqués pendant la campagne présidentielle. On a fait beaucoup moins appel aux cabinets de conseil que les gouvernements précédents, et même que les grandes entreprises. » Ce sera à vérifier…

Il n’est pas interdit de penser que Le Maire, en visant Philippe, avait en tête la compétition qui s’annonce pour la présidentielle de 2027. « Mais, s’il a connaissance d’abus et de dérives, grince un dirigeant macroniste, il a le devoir d’aller trouver les juges pour leur dire ce qu’il sait. »

Pour un peu, Le Maire serait déclaré traître à la Macronie…


Article non signé lu dans le Canard enchaîné du 30/11/2022


Une réflexion sur “Mettre un Pare-Feu

  1. bernarddominik 02/12/2022 / 11h47

    Que Veran ne sache pas ce qu’est un abus ou une dérive rien d’étonnant : on s’en est rendu compte quand il a remplacé Buzin. On se demande à quoi servent ces milliers de conseillers et spécialistes s’il faut faire appel aux cabinets privés. En plus si les résultats sont nuls.

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