Accord de façade … et « tour de vis à venir » …

Après 4 jours et 4 nuits de discutailles, après un accord en trompe-l’œil, la vérité va bientôt éclater qui verra plusieurs états dans la France serrer la vis à sa population créant ainsi des grands de pauvreté tout cela par la grâce d’accord européen qui privilégie les organismes bancaires. MC

ACCORD Européen – Hourra ! Cocorico ! – L’Europe est sauvée !

Ce fut « un jour historique pour l’Europe », selon Macron. « La naissance d’une nouvelle Europe », dixit Bruno Le Maire.

Les négociations sur l’« historique » plan de relance post-Covid des Vingt-Sept devaient durer deux jours. Elles se sont éternisées quatre jours et quatre nuits, et resteront parmi les marchandages de tapis les plus mémorables de l’Union.

Après les prolongations de dimanche, Merkel et Macron en ont été réduits, lundi soir, à tirer les penaltys face à un impayable gardien de but néerlandais, Mark Rutte, solidement encouragé par ses arrières danois, autrichien, finlandais et suédois. Avec une équipe pareille, l’Union peut affronter sans trembler une deuxième vague !

Revigoré, paraît-il, le couple franco-allemand avait mitonné la recette d’un gâteau de 750 milliards d’euros à partager, dont 500 milliards de subventions aux pays amis les plus meurtris par le coronavirus, le reste étant distribué sous forme de prêts.

A l’arrivée, le mur scandinave a fait retomber le soufflé à 390 milliards de subsides (et 360 milliards d’emprunts). Et les « frugaux » ont arraché des rabais en hausse de 22 % à 138 % sur leurs contributions au budget européen pour les sept prochaines années. Magique, qu’on vous dit !

Ceux qui rêvaient déjà d’une grande Europe solidaire, fédérale tant qu’à faire, après une crise sanitaire inédite ont dû affronter une réalité plus prosaïque : ce week-end, l’Union ne valait guère mieux qu’une vieille famille d’aristocrates qui, après la tempête, s’étripe sur les frais de réparation du château.

Les neveux ne veulent pas payer parce que, après tout, ils n’y passent que deux semaines de vacances par an. Les petits-enfants pensent que ce sont aux enfants, arrivés avant eux, de raquer.

Lesquels exigent que les parents prospères allongent la monnaie. Mais eux savent bien que leur générosité sera mal utilisée…

C’est aussi le moment où les vieux clichés remontent à la surface chez les grands de ce monde comme au café du Commerce.

Vus de la mer Baltique, les pays du Sud, fainéants et dépensiers, vont encore profiter des pays du Nord, bosseurs et économes. Vus de la Méditerranée, les rapiats nordistes vont, comme toujours, exploiter les masses laborieuses sudistes, alors qu’ils sont trois fois moins nombreux.

A tous les coups, l’Italien, certes très affaibli par le Covid, va tricher avec les milliards de l’Union. Quant au Hollandais, il est capable de planquer sa fortune dans le pare-chocs de sa caravane pour faire croire qu’il est à sec.

Un diplomate français, malheureusement anonyme, a même poussé ce cri du coeur, dans « Le Figaro » (21/7) : « A la place de Rutte, j’éviterais de prendre des vacances dans un pays du sud de l’UE cet été. » Bienvenue, camarade !

Avec leurs caisses vides et leur règle d’or de l’unanimité, les Vingt-Sept sont tout aussi infoutus de tenter la moindre harmonisation fiscale, pour taxer les Gafa comme il se doit, par exemple.

Les paradis fiscaux continuent même de couler des jours heureux, au beau milieu de l’Europe, solidement protégés par… la loi euro­péenne.

Le Tribunal de l’Union, qui vient de remballer la Commission pour avoir osé demander à Apple de rembourser 13 milliards d’euros d’arriérés d’impôts à l’Irlande, l’a cruellement rappelé. Google, Apple, Facebook et Amazon peuvent continuer, tranquillou, de rapatrier leurs milliards en Irlande, au Luxembourg ou à Amsterdam, en y payant des clopinettes.

Une étude de l’OCDE vient de montrer que, lorsque les Pays-Bas encaissent 3 milliards d’impôts, ils créent un manque à gagner de 20 millions chez leurs voisins.


Christophe Nobili (éditorial). Le Canard enchaîné. 22/07/2020


2 réflexions sur “Accord de façade … et « tour de vis à venir » …

  1. bernarddominik 23/07/2020 / 16h33

    Macron s’est encore fait bananer, c’est un piètre négociateur, plus attaché à l’effet d’annonce qu’au contenu. En baissant leur contribution au budget de l’UE, les plus riches ont réussi ce tour de passe passe de faire plus payer les plus pauvres pour financer les aides décidées. 750 milliards sur 27 pays ça fait pas grand chose. Ainsi sur les 40 milliards que recevra la France elle en financera 66. Et le coût global pour la France sera de 127 milliards (17% de 750 milliards). Le côté positif est que, probablement, la BCE financera 390 milliards par la planche à billets, du moins si les latins conservent son contrôle, ce qui n’est pas sur. Je suis toujours surpris par le ton triomphal avec lequel Macron annonce de minuscules progrès, payés à un prix exagéré.

  2. jjbey 23/07/2020 / 18h18

    La cigale ayant chanté tout l’été…….Au petit jeu de je te prête de l’argent à condition qu’il passe par les circuits financiers il y en a qui vont se faire du beurre en dormant. J’emprunte à 0% au près de la BCE et je prête à 2% sur 360 milliards ça fait tout de même 7,2 milliards. Un petit bureau et peu de personnels suffisent à gérer cette affaire……Le reste sous forme de subvention à des entreprises qui n’auront aucun compte à rendre et qui ne se priveront pas de réduire les effectifs. Non? Air France, Renault………

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