Services d’Urgences : « des sous, des lits, des soignants »

Rassemblés devant l’agence régionale de santé (ARS) à Nantes, les personnels des services d’urgences de la région Pays de la Loire (Château-Gontier, Angers, Saint-Nazaire, Nantes, etc.) ont dénoncé le manque de moyens et appelé à une « généralisation de la grève ». […]

Le collectif inter-urgences et l’intersyndicale, devant leur agence régionale de santé ont réclamé « Des sous, des lits, des soignants ! » devant les grilles, avant de brûler symboliquement ses diplômes, soutenue par des dizaines de citoyens et de gilets jaunes.

[…] … les mesures « pansements » annoncées la semaine dernière par la ministre de la Santé Agnès Buzyn n’ont pas apaisé la colère. Tout comme la rencontre, ce jeudi, avec la direction de l’ARS qui n’a débouché sur aucun engagement concret. À l’exception de la création d’une « cellule estivale pour éviter les tensions », a expliqué Olivier Terrien […] du CHU de Nantes.

Les manques de lits ou de personnels seront discutés établissement par établissement, mais, ajoute le syndicaliste, à « enveloppe constante ». Ainsi, ce qui sera mis en œuvre pour les urgences sera pris dans les autres services, analyse Vincent Jouanneau, […] du CHU d’Angers.

« Une goutte d’eau », a réagi Mikaël, infirmier au service des urgences de Saint-Nazaire, qui décrit des hôpitaux en « hypertension ». « Tous les jours, nous sommes en réunion de crise pour trouver des lits. Les chambres prévues pour deux sont occupées parfois par trois patients. C’est un jeu de chaises musicales quotidien. Hier midi, quand j’ai pris mon service, il y avait zéro lit de disponible », explique Anne. De telle sorte que « le temps de présence aux urgences a augmenté de 25 % en une seule année », ajoute Mikaël. […]

[…] Début mai, ce sont les sept arrêts de travail non remplacés, dont plusieurs arrêts longs pouvant être anticipés, qui, à Angers, ont mis le feu aux poudres. Idem en pneumologie, autre service en grève, où 10 salariés arrêtés n’ont pas été remplacés. « Tout le monde est épuisé, je suis là depuis 1992 et je n’ai jamais vu ça », affirme cette infirmière.

Dans quelques jours, infirmiers et aides-soignants devraient recevoir le soutien des médecins, expliquent les participants au rassemblement. Jusqu’à présent fermée, « notre direction a enfin ouvert des négociations, nous avons reçu une convocation ce lundi, sans doute à la suite de ce qui s’est passé ce week-end » à Angers, explique Nadia, faisant référence au décès d’un homme qui, jugeant son attente trop longue, est mort en se rendant dans un autre établissement de santé. « Mais si c’est pour nous présenter des réponses partielles, à savoir 2 équivalents temps plein quand nous en exigeons 15, cela ne servira à rien », poursuit-elle.

À Nantes, la direction est de son côté « passée en mode chantage », affirme Patrice Le Luel, […] du CHU Nantes. Elle propose la création de dix postes « équivalents temps plein », mais à la condition « d’abandonner la grève et le préavis, alors que ces recrutements ne seront effectifs qu’en 2020 », explique le syndicaliste.

Démarré il y a trois mois en région parisienne, le mouvement ne cesse de faire tache d’huile. […] Conscients que leur nombre fait leur force, les grévistes ont voté, à la fin du rassemblement, « la généralisation de la grève ».

 « La ministre avait sous-estimé notre capacité de mobilisation », s’est réjoui Christophe Le Tallec, délégué régional du collectif inter-urgences. « Elle nous a distribué des miettes, à nous d’aller chercher le reste ! » a lancé à la foule un membre de la délégation.


Clotilde Mathieu. Titre original : « Urgences. Les grévistes exigent « des sous, des lits, des soignants ». Source (extrait)


3 réflexions sur “Services d’Urgences : « des sous, des lits, des soignants »

  1. bernarddominik 23/06/2019 / 17h41

    Je ne sais si c’est vrai mais j’ai lu que chaque année l’état encaissait 21 milliards d’euros dus à la sécu, taxes sur le tabac, l’alcool, réductions de charges non compensées. Celà expliquerait le manque de moyens des hôpitaux mal rémunérés pour leurs actes. D’autre part il existe des incohérences dans la gestion des hôpitaux: la facture arrive de Lille un bon mois après l’acte, et le paiement doit être fait par chèque envoyé à Lille et souvent encaissé plusieurs mois après. Les services comptables des hôpitaux sont dédoublés à cause de ce système car l’imputation comptable est faite par l’hôpital local après avis du centre de perception de Lille. A ça rajoutons le double accueil, d’abord à l’arrivée où il faut d’inscrire, puis dans le service spécialisé. On comprends alors qu’il faille autant d’administratifs que de soignants. L’hôpital est étranglé financièrement par cette triple contrainte: actes sous évalués, paiements tardifs, administration inadaptée. Il faut aussi savoir que les hôpitaux d’outre mer font la moitié du déficit des hôpitaux français, pour une population bien plus faible.

  2. bernarddominik 25/06/2019 / 8h31

    Ma femme est infirmière dans un hôpital marseillais.

    Dans son service il y a un cadre de santé pour 2 infirmières dont une à mi temps.
    Il n’est ni infirmier ni médecin, son seul job c’est encadrer ces 2 infirmières, autant dire qu’il n’est pas fatigué à la fin de la journée. Et on s’étonne que l’hôpital n’arrive pas à boucler ses fins de mois!

    • Libres jugements 25/06/2019 / 16h08

      Bonjour Bernard,

      je prends acte de votre commentaire.
      Certes il peut exister des failles dans l’organisation des hôpitaux.
      Pourtant nous parlons là dans l’article des grandes difficultés rencontrées par les services d’urgence.

      Bien qu’il ne s’agisse pas d’expériences vécues dans l’utilisation des services d’urgence, à titre d’exemple nous habitons à 35 km de l’hôpital qui il y a encore 5 ou 6 ans, pratiquait l’ensemble de la médecine et chirurgie dans ses locaux. Suivis pour des problèmes de santé, dans cet hôpital depuis plusieurs années, nous avons pu constater la dégradation des services rendues, la perte de chirurgiens et médecins spécialisés induisant la fermeture pure et simple de certains services.
      Au résultat. D’abord une période d’attente avant d’obtenir un rendez-vous auprès de spécialistes, même en urgence, de l’ordre de 3 à 4 mois n’ont pas à 35 km (hôpital d’Aubenas) de notre lieu de résidence, mais à près de 65 km (l’hôpital de Montélimar) si toutefois il y a des places possibles (le territoire géographique de Montélimar couvre une partie de l’Ardèche et Drôme sud, mais aussi une partie du Vaucluse Nord) sinon c’est l’hôpital de Valence a près 130 km … quant à la cancérologie c’est directement Saint-Étienne, Lyon ou Montpellier.
      Aussi pour répondre à votre commentaire, peut-être que le cadre de santé est inutile dans le service où exerce votre femme, mais même en le supprimant ce n’est pas lui qui améliorera les soins, n’ont pas de proximités, mais relativement proches des lieux de résidences ruraux.
      En toute cordialité.
      Michel

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