Retraite, un foutoir organisé d’abord, avant le « ouf », c’est moins destructeur que prévu !

En confirmant qu’il ne touchera pas à l’âge légal de la retraite, les fameux 62 ans , Emmanuel Macron [entendrait mettre] fin à la cacophonie qui régnait depuis plusieurs semaines dans les rangs du gouvernement et de la majorité. Sauf que cette annonce est en apparence du même type « que nous ne fermerons aucune école publique » (mais des classes oui), « aucun hôpital public » (mais on déshabille bon nombre de services, on ferme bon nombre de lits, en un mot comme en cent, ne reste que les murs des hôpitaux de proximités, le transfert dans une seule grosse unité régionale et en marche).

En optant pour un allongement de la durée de cotisation (parce que les Français doivent « travailler davantage » pour financer les baisses d’impôts [sa bien évidemment Emmanuel n’en à rien dit !]), le chef de l’Etat a annoncé des mesures pour retarder les départs à la retraite dès 2020, soit cinq ans avant la mise en place du régime universel par points .

  • Premier axe : l’instauration d’un mécanisme de décote-surcote additionnel d’ici à 2025, même si seul le mot décote a été évoqué durant la conférence de presse, jeudi dernier.

Un tel mécanisme existe aujourd’hui dans le régime de base.

  • Pour toucher une retraite à taux plein il faut avoir atteint 62 ans et cotisé au moins 41,5 années (43 ans à terme). En deçà, la pension est minorée de 5 % à vie. Au-delà, elle est majorée du même montant. Les personnes concernées ne sont pas très nombreuses et les départs à la retraite sont massifs vers les 63 ans, une fois le taux plein atteint.

Âge pivot

  • En plus de cela, le gouvernement réfléchit à l’instauration, dès 2020 et par étapes jusqu’en 2025, d’un âge de référence ou « pivot », qui pourrait être de 64 ans, chiffre cité par Emmanuel Macron.
  • A la clef, un deuxième mécanisme de décote-surcote (1) pour inciter à partir plus tard, et des milliards d’économies assez rapidement. Ce mécanisme pourrait tourner autour d’un coefficient de 4 % par an, selon de savants calculs basés sur l’espérance de vie.
  • Autre scénario sur la table, que ce coefficient ne s’accentue vers l’âge pivot pour diminuer quand on s’en éloigne.
  • Autre point important : contrairement à ce qui a été fait pour les régimes complémentaires Agirc-Arrco, décote et surcote seraient viagères et non pas temporaires. Pas plus qu’elles ne seraient liées au taux plein, une notion là encore qui n’a plus de sens avec un système à points.
  • Accélération de la réforme Touraine Tout cela pourrait aller de pair avec une accélération de la réforme Touraine, qui prévoit le passage de 41,5 à 43 années de cotisation d’ici à 2035.
  • Au lieu d’un trimestre supplémentaire tous les trois ans, on pourrait passer à un trimestre tous les ans à compter de 2021. Les 43 ans seraient donc atteints en… 2025 !
  • Au-delà de cette date et donc de l’entrée en vigueur du régime par points, le gouvernement n’écarte pas la possibilité de conserver la notion de durée de cotisation.
  • Tous les leviers pour retarder l’âge de départ seront en tout cas en place et opérationnels.

 Le chef de l’Etat a donné deux mois au gouvernement pour affiner et chiffrer chaque scénario, avant la présentation du projet de loi retraite, en juin a priori


Alain Ruello, Les Echos. Titre original : « retraites : les plans du gouvernement pour retarder les départs dès 2020 ». Source (extrait)


  1. Voir l’article sur ce même blog, expliquant que la décote-surcote (un leurre) n’existe pas puisque jamais promulgué.

4 réflexions sur “Retraite, un foutoir organisé d’abord, avant le « ouf », c’est moins destructeur que prévu !

  1. bernarddominik 30/04/2019 / 16h31

    Il faut arrêter de se faire des illusions, les français sont parmis ceux qui ont le plus de longévité, ils ne peuvent être ceux qui partent le plus tôt à la retraite sans mettre en cause l’équilibre du système par répartition. Les modalités devraient tenir compte de l’espérance de vie par profession, mais je n’ai pas l’impression que Macron soit sensible à ce genre d’argument.

    • Libres jugements 30/04/2019 / 17h00

      Je pourrais vous répondre Bernard qu’à la limite avec mes 78 ans et 20 ans que je reçois une retraite qui même si elle n’est pas revalorisée, n’est pas dans la catégorie des indécentes mais sans plus et en faisant un attention, je ne puis dire être dans la tranche des pas malheureux.

      Mais cette attitude serait contraire à mon d’éducation et ma façon de penser et pas uniquement parce que je pense à nos enfants et petits-enfants, mais également à l’ensemble des personnes qui vont dans quelques mois, années se retrouver à la retraite avec des montants tellement ponctionnés que cela ne leur permettra pas de vivre décemment une retraite paisible.
      Ce d’autant plus que les inégalités sont de plus en plus criantes et qu’ensuite il est faux de dire que le régime de la sécurité sociale des retraites est déficitaire, bien au contraire … mais par une astucieuse manœuvre comptable incluant le régime retraite dans le régime général comprenant le régime de la santé (hôpitaux, soins,etc.), qui lui, est bien déficitaire (la faute ou matériel médical vendu à des prix exorbitants tout comme certains médicaments, etc.).

      De toute façon la volonté est de sortir la sécurité sociale du budget national (alors qu’il n’y était pas inclus en 1945 et géré par un collège syndicats patronat), pour le faire passer dans le privé, avec toutes ces offres commerciales et fonds de pension à l’affût de juteux bénéfices.

      À quel moment le peuple va craquer, sortir de ses gonds… rien n’est prévisible lorsque le trop c’est trop, ça fait peur!

  2. bernarddominik 01/05/2019 / 21h35

    Bonjour Michel,
    Tu as tout à fait raison, si ce n’est que le déficit de la CARSAT n’est pas dû à l’assurance maladie, il s’agit de deux comptes bien distincts, mais à la compensation entre caisses de retraite liée à la diminution des cotisants dans les autres caisses, cette compensation permet au régime agricole, au régime des cheminots…. de payer les retraites alors que les cotisants sont moins nombreux que les retraités, mais aussi la solidarité en assurant le minimum vieillesse à des retraités qui ont très peu cotisé. Dire que nos enfants n’auront pas de retraite c’est faire le lit des assureurs privés qui font leur beurre avec ce type d’affirmation. Il n’y a aucune raison pour que les retraités par répartition ne fonctionnent plus, et autant nous nous battrons pour maintenir les retraites à un niveau correct autant nous les assurerons. Mais pour que ce système perdure il faut 2 choses: qu’il soit juste, qu’il soit équilibré entre cotisations et pensions. Ce qui signifie que l’âge de départ à la retraite dépend de l’espérance de vie. Et l’ignorer c’est offrir une autoroute aux financiers et assureurs. Il ne faut pas seulement être responsable, il faut être réaliste.

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