Une américaine aurait vécu « l’enfer diététique français » …

Une journaliste américaine a tenté de vivre les habitudes alimentaires françaises en les conciliant avec son train de vie aux États-Unis. [À la fin de l’article il est possible de se poser réellement la question envers tous les Pizza Hut, McDo, KFC, Burger King, Quick, Subway, etc. qui sont le constituant de biens des repas d’une partie de la jeunesse (mais pas que – parce les prix sont extrêmement concurrentiels). Ces chaines de restaurations rapides, contribuent à rendre une population en excès de poids d’une part et active l’individualisme comportemental au sein des familles. MC]

Je suis américaine et j’ai mangé comme les Français pendant une semaine – j’ai compris à quel point nos régimes alimentaires étaient différents.

Même si ce n’est pas flagrant, les cultures française et américaine sont différentes à de nombreux égards. En France, les mariages, l’éducation des enfants et même le service dans les restaurants n’ont souvent rien à voir avec les habitudes américaines. Le régime alimentaire ne fait pas exception.

Avant de me lancer dans cette expérience, je me suis penchée sur les distinctions entre les habitudes françaises et américaines, et j’étais persuadée que suivre le régime traditionnel français ne poserait aucun problème. Après tout, il n’y a pas de règles strictes et ce serait une bonne excuse pour manger plus de pain et de fromage. Mon projet semblait infaillible.

Pendant une semaine, j’appliquerais donc les directives suivantes :

  • Prendre des repas moins copieux.
  • Choisir des produits frais plutôt que des plats préparés.
  • Éviter les distractions pendant le repas.
  • Marcher dehors au lieu d’aller au club de gym.
  • Ne pas se priver de dessert.

Premier jour : faire les courses ? Pas si facile !

En France, les gens font leurs courses au marché plutôt que dans de grands supermarchés. Mais comme l’hiver se prolonge dans ma région des États-Unis, aller au marché n’est pas envisageable. À la place, je me rends dans un magasin Sprouts [qui signifie “pousse” ou “germe”], une chaîne de supermarchés bio.

J’achète des fruits et légumes, du pain frais, des fruits de mer et du fromage. Je fais de mon mieux pour ne choisir que des produits frais. C’est déjà un défi, car je mange beaucoup de légumes surgelés. Mon planning est souvent imprévisible et je déteste jeter des produits frais quand je n’ai pas eu le temps de les consommer, alors je choisis des surgelés. Mais pour cette semaine, j’ai préparé des menus complets dans l’espoir que rien ne finisse à la poubelle. […]

Deuxième jour : ne pas déjeuner à mon bureau

Je commence la journée par un petit déjeuner traditionnel français : du pain et du beurre, de la confiture et du fromage (du gournay).

Pour les Français, il est indispensable de savourer les repas. Il faut donc éviter les distractions, prendre son temps et faire du repas un moment convivial. Me voilà mal partie.

En général, je déjeune à mon bureau sans m’arrêter de travailler. Pour vraiment manger comme les Français, il faudrait perdre cette habitude. Je choisis de nouveau un “petit déjeuner” composé d’œufs, de tartines, de légumes et d’un yaourt, que je mange dans la salle de repos au travail. Au lieu de rester seule, mes écouteurs dans les oreilles, je passe un moment agréable à discuter avec un collègue. Bavarder multiplie par deux le temps de ma pause déjeuner, mais c’était l’objectif, non ?

Le soir, je prépare une version de la ratatouille et des tartines grillées et beurrées – un repas délicieux et consistant. Mon mari et moi dînons généralement sur la table basse en regardant la télé, mais cette fois-ci nous décidons aussi d’éviter les divertissements. Nous discutons de notre journée et des prochaines vacances.

Troisième jour : un faux pas très américain

Je mange la même chose au petit déjeuner une bonne partie de la semaine, car j’ai lu que les Français ne faisaient pas beaucoup varier ce repas.

Je suis en réunion toute la journée, alors mon chef fait livrer le déjeuner. Heureusement, ça signifie que je peux prendre mon repas tout en continuant à discuter avec mon équipe. Malheureusement, ils veulent commander des hot-dogs gastronomiques – mets américain s’il en est. Je ne veux pas gâcher la fête en proposant autre chose, alors je me rappelle un autre élément clé du régime français : manger de tout, mais avec modération. Au lieu de rester sur un sentiment d’échec, je me promets de me rattraper au dîner.

Je choisis un menu copieux qui serait validé par un Français : des steaks d’espadon, des asperges avec des oignons et des champignons, des patates douces et du pain de campagne.

Quatrième jour : le retour du déjeuner à mon bureau

Une fois de plus, je suis coincée à mon bureau à l’heure du déjeuner, alors j’achète une salade composée. Elle est délicieuse, mais je n’ai que trente minutes pour l’engloutir entre deux réunions.

Le soir, ce n’est pas mieux. Mon mari travaille tard, alors je me prépare des pâtes et je mange seule. Je sais, j’aurais pu tenter d’inviter un ami à la dernière minute ou aller au restaurant, pour au moins être en société. Mais après une longue journée, je veux surtout rentrer chez moi. Je mange seule et, oui, j’allume la télé.

Je comprends que suivre le “style de vie français” n’est pas aussi facile que je le pensais, car mon organisation va fondamentalement à l’encontre de ces habitudes. À moins de réaménager ma journée de travail et de prévoir quelques soirées entre amis, je ne m’en sortirai pas.

Cinquième jour : je ne me sens pas bien

Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais je commence à en avoir marre du pain. Même si c’est l’un de mes aliments favoris, suivi de près par le fromage, je n’en mange pas tant que ça. Je ne digère pas toujours très bien le pain, et cette expérience me le rappelle. Au cinquième jour, je suis prête à reprendre mon régime habituel sans pain.

Quelque chose me déstabilise aussi mentalement. Je somnole plus qu’à l’accoutumée, ce qui est sûrement dû à l’excès de glucides, et j’ai tout le temps faim. Ce jour-là, je déjeune deux fois sans le faire exprès. À 10 heures, je meurs de faim et je mange des œufs, des pommes de terre rôties et des fruits. De nouveau affamée à 13 heures, j’enchaîne avec une salade de pousses d’épinards, des légumes poêlés, des haricots noirs et de la purée de pommes de terre.

Après le travail, je n’ai qu’une envie, aller au club de gym. Mais comme les Français favorisent le sport en plein air, je vais faire un jogging sur un chemin près de chez moi. Pour le dîner, je prépare des crevettes sautées, du riz, des asperges et des carottes. Au moins, cette journée se termine bien.

Sixième jour : est-ce que je fais tout comme il faut ?

Je sais que je radote, mais une fois de plus, je mange du pain, de la confiture, du beurre et du gournay au petit déjeuner.

Mon problème avec le régime français est le même qu’avec le méditerranéen. Il n’y a pas vraiment de structure, car c’est plus un style de vie qu’un régime alimentaire, et j’ai du mal à savoir si ce que je fais tout au long de la semaine correspond vraiment à ce que feraient des Français.

Septième jour : des pâtisseries pour finir en beauté

Le dernier jour de mon expérience, je me fais un plaisir à la française : j’achète des pâtisseries. Je passe dans une boulangerie française du coin et j’y achète des macarons et un café. Pendant cette semaine, j’ai appris que toute la difficulté de suivre le régime alimentaire français, pour un Américain, n’est pas liée à ce qu’on mange, mais à la façon dont on le mange. […]

Cette histoire m’a quand même rappelé à quel point il est agréable de se balader dehors, alors je vais continuer sur ma lancée avec les beaux jours. Et de temps en temps, je m’achèterai un croissant.


Stephanie Ashe. Le courrier international. Titre original : « Vu des États-Unis. J’ai vécu une semaine dans l’enfer diététique français ». Source (extrait)


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Une réflexion sur “Une américaine aurait vécu « l’enfer diététique français » …

  1. jjbey 24/04/2019 / 19h37

    Manger à la française ce n’est pas se nourrir mais c’est le plaisir de déguster des nourritures saines sans les engloutir en les partageant avec sa famille, ses amis. C’est respecter l’être humain qui doit faire du repas un moment de pause et de convivialité. S’empiffrer de pain entourant de la viande hachée archi cuite enrobée d’une feuille de salade dégoulinante de ketchup ça cale, ça engraisse, mais où est le plaisir ? Je rappelle que le Code du Travail interdit la prise du repas sur les lieux de travail. Quels sauvages ces français.

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