Canal+, c’est « Bolloré la censure »

On se souvient qu’au début de la reprise en main par Vincent Bolloré de la ligne éditoriale de Canal+, une enquête consacrée au Crédit mutuel avait été trappée. Une censure qui avait fait du bruit. C’est sûrement pour éviter ce barouf médiatique désagréable que dorénavant, sur la chaîne cryptée, on veille en amont sur les sujets. En éliminant tout ce qui dérange.

C’est ainsi, a révélé sur le site Arrêt sur images Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur en chef adjoint de la case « Investigation » et délégué syndical SNJ-CGT (ce qui lui permet de sortir de son devoir de réserve), que nombre d’enquêtes ont été refusées par la direction.

À cette sauce-là, on sait ce qui se passe : ce ne sera plus de la censure mais de l’autocensure. Et l’on n’aura bientôt plus que des enquêtes sur la carie dentaire.

Lu dans Politis Page « La semaine » N°1391


 

Volkswagen, renseignement et Nutella :

sujets interdits à la TV de Bolloré

Le message de Bolloré est passé. Le journaliste de Canal+ (Special Investigation) et délégué syndical SNJ CGT Jean-Baptiste Rivoire, ne reçoit « plus aucun projet d’enquête sur le monde bancaire » depuis la censure d’une enquête sur le Crédit Mutuel par Vincent Bolloré.

Mais la banque n’est pas le seul sujet sensible. « On doit aller voir la direction avec nos petits projets et demander la permission de faire nos enquêtes. En gros, sous l’ancienne direction, ça passait à 80 ou 90% des cas. Depuis que Bolloré est sorti des fougères et a manifesté son pouvoir dans l’entreprise, ça se passe beaucoup plus mal« , explique Rivoire sur notre plateau.

Sur 11 sujets d’enquête proposés lors du dernier « comité d’investigation », la direction a ainsi retoqué… 7 sujets, selon le journaliste.

Et il égrène la liste des sujets dont on n’entendra pas parler sur la chaîne cryptée : « Volkswagen, entreprise de tous les scandales« , « Le monde selon Youtube« , « François Homeland » (une enquête sur le président et les guerres), « Attentats: les dysfonctionnements des services de renseignement« , « Les placards dorés de la République » (sur les emplois fictifs dans la haute fonction publique), « La répression made in France » (sur comment la France exporte des matraques électriques, et autres outils de répression, à des régimes pas toujours recommandables), et enfin, « Nutella, les tartines de la discorde« , également refusé. Nutella? Peut être un lien avec le fait que le groupe Ferrro, qui détient la marque de pâte à tartiner, figure parmi les 50 plus gros annonceurs de France (avec, de sucroît, 76% de son budget pub destiné à la TV) ? Dans ce top 50 figurent également… Volkswagen et Google, qui possède Youtube.

Par la rédaction le 14/02/2016 – 13h31 – @rrêt sur images titre original « Canal+ veut moins d’investigation » – Source


La loi sur l’indépendance des médias en débat

Garantir l’indépendance des journalistes, en particulier vis-à-vis de leurs actionnaires: c’est l’objectif affiché de nombre de gouvernements depuis trente ans – pour l’essentiel, des gouvernements de gauche. Après la tumultueuse prise de contrôle de Canal+ par Vincent Bolloré, l’objectif a ressurgi par le biais d’une proposition de loi, laquelle ne vise plus à limiter la concentration des médias mais à les doter de garde-fous déontologiques. Sera-t-elle efficace? Sera-t-elle suffisante?

Arrêt sur images – Source

2 réflexions sur “Canal+, c’est « Bolloré la censure »

  1. Pimpf 24/02/2016 / 13h54

    Tout ceci ne rassure pas sur la qualité et le choix des informations qui sont diffusées via le petit écran aujourd’hui …

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