Faire un « pont »…

… entre les prochaines européennes de 2024
et la présidentielle de 2027

Selon le politologue Bastien François, « le scrutin européen se joue à un seul tour, mais il peut permettre aux partis d’arguer de ce à quoi pourrait ressembler un premier tour de présidentielle, et donc le second ».

Les yeux vers Bruxelles, mais la tête à l’Élysée ?

Le phénomène constitue un nouveau symptôme de la Vᵉ République, qui fait de la présidentielle l’alpha et l’oméga de notre vie politique. « Ce n’est pas propre à cette échéance électorale, souligne le politiste Bastien François. Depuis la fin des années 1970, on observe une nationalisation de toutes les élections, y compris des scrutins locaux comme les municipales, qui sont analysées comme des revanches prises sur la présidentielle.

Pas étonnant, alors, de voir certains partis présenter les élections européennes comme un scrutin national visant à sanctionner la présidence Macron.

Le fondateur de la France insoumise (FI), Jean-Luc Mélenchon, assume « L’élection européenne de 2024 prépare la présidentielle », a-t-il cette fois affirmé à Villepinte au lancement de la campagne insoumise menée par Manon Aubry.

« Comme les élections européennes se tiennent sur une seule circonscription, la France, comme la présidentielle, cela constitue aux yeux des partis une sorte de sondage géant et gratuit. Le résultat donnera énormément de données sur les comportements de vote, avec un biais important : celui de la probable forte abstention », reprend Bastien François

Gonflés à bloc par les sondages, les socialistes se réjouissent. « On ne va pas pleurer alors qu’on est entre 11 et 13 %, sourit un cadre du parti à la rose. La prise de distance avec la Nupes facilite la campagne. Au terme de cette élection, on aura dit que le PS compte, ce qui ne disqualifie pas l’union de la gauche. Au point de se projeter vers une candidature « Glucksmann 2027 » ?

À l’autre bout de l’échiquier politique, le Rassemblement national mise sur le score fleuve que lui promettent à l’heure actuelle les sondages (autour de 30 %) pour accréditer l’idée que les portes de l’Élysée lui tendent les bras. « Le scrutin européen se joue à un seul tour, mais il peut permettre aux partis d’arguer de ce à quoi pourrait ressembler un premier tour de présidentielle, et donc aussi le second », analyse Bastien François.

Si le RN et Renaissance arrivaient loin devant tous les autres, ils n’hésiteraient pas à appuyer le narratif d’un énième duel entre eux dans trois ans. Encore faut-il que les macronistes ne soient pas trop loin derrière.

Dans cette guerre de communication autour des résultats, voire des seules estimations, il ne faudrait pas absoudre trop vite un des principaux responsables : les médias. « C’est avant tout une histoire de récit médiatique, de comment on décide de raconter la politique, rappelle le politiste Bastien François.

C’est très compliqué de comprendre les institutions européennes. Alors les médias préfèrent mettre en avant l’histoire plus vendeuse de la course à la présidentielle, alimentée par des sondages de plus en plus nombreux. Résultat : on n’analyse pas les élections européennes en termes d’effets sur les politiques publiques. »


D’après un article de Cyprien Caddeo. Source principale (extraits)


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