JO Paris vu de Suisse

Les dossiers encore chauds de Paris 2024

Les Jeux olympiques de Paris ouvriront dans 100 jours, très exactement 100 ans après l’ultime organisation des Jeux d’été en France. A Paris, déjà. Quelques sujets sensibles demeurent.

Tour d’horizon.

LES GRÈVES LE RÊVE D’UNE TRÊVE

Deux syndicats – CGT et FO – ont déposé des préavis de grève durant la durée des Jeux olympiques. Ils touchent de nombreux secteurs – les forces de l’ordre, les douanes, l’hôpital, le traitement des ordures, les transports en commun à Paris, l’hôtellerie-restauration et les sites touristiques – à même d’affecter la bonne tenue des compétitions.

Dans nombre de secteurs, les gendarmes en Île-de-France et le transport aérien, notamment, les syndicats ont obtenu des primes afin d’écarter tout risque de mouvement social.

Lundi, Emmanuel Macron a déclaré « faire confiance aux syndicats et réclamer une trêve olympique en matière sociale ». Tony Estanguet, le président du comité d’organisation (Cojo), priait, lui, pour qu’on « ne gâche pas la fête ».

A titre anecdotique, une cinquantaine d’employés à la Monnaie de Paris, chargés de la fabrication des médailles, étaient en grève depuis le 19 mars afin d’obtenir de meilleures conditions salariales.

LA SÉCURITÉ UNE MENACE CONCRÈTE

Après l’attentat à Moscou, la France a relevé le plan Vigipirate au niveau « urgence attentat ». La sécurité est évidemment la priorité numéro 1 des organisateurs. Ces derniers estimaient des coûts entre 200 et 400 millions d’euros, mais ils pourraient s’avérer bien plus élevés encore. La cérémonie d’ouverture, prévue à l’extérieur d’un stade — une première dans l’histoire des Jeux — , constitue le souci majeur compte tenu de sa visibilité et du nombre de specta­teurs, athlètes, officiels et personnalités diverses attendus. La jauge de spectateurs, prévue initialement à 600 000, a été réduite à 326 000. Ce défi logistique et sécuritaire, sur la Seine, inquiète l’État au point qu’Emmanuel Macron a révélé l’existence de deux alternatives en cas de menace terroriste. La cérémonie pourrait être limitée au Trocadéro ou rapatriée au Stade de France. Ce ne sont pas moins de 30 000 policiers et gendarmes, 15 000 militaires et quelques 20 000 agents de sécurité privés qui seront mobilisés durant la durée des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques.

LA SEINE POURRA-T-ON S’Y BAIGNER ?

« Bien sûr que je me baignerai dans la Seine… » Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est peut-être lancée un peu trop vite à l’eau, en début d’année. Parce qu’à ce jour, rien ne dit que la Seine, connue pour son insalubrité, pourra accueillir les épreuves de triathlon, de nage en eau libre et de para-triathlon. À ce jour, malgré les efforts et les investissements pour dépolluer la Seine via la construction d’un bassin de rétention, de gros doutes entourent toujours cet objectif pour le moins ambitieux par rapport à un fleuve qui a toujours rebuté les Parisiens. Récemment, une étude menée par une ONG a révélé que la Seine était toujours impropre à la baignade.

Plusieurs bactéries affichent des niveaux qui dépassent les normes fixées par la Fédération internationale de natation. La qualité de l’eau se dégrade tout particulièrement après de gros épisodes pluvieux. « En termes sanitaires, les athlètes sont exposés à des pathologies comme la gastro-entérite, la conjonctivite, l’otite ou des problèmes cutanés », relève cette ONG.

Si la Seine devait toujours être aussi repoussante, en juillet, quel serait le plan B ? D’abord, il a été envisagé de transformer le triathlon en… duathlon et de se passer donc de la natation. Le CIO a toutefois refusé cette option. Il préfère décaler les compétitions de quelques jours sans évoquer un quelconque plan C

LES BILLETS IL FAUT Y METTRE LE PRIX

7,9 millions de billets ont déjà été vendus sur les 10 millions prévus. Aujourd’hui, 250 000 billets sont mis en vente, la moitié à moins de 100 euros. Le Cojo précise qu’il reste encore de nombreux sésames à partir de 24 euros. « Notre politique de prix est à peu près identique à celle de Londres, en 2012, ou de Tokyo, en 2021 », assure Tony Estanguet. « Un million de places sont vendues à 24 euros, 50% des billets valent moins que 50 euros ». « Il fallait d’abord s’inscrire à un tirage au sort », raconte un fan d’athlétisme qui s’y était pris très tôt avant de jeter l’éponge. « Une fois cette étape franchie, on devait acheter un pack dans lequel un billet d’athlétisme coûtait quelque 700 euros ». Maxime Rudaz, athlète du CA Vétroz, a eu plus de chance. « Avec mon papa, on a obtenu des billets pour les épreuves d’athlétisme, comprenant des finales, pour quatre journées entre 90 et 195 francs par jour et par personne ».

LE LOGEMENT LES TARIFS EXPLOSENT

Une fois son billet acquis, il reste à trouver un logement. Les tarifs pratiqués ainsi que l’obligation de nombre d’hôtels de réserver entre deux et cinq nuits au minimum ont soulevé de nombreuses critiques. En septembre dernier, l’Office de tourisme de Paris craignait que le prix moyen d’une chambre passe de 169 euros à 699 euros. Une association de consommateurs estimait dans une étude que la hausse serait de 226% entre le début et la fin du mois de juillet. Or, face à la diminution de la demande, le prix moyen d’une nuit dans un hôtel entre 2 et 5 étoiles est passé de 447 euros en octobre 2023 à 340 euros en mars. « Nous avons pu réserver une chambre dans un hôtel assez proche du stade, pour quatre nuits, à 1465 francs, déjeuner compris », se réjouit Maxime Rudaz. « C’est assez cher mais c’est bien placé. Et les JO à Paris, c’est unique ». Les logements privés, eux, valent entre deux et trois fois le tarif habituel, à Paris.

LE COÛT QUELQUE 10 MILLIARDS D’EUROS

Le coût des Jeux olympiques avait été estimé à 7 milliards d’euros lors du dépôt du dossier de candidature. Aujourd’hui, la facture avoisine déjà les… 9 milliards d’euros. À la fin, elle devrait toutefois dépasser les 10 milliards d’euros, dont 2,4 milliards d’argents public. Les recettes escomptées -1,2 milliard de sponsoring, 1,2 milliard du CIO et 1,4 milliard de la billetterie — suffiront-elles à équilibrer le budget ? L’État a avancé une garantie de déficit de 3 milliards d’euros.

A en croire Amélie Oudéa-Castera, ministre des Sports et des Jeux olympiques, « il n’y a aucune raison de penser, à ce jour, qu’il y aura un déficit ».

Même si le coût de cette édition sera très loin des prévisions initiales, Paris 2024 fait plutôt figure de bon élève par rapport aux précédentes éditions grâce à l’utilisation de nombreuses infrastructures déjà existantes.


CHRISTOPHE.SPAHR @LENOUVELLISTE.CH du 17-04-2024


4 réflexions sur “JO Paris vu de Suisse

  1. bernarddominik 02/05/2024 / 18h13

    Dans ce budget tout est il compris? C’est loin d’être sur l’esbroufe financière étant une spécialité de cette cinquième république

  2. raannemari 02/05/2024 / 19h18

    « réclamer une trêve olympique en matière sociale »
    Pas gonflé Macron !

  3. Pat 02/05/2024 / 19h23

    Michel ! Tu mets la Suisse à l’honneur aujourd’hui ! Remarque je comprends leurs extrêmes inquiétudes. S’ils arrivaient en retard à cause des grèves ? Et si les bénéfices des retombées financières n’étaient pas substantiels pour s’en aller alimenter d’on ne sait par quelle voie transalpine…les caisses des banques helvètes ? moi, je dis Bof ! De toutes façons les Suisses préfèrent les médailles en chocolat. Pas vrai Dom ? (Excuse moi, Michel, c’était juste un message personnel à une copine de là-bas)

  4. tatchou92 02/05/2024 / 22h21

    -Je me souviens que Le Président Jacques CHIRAC et Guy DRUT son Ministre des sports, Champion olympique du 110 mètres haies, voulaient les JO à Paris, comme Monsieur Bertrand DELANOE Maire lui ayant succédé et Madame Marie George BUFFET Ministre des Sports, qui avait assisté au triomphe des bleus de JACQUET lors de la Coupe du Monde de foot de 1998 et consolé Marie Jo en Australie en 2000..
    On les a aujourd’hui, avec en prime les Paralympiques…

    -Toutes celles et tous Ceux qui se préparent aujourd’hui pour les Jeux, le rêve de leur vie savent-ils qu’ils doivent la fameuse devise : « Citius, Altius, Fortius ! », « PLUS VITE, PLUS HAUT, PLUS FORT, » à Monsieur Henri DIDON prêtre… et que Jean Claude KILLY triple champion Olympique de ski alpin, avait été « puni » pour avoir osé poser pour un magazine, avec ses 3 médailles olympiques, autour du cou…Il doit sourire..

    -Il semble et cela sera certainement apprécié, que les administrations, peut-être aussi des sociétés envisagent de développer un peu plus, le télétravail, non pas pour faire plaisir aux personnels concernés, mais par rapport aux transports parisiens et à la circulation et pollution automobile, avec une indemnité (électricité) par journée concernée. Une bonne initiative.

    -Il serait peut être temps par ailleurs de discuter sérieusement avec les organisations syndicales de fonctionnaires concernés par des grèves éventuelles… il ne doit pas y avoir 2 poids, 2 mesures… On a besoin de tous.. et de chacun..

    -Je vous rejoins pour ce qui concerne les hébergements : voici un exemple : un de mes voisins propriétaire de 2 appartements meublés vient de négocier avec l’agence immobilière voisine la location de l’un d’entre eux, à la semaine dès juillet avec des temps forts.. nous sommes à 5 minutes d’une station de métro de la ligne 4, un changement à Montparnasse vous amène direct au Stade de France

    -On note dans notre ville « terre des jeux » un réel engouement, des délégations seront hébergées, elles s’entraineront sur les stades.. nuls doute que ces sportifs n’aient un public de jeunes supporters et de leurs parents..

    Je ne voudrais pas résider dans le centre de Paris pendant les jeux…

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