Le petit nucléaire qui rassure…

C’est la tarte à la crème.

Les mini-réacteurs nucléaires. Demain, la France en sera couverte. Il y en aura des centaines. Ça va être super. Des tas de start-up sont sur le coup. Très douées pour la com’, mieux, le bluff Promis, on va aller très vite ! Il y a plein de sous à se faire. Macron a mis 1 milliard d’euros de subventions sur la table. Le fameux plan France 2030. Il veut « accélérer le nucléaire », alors…

Jimmy a déjà reçu 32 millions. Jimmy est une start-up créée voilà quatre ans par deux amis, un ancien de Polytechnique et une diplômée de HEC. Jimmy promet de mettre en service le premier mini-réacteur nucléaire français d’ici à la fin de l’année 2026. Un magnifique réac­teur de 20 m3 qui fournira 20 MWth (mégawatts thermiques). Jimmy dit avoir embauché 70 spécialistes. Et promet de passer à la production en série, avec 300 emplois dans une usine de généra­teurs qui devrait sortir de terre en 2028 au Creusot (« Les Echos », 15/2).

Mais il y a des petits problèmes. Seuls 4 SMR (small modular reactor) — 2 en Chine, 2 en Russie — fonctionnent dans le monde. Une centaine de projets sont en route, aucun n’avançant comme sur des roulettes. EDF, qui s’est mis sur les rangs avec sa filiale Nuward, compte faire tourner son premier prototype d’ici à onze ans (1). On mesure combien c’est loin d’être au point. Or le but affiché est de « décarboner l’industrie » le plus vite possible…

Et justement : pour « décarboner », donc approvisionner les usines en chaleur et en électricité grâce au nucléaire, il faudra installer les mini-réacteurs à proximité. Dans les zones industrielles, ou juste à côté. Là où, tiens comme c’est bizarre, des gens ont leur pavillon, leur jardin… Certes, les Français ont oublié Fukushima, et, d’après les sondages, 46 % font aujourd’hui confiance au nucléaire, « un niveau record jamais atteint » (2).

Mais que se passera-t-il quand les mini­réacteurs débarqueront aux portes des agglomérations ? Les riverains applaudiront-ils des deux mains ? Se réjouiront-ils d’habiter à deux pas d’un truc certes tout nouveau, tout beau, mais hautement radioactif ? et dangereux ? et fort attractif pour les terroristes de passage ? C’est seulement maintenant que les amis du nucléaire y pensent.

Bernard Doroszczuk, le président de l’ASN, le gendarme du nucléaire, a ainsi évoqué le 30 janvier ce « sujet majeur d’acceptabilité ». Il faut, a-t-il dit, le « traiter avec beaucoup d’at­tention ». Car il existe « un risque », celui que ces projets « rencontrent des oppositions ». Depuis fleurissent les articles évoquant le « défi » que constitue cette « acceptabilité ». A quand de belles campagnes de propagande destinées à nous convaincre que vivre à côté d’un mini-réacteur nucléaire c’est aimer la planète, se montrer écoresponsable ?

On attend avec impatience…


Jean-Luc Parquet. Le Canard enchaîné. 27/03/2024


  1. A lire, le rapport de Global Chance « Les SMR. Deux exemples : NuScale et Nuward » (novembre 2023).
  2. « asn.fr ».

Une réflexion sur “Le petit nucléaire qui rassure…

  1. bernarddominik 04/04/2024 / 19h45

    Qui va accepter de se trouver à côté de ces mini centrales qui vu le nombre prévu seront peu surveillées et où un accident signifie de perdre tous ses biens et devoir partir dans un rayon de 40 kms autour de la centrale. De plus il va circuler pleins de camions avec de l’uranium enrichi et plein de déchets hautement radioactifs, une aubaine pour les terroristes et les maîtres chanteurs. C’est une idée débile qui ne marche que dans 2 pays connus pour la liberté de l’information, on ne sait pas ce qui se passe autour de ces mini centrales peut-être que le nombre de cancers à explosé.

Rappel : Vos commentaires doivent être identifiables. Sinon ils vont dans les indésirables. MC