Il était à Sainte Soline…

… La preuve !

Pour la police, les manifestations sont parfois un terrain « d’expérimentation ». Et les personnes qui manifestent, des cobayes sans le savoir.

À Sainte-Soline, des gendarmes équipés d’un fusil de paintball, l’EMF 100, ont tiré des billes contenant un produit de marquage codé (PMC), à base d’ADN de synthèse, invisible à l’œil nu mais révélé par une lampe laser, pour marquer puis interpeller des auteurs d’infraction. 

Clément, 34 ans, journaliste indépendant, venu à Sainte-Soline pour un projet de documentaire sonore sur les mobilisations citoyennes autour de l’eau, a été interpellé le dimanche 26 mars, à la sortie du village de Melle, au lendemain du rassemblement. « Les gendarmes ont fouillé ma voiture,explique-t-il à Mediapart. Dans la rue. Ils m’ont conseillé de fermer les yeux, en m’expliquant qu’ils cherchaient de l’ADN, et ils utilisaient une petite lampe torche de trois, quatre centimètres pour voir si quelque chose apparaissait. Ils ont cru en trouver sur le col de mon sweat… » 

Clément est transféré à la gendarmerie de Melle où l’expérience est renouvelée. « Les gendarmes ne savaient pas s’il fallait trouver un truc bleu ou jaune. Ils m’ont fait entrer dans une pièce sombre, où j’ai dû enlever mon tee-shirt et mon pantalon, pour voir, donc, si l’on trouvait des traces sur ma peau. Et là, ils ont remarqué une petite trace sur ma main droite. J’ai ouvert les yeux. C’était une trace d’un centimètre ou deux qui ressemblait à un trait de couleur jaune-vert. Ils ont conclu que c’était positif. »

Les gendarmes décident d’alerter des experts. Et deux de leurs collègues de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) viennent donc refaire le test, cette fois en effectuant un prélèvement. « Une gendarme a essayé de récupérer cette trace en frottant un coton-tige dessus, poursuit Clément. Elle l’a placé dans un écouvillon pour l’analyser. »

Clément est encore « hyper-détendu » lors de ce contrôle, mais il l’est beaucoup moins lorsqu’un officier de police judiciaire lui annonce son placement en garde à vue. Il a beau montrer sa carte de presse, et son matériel d’enregistrement, rien n’y fait. Il est transféré à Vouillé, près de Niort.

Questionné par Médiapart, le procureur de Niort, Julien Wattebled, Clément n’aurait « à aucun moment » indiqué « avoir été présent pour couvrir la manifestation en qualité de journaliste ». Sa carte de presse et sa collaboration à plusieurs médias nationaux n’ont pas été prises en compte. Le magistrat a précisé que « l’enquête se poursuivait ».


Karl Laske. Médiapart. Source (Extraits)


Une réflexion sur “Il était à Sainte Soline…

  1. bernarddominik 07/04/2023 / 17h30

    Nous ne sommes plus en démocratie. Ce sont des méthodes digne de la gestapo

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